En plus d’engranger 55 000 dollars d’honoraires d’avocats et d’experts, il voit son procès reporté à fin 2023 faute de juge, ayant déjà été reporté deux fois depuis le printemps. « Je veux juste un verdict, quel qu’il soit. J’ai préparé ma sortie, mais je ne veux pas laisser cette souffrance sur ma propriété », s’inquiète Jean-Marie Piché, un résident de Baie-d’Urfé, dont la santé est précaire. Propriétaire d’un immeuble de cinq logements à La Tuque, M. Piché détenait une police d’assurance auprès de la firme ontarienne AM Fredericks Underwriting Management à compter du 13 décembre 2017 pour une période d’un an. Le 18 décembre, un bris de plomberie au troisième étage a causé d’importants dégâts d’eau. Plusieurs spécialités Après avoir mandaté un expert en sinistre qui recommandait fortement la démolition du bâtiment et estimait le coût de sa reconstruction à environ 1 million de dollars, M. Piché a annoncé son intention de ne pas reconstruire et a demandé à son assureur une indemnisation pour perte en cas de dévastation, pour la valeur réelle de son immeuble, qui est de 200 000 $. Sur les conseils de son avocat de l’époque, il y eut d’autres expertises. En particulier, l’analyse microbiologique a montré un risque élevé de réapparition de moisissures, même après la rénovation. La compagnie d’assurance, qui refuse toujours de payer, a déposé une plainte devant la Haute Cour en janvier 2019. Une date de procès a été fixée au mois d’avril 2022, mais l’avocat de l’assureur étant atteint de la COVID-19, une nouvelle date a été fixée au 22 septembre. Manque de ressources Quelques jours plus tôt, la juge coordonnatrice, Marie-Claude Armstrong, avait informé l’avocat de M. Piché que, faute de juges, le dossier devait être reporté. Le retrait d’un autre procès signifiait qu’une nouvelle date plus proche était proposée, mais avec un préavis de 24 heures, il s’est avéré impossible de remobiliser les avocats et les témoins pour l’affaire. Enfin, le procès intenté par M. Piché aura lieu le 23 novembre 2023… si tout va bien. « Le quartier de Montréal est particulièrement congestionné. Nous voyons du personnel en difficulté, mais il n’a pas de ressources. Et j’ai rarement vu un procès reporté dans des circonstances extrêmes”, a réagi l’avocat Gabriel Chaloult Lavoie, ajoutant que la situation est particulière en raison de l’âge de son client. Frustré par les retards et les coûts, et soucieux d’éviter une autre facture d’avocat pour sa demande, M. Piché a écrit au juge Armstrong lui-même le 19 octobre pour tenter d’obtenir une date de procès plus rapide. On lui a dit que les demandes au tribunal ne devaient pas être faites par courrier électronique. Les frais augmentent Des avocats et des experts lui ont facturé des frais de préparation pour les dates de procès reportées. Le premier avocat chargé de l’affaire a pris sa retraite depuis le début de l’affaire, le second est parti travailler pour un cabinet privé, et à chaque changement, la facture grimpe : 40 000 $ pour les avocats, 15 000 $ pour les experts. Et parce que tout traîne en longueur, l’un des experts a aujourd’hui pris sa retraite. « Je pensais avoir un dossier solide, mais si je ne peux pas aller au tribunal, à quoi ça sert ? demande M. Piché. Avez-vous des informations à partager avec nous sur cette histoire ? Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs ? Écrivez-nous ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.