Le silence est inhabituel mais signale la gravité du moment. Dans un même mouvement, tous les députés se présentent, à l’exception des élus du Rassemblement national (RN). Avec ce vote “de séance” du vendredi 4 novembre, l’Assemblée nationale vient d’approuver massivement la décision de son bureau, qui a soutenu l’exclusion temporaire de l’élu RN de la Gironde, Grégoire de Fournas. La sanction est immédiate pour le député d’extrême droite, qui a été contraint de quitter les locaux du Palais-Bourbon avec interdiction d’y comparaître pendant quinze jours de séance. Il est également privé de la moitié de sa rémunération parlementaire pendant deux mois. Cette “censure provisoire” est la sanction la plus lourde prévue par le règlement de l’Assemblée nationale pour un parlementaire accusé de “manifestations troublant l’ordre ou provoquant une scène tumultueuse”. Depuis l’instauration de la Ve République, seul le député affilié au Parti communiste Maxime Gremetz avait reçu une telle sanction, en 2011. Lire aussi : Article pour nos abonnés Propos racistes à l’Assemblée : la stratégie de diabolisation du RN mise à mal
“Le dialogue démocratique libre ne peut pas tout permettre. Certainement pas l’injurieux, l’insulte. Certainement pas du racisme”, a déclaré du haut du perchoir la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, dans un discours de célébration. Sur son compte Twitter, Grégoire de Fournas s’est une nouvelle fois déclaré “totalement innocent des événements” qui lui sont reprochés. “Je ressens cette validation d’une incroyable cruauté avec une grande injustice. Mais par respect pour l’institution, je me soumets à lui”, a-t-il assuré. Le député d’extrême droite est impliqué pour avoir lancé jeudi 3 novembre, lors de la séance de questions au gouvernement, l’expression « Retournons en Afrique ! Selon le procès-verbal de la réunion, lorsque le député “révolutionnaire” du Val-d’Oise, Carlos Martens Bilongo, a évoqué la situation du bateau de l’ONG SOS Méditerranée transportant 234 migrants secourus au large de la Libye. Une sortie raciste a provoqué la colère des députés présents et conduit à l’ajournement de la séance – pour la septième fois depuis 1958.

Une “volonté de ne pas lâcher prise”

Des élus de la Nouvelle Union populaire sociale et écologique (Nupes) ont immédiatement accusé l’élu d’extrême droite de viser l’élu noir Carlos Martens Bilongo. Le RN a rejeté ces accusations de racisme dans leur intégralité, estimant que son adjoint faisait référence au “bateau”. Face à la tourmente, Yaël Braun-Pivet a convoqué en urgence, “vu la gravité des événements”, une réunion du bureau de l’Assemblée nationale vendredi à 14h30. Seule cette instance qui réunit le président, les vice-présidents, les doyens, les secrétaires et à leur demande les présidents des groupes peuvent décider l’exclusion du député qui revendique le camp présidentiel et les Nupes. Il vous reste 62,75% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.