Le terroriste de la Promenade des Anglais a-t-il sciemment fourmillé d’indices derrière lui pour compromettre ses proches et les faire tomber avec lui ? Pour la première fois depuis le début du procès de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice, un enquêteur de la sous-direction de la lutte contre le terrorisme (SDAT) a donné du crédit à cette affaire, mardi 25 octobre. “C’est un cas unique, je n’ai vu personne d’autre arriver comme ça”, a admis l’officier. Dans ce processus, nous n’avons trouvé aucune trace de dissimulation… »
Après cinq semaines consacrées aux témoignages civils, cinq semaines d’immersion dans d’incroyables souffrances, le procès de l’attentat de Nice est sur le fond depuis mardi, avec une semaine entièrement consacrée au terroriste mort, Mohamed Lahouaiej Bouhlel. Depuis les débuts de cette enquête, il y a six ans, une curiosité l’intrigue : jamais un terroriste n’a laissé autant de preuves lui permettant de retracer son réseau présumé.
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Le plus spectaculaire est un SMS envoyé par le tueur depuis son camion, six minutes avant le début du massacre, le 14 juillet 2016, à 22h17. Dans ce message adressé à son dealer de cocaïne, Ramzi Arefa, accusé d’avoir servi d’intermédiaire pour obtenir une arme, il écrit :
« Salam Ramzi, je suis allé à la cabine téléphonique du 16 rue Marceau tout à l’heure, je ne t’ai pas trouvé. Je voulais vous dire que le pistolet que vous m’avez donné hier est très bon, nous en ramenons donc 5 de la maison de votre ami, rue Miollis 7, 5e étage. C’est pour Chokri et ses amis. »
“Essayez de mettre ceux qui l’entourent en difficulté”
Ce simple texte qui mentionnait le nom de deux de ses proches, ainsi que l’adresse et l’étage de son fournisseur d’armes, a permis l’arrestation rapide de huit personnes, dont trois proches du tueur : Mohamed Ghraieb, Chokri Chafroud et Ramzi Arefa, et les trois sont jugés pour coopération criminelle avec le terrorisme. « De nombreux témoins parlent de vengeance, de manipulation… », s’interroge le président du tribunal spécial de Paris, Laurent Raviot.
« Toute une combinaison d’indices pourrait en fait suggérer qu’il a essayé de causer des ennuis à son entourage après coup », répond l’enquêteur, un improbable allié de la défense.
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Au domicile du terroriste, quelques heures après l’attentat, la police a mis la main sur d’autres éléments à charge. Tout d’abord, plusieurs feuilles de papier répertoriant, encore une fois, les noms, adresses et numéros de téléphone correspondant à ses trois amis ainsi que ses fournisseurs d’armes.
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