• Lire aussi : Voici la cellule de crise pour faire face aux débordements en urgence • Lire aussi : Le PK dénonce l’inaction du gouvernement face à la crise Au total, 3 668 patients y sont décédés du 1er avril au 8 octobre, selon les données du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) obtenues par Le Journal. Il s’agit d’une augmentation de 23 % par rapport à la même période en 2018 et 2019 (avant la pandémie), deux années qui ont enregistré moins de 3 000 décès pour des passagers comparables. Entre le 11 septembre et le 8 octobre seulement, 601 Québécois sont morts dans l’urgence. En quatre ans, ce nombre n’a été dépassé que deux fois, avec un pic l’hiver dernier.
Écoutez l’entrevue de Benoit Dutrizac avec Judy Morris, présidente de l’Association des médecins d’urgence du Québec sur QUB Radio :
Pression excessive
“C’est clair qu’il y a une tendance. Il y a un lien évident avec la pression dans les salles d’urgence », admet le Dr Gilbert Boucher, président de l’Association québécoise des spécialistes en médecine d’urgence.
De toute évidence, mourir sur une civière dans une salle d’urgence achalandée n’est pas paisible, admettent les médecins. Douleurs, anxiété, difficultés respiratoires : la prise en charge des mourants au chevet du malade est exigeante.
Photo Agence QMI, Joël Lemay
«Ce n’est pas un endroit idéal pour les soins de fin de vie, c’est certain», a déclaré la Dre Judy Morris, présidente de l’Association des médecins d’urgence du Québec. Quand on est débordé à 200%, c’est toute la qualité des soins qui en souffre.”
Ce dernier souligne toutefois que les équipes mettent tout en œuvre pour trouver un coin tranquille à un patient dont la mort est imminente.
Selon le MSSS, certains de ces décès sont attribués à des personnes en soins palliatifs en attente d’un lit ou à la détérioration rapide de l’état de santé de certains usagers.
A noter que les décès aux urgences restent marginaux (0,2 %) par rapport au nombre total de patients qui y sont traités. En moyenne, les personnes qui y décèdent ont 72 ans.
Cette tendance à la hausse inquiète les experts, d’autant plus que la saison hivernale n’a pas encore commencé. Bien que la crise de surpopulation des urgences soit contestée, il est difficile de cerner les raisons exactes de cette augmentation.
« Est-ce à cause d’erreurs ? Pour la qualité des soins ? Problèmes de suivi ?’ se demande le Dr Bowser, sans réponse claire.
Plus de 24 heures
Une chose est certaine : de plus en plus de patients passent plus de temps aux urgences en raison du manque de lits disponibles aux étages. Au cours du mois dernier, 101 personnes décédées étaient sur une civière pendant plus de 24 heures. Ce nombre est également en augmentation par rapport aux dernières années.
“Le patient hospitalisé qui reste sur une civière est un patient qui avant (la pandémie) n’aurait pas été dans les statistiques car il serait monté dans un lit à l’étage. Nous avons plus de ces patients qui séjournent dans la salle d’urgence », explique le Dr Morris.
“Lorsqu’il y a congestion aux urgences, cela augmente la mortalité”, dit-il.
À noter que tous les décès survenus aux urgences sont examinés par un comité interne.
Patients décédés aux urgences en 2022
1-23 avril : 385 24 avril au 21 mai : 542 22 mai au 18 juin : 493 Du 19 juin au 16 juillet : 547 17 juillet au 13 août : 543 14 août au 10 septembre : 557 11 septembre au 8 octobre : 601
Total : 3668
2021 : 3172* 2020 : 3329* 2019 : 2990 2018 : 2956
NDLR : les chiffres annuels comparent la même période d’avril à début octobre
- Ces données des deux années de la pandémie doivent être interprétées avec prudence, car les vagues de COVID-19 ont entraîné des fluctuations extraordinaires de l’achalandage et des décès. Source : MSSS Avez-vous des informations à partager avec nous sur cette histoire ? Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs ? Écrivez-nous ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.