Publié à 14h08
                        Andréa BAMBINO Agence France-Presse                     

Les 44e et 46e occupants de la Maison Blanche affrontent la 45e des réunions intermédiaires dans cet État crucial du nord-est des États-Unis, avant des élections législatives décisives qui poseront les bases de l’élection présidentielle de 2024. PHOTO GENE J. PUSKAR, PRESSE ASSOCIÉE John Fetterman, candidat au Sénat démocrate de Pennsylvanie Tous les projecteurs sont braqués sur cet ancien bastion industriel de l’acier, où le chirurgien multimillionnaire républicain Mehmet Oz, alias Donald Trump, affronte le géant chauve et ancien maire démocrate John Fetterman pour le siège le plus disputé au Sénat. Car le rapport de force de cette chambre haute, au pouvoir énorme, dépend très probablement de cette position du sénateur. Lors des élections de mi-mandat, mardi 8 novembre, les Américains sont également appelés à renouveler tous les sièges à la Chambre des représentants américaine. Toute une série d’élus locaux, qui décident des politiques de leur État en matière d’avortement et de réglementation environnementale notamment, sont également en jeu.

Biden et Obama ensemble

Joe Biden, qui jusqu’à présent évitait probablement de faire campagne en faveur d’une levée de fonds pour son parti, descendra sur l’arène lors d’un grand rassemblement à Philadelphie, berceau historique de la démocratie américaine. En fin d’après-midi, le futur leader octogénaire retrouvera sur scène Barack Obama (2009-2017), dont il fut vice-président, et son indéniable talent d’orateur. “C’est très important que les démocrates restent” au pouvoir, a déclaré à l’AFP Jennifer Hahn, une psychologue de 57 ans qui s’est alignée sur des centaines de mètres de long sous un magnifique soleil d’automne pour la rencontre entre Biden, Obama et Fetterman. Pour ce sympathisant démocrate, “le changement climatique, la violence armée et la violation des droits individuels” sont les sujets les plus critiques du scrutin. M. Obama, le 44e président pour qui la nostalgie bat son plein, était samedi midi à Pittsburgh, une ville industrielle de Pennsylvanie, où il a demandé “Cousin Pookie” ou “Oncle Joe” – surnom affectueux qu’il donne aux électeurs démobilisés – assis sur leurs canapés pour se lever et aller voter ! pour les démocrates.

Obama, je t’aime ! »

“Je t’aime !”, lance alors quelqu’un dans la foule. PHOTO REBECCA DROKE, AGENCE FRANCE-PRESSE L’ancien président Barack Obama lors d’un rassemblement pour le candidat démocrate au Sénat John Fetterman à Pittsburgh, en Pennsylvanie. « Je t’aime aussi, mais tu dois voter ! », a répondu l’homme politique. Obama a reconnu que “l’ensemble du pays a traversé des moments difficiles ces dernières années”, notamment avec une “pandémie historique”. Mais le père de l’assurance-maladie “Obamacare” s’en est pris aux républicains, qui veulent “démanteler la sécurité sociale, l’assurance-maladie et donner aux riches et aux grandes entreprises davantage de réductions d’impôts”. Le soir, à une soixantaine de kilomètres, un autre ancien président, Donald Trump, se mêlera à la vague de bonnets rouges qu’il affectionne pour un événement dans la petite ville de Latrobe. PHOTO DE CHARLIE NEIBERGALL, PRESSE ASSOCIÉE L’ancien président Donald Trump lors d’un rassemblement à Sioux City, Iowa, vendredi. Après une dure campagne centrée sur l’inflation, les républicains se montrent confiants dans leurs chances de dépouiller le président démocrate de ses majorités le 8 novembre. Si leurs prédictions se confirment, le milliardaire républicain semble décidé à profiter de cet élan pour officialiser au plus vite sa candidature à la présidentielle 2024, peut-être dès la troisième semaine de novembre. Avec un air de revanche sur sa défaite de 2020. “Il faut qu’on retrouve notre pays”, lance Shawn Ecker Gray, 44 ans, vêtu d’un tee-shirt et d’une casquette grise “Make America Great Again” vissée sur la tête. Joe Biden a jusqu’à présent déclaré vouloir se représenter, mais la perspective ne plaît pas à tous les démocrates en raison de son âge – il aura bientôt 80 ans – et de son impopularité.

Avortement et inflation

Le leader démocrate tente de convaincre les Américains que cette élection porte sur “un choix”: sur l’avenir de l’avortement ou du mariage homosexuel – autant de questions sur lesquelles il a promis de légiférer s’il remporte de fortes majorités au Congrès. Le droit fédéral à l’avortement, qui a été invalidé par la Cour suprême fin juin, était certainement un enjeu central dans la lutte en Pennsylvanie. L’organisation de planification familiale Planned Parenthood est également venue en aide à la campagne de Fetterman à plusieurs reprises. Mais la hausse des prix – 8,2 % en moyenne sur un an – reste de loin la principale préoccupation des Américains, et les efforts de Joe Biden pour se présenter comme un “président de la classe moyenne” peinent à porter leurs fruits. “Les démocrates sont inquiets”, a encore nargué vendredi le républicain Oz, qui a axé sa campagne sur l’inflation et la criminalité prétendument “hors de contrôle”.
“La gauche radicale sait que l’élan est en faveur” des républicains, a-t-il déclaré dans un message aux partisans.