“Il n’y a pas eu de profiteurs de l’inflation dans le secteur alimentaire”, a déclaré le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, samedi 6 novembre, dans un entretien au journal Le Parisien. Dans un contexte de flambée des prix alimentaires, le numéro deux du gouvernement avait chargé l’inspecteur général des finances (IGF) de vérifier s’il y avait ou non des biens mal acquis. « Le résultat est clair : il n’y avait pas de spéculateurs sur l’inflation alimentaire. Ni les agriculteurs, ni les distributeurs, ni l’industrie agroalimentaire n’ont été surpayés dans le processus », a-t-il ajouté. Selon le rapport de l’IGF consulté samedi par l’Agence France-Presse (AFP), « globalement, la hausse des prix alimentaires résulte de la conjonction de plusieurs facteurs : guerre en Ukraine, reprise post-Covid, réchauffement climatique, crise sanitaire des animaux et divers facteurs de nature économique (compétitivité de l’économie, manque de main-d’œuvre, etc.). Fin juin, le président du comité stratégique des magasins E.Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, avait déploré que “la moitié des hausses demandées” par les industriels dans le cadre des renégociations sur le prix des aliments destinés à être vendus par les GMS aient été “non transparent” et “suspect”. Lire aussi : En France, l’inflation a atteint 6,2 % sur un an en octobre, un niveau jamais vu depuis 1985
Un rapport de panel publié le 19 juillet a cependant conclu qu’à l’exception de quelques “cas particuliers”, il n’y avait pas de “phénomène généralisé d’augmentations abusives”. Quelques jours plus tard, un rapport des députés Aurélie Trouvé (La France insoumise) et Xavier Albertini (Horizontes) n’avait pas identifié “un comportement abusif systémique de la part de fabricants ou de distributeurs”.

+ 60% pour les huiles, + 20% pour les pâtes

L’IGF a sélectionné un échantillon de douze produits alimentaires courants (escalope de poulet, yaourt nature, baguette…) et a étudié l’évolution dans le temps de la marge brute des différents acteurs de la chaîne de production. L’analyse révèle d’une part « que l’industrie agro-alimentaire a resserré ses marges bénéficiaires » et d’autre part que « les supermarchés n’ont pas contribué à la hausse des prix à la consommation des aliments », contredisant l’hypothèse d’inflation selon laquelle seul le consommateur final souffert. Lire aussi : Article pour nos abonnés « L’inflation a commencé à miner les consommateurs. Et ce n’est pas fini”
Malgré ce partage de l’effort et une inflation plus faible en France que dans les autres pays européens, l’IGF souligne qu’en un an, « certains produits alimentaires ont connu des hausses de prix particulièrement élevées, avec par exemple + 60 % pour les huiles, + 22 % pour la farine, + 20 % pour les pâtes et + 16 % pour la volaille ». Toujours sur la question du pouvoir d’achat, Bruno Le Maire a suggéré dans son entretien au Parisien qu’une “assemblée sur la répartition de la valeur” soit organisée début 2023, dans le cadre du parti Renaissance. Même s’il confirme dans l’interview sa préférence pour le “dividende ouvrier”, le ministre de l’Economie laisse entendre que cette conférence devrait impliquer “des économistes, des chefs d’entreprise, des travailleurs et des groupes d’opposition pour identifier de nouvelles idées en plus du travail engagé avec le social les partenaires”. Lire aussi : Article destiné à nos abonnés En zone euro, la croissance ralentit et l’inflation s’envole
Enfin, Bruno Le Maire a rappelé son intention pour la France de mettre en place “un impôt minimum global sur les sociétés de 15% début 2023” si aucun accord n’est trouvé au niveau européen d’ici décembre. Les Pays-Bas, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne introduiront une taxation nationale similaire “selon le même calendrier”, selon une promesse faite en septembre. Le monde avec l’AFP