Terminer le gala du film alors que le cinéma québécois connaît peut-être ses plus beaux jours, dans le même mois où se tiennent trois festivals de films québécois, est la preuve que Radio-Canada est déconnectée de la communauté et ne se soucie pas vraiment de son rôle culturel qu’il doit jouer.
Alors que le diffuseur public fait la moue au Gala du cinéma québécois, le festival Cinémania, qui s’ouvre demain à Montréal jusqu’au 13 novembre, ajoute une compétition « Films du Québec » à sa programmation. Onze longs métrages seront projetés, dont Chien blanc d’Anaïs Barbeau-Lavalette, qui ouvrira l’événement et concourra dans la section internationale. Suivra la 25e édition des Rencontres internationales du documentaire, qui aura lieu à Montréal du 17 au 27 novembre. 134 films provenant de 49 pays seront présentés, dont une compétition nationale entre sept longs métrages documentaires canadiens. Contrairement à ce que semble penser Radio-Canada, le cinéma joue ici un rôle important. Quarante-neuf pays ont participé à 134 documentaires pour ces rencontres qui font une place de choix aux cinéastes émergents. Cette année, 58 d’entre eux, dont 27 étrangers, présenteront une première ou une deuxième œuvre. Une célébration de 41 ans Alors que Radio-Canada annonçait sans aucune consultation, ni avec le milieu, ni avec Téléfilm et la SODEC, sans qui notre cinéma n’existerait pas, c’était l’effervescence à Rouyn-Noranda. Jacques Matte et ses deux complices, Louis Dallaire et Guy Parent, ont préparé avec une centaine de bénévoles la 41e édition du Festival international du film en Abitibi-Témiscamingue. Au moment où j’écris ces lignes, je suis toujours à Rouyn. Ce n’est que la deuxième fois que j’assiste à ce festival dont la réputation a depuis longtemps dépassé les frontières de l’Abitibi et du Québec. Le festival a présenté des dizaines d’œuvres et de réalisateurs québécois et étrangers. L’édition en cours comprenait la première nord-américaine du film d’animation Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse du réalisateur Michel Ocelot, la comédie Zaï Zaï Zaï Zaï de François Desagnat et plusieurs premières mondiales comme En attente de Raif de Luc Côté et Patricio. Henriquez, le court métrage Avorton de veau de Julie Dallaire et surtout l’adaptation cinématographique de la pièce à succès Tu te souviendras de François Archambault. Rémy Girard donne une prestation magistrale, tout comme la jeune comédienne Karelle Tremblay. Le film très réussi et émouvant d’Éric Tessier risque fort de remporter les grands honneurs et le prix Hydro-Québec. Le festival m’apprend une leçon Le festival de Rouyn-Noranda cultive depuis des années le goût du cinéma chez des milliers d’Abitibiens. Il faut voir le Théâtre de Bronze rempli du matin au soir, tous les jours du festival, pour comprendre que le cinéma dans les salles est loin d’être époustouflant. Mes lecteurs savent que je doute souvent de sa survie, surtout après la pandémie. Ces quelques jours à Rouyn, entourés de spectateurs de tous âges, si heureux d’être dans une salle comble pour découvrir de nouveaux films, m’ont convaincu que le cinéma en salle est loin d’être mort. Il suffirait à la direction de Radio-Canada de passer une journée au festival de Rouyn pour se rendre compte qu’il y a trop de téléspectateurs québécois pour ne pas revenir sur sa déplorable décision de mettre fin à un gala qui célèbre notre cinéma.