Dans un appartement sobrement décoré à la périphérie est de Montréal, je rencontre Claire Samson, heureuse de prendre sa retraite. Le premier membre du Parti conservateur du Québec (PCQ) d’Πρώτοric Duhaime, élu pour la première fois sous le drapeau de la CAQ en 2014, était soulagé de quitter un monde où il se sentait à l’étroit. Il n’y a pas beaucoup de place pour un véritable remue-méninges. Presque tout est écrit d’avance, croit-il. Petite, Claire Samson était fascinée par un couple de sourds qui prenait le bus en même temps qu’elle. J’ai trouvé ça tellement beau que j’ai pris des cours pour devenir interprète. Il propose désormais de se porter volontaire et de se consacrer à cette traduction muette qu’il aime tant. En attendant, pouvez-vous traduire ce qu’il voulait dire : plantes vertes alternées ? Je vais vous raconter une plaisanterie éloquente, dit Sampson. Marguerite Blais, ministre déléguée aux Personnes âgées, dépose un projet de loi pour les aidants. Alors nous faisons partie du même groupe politique. Je siège à ses côtés en commission parlementaire. J’ai préparé, j’ai lu le projet de loi et j’ai passé en revue les autres lois que son projet de loi modifie et j’ai des questions pour mon collègue. Néanmoins, une fille arrive, je ne la connais même pas et elle me tend un bout de papier et me murmure à l’oreille : « Voici les questions que tu devrais poser au ministre en commission parlementaire ». Moi, en tant que législateur, je trouve offensante cette pantomime du jeu politique. Claire Samson évoque également la relation avec les journalistes au Parlement : L’équipe de communication nous donne nos lignes. Il nous dit ce qu’il faut dire aux journalistes et ils nous font répéter comme on fait les comédiens qui répètent pour le texte, ironise-t-il. J’ai été en contact avec la presse pendant une grande partie de ma vie professionnelle, je n’ai pas peur, les journalistes. Sampson fait une pause, me regarde et ajoute avec un sourire : Je dois dire que les journalistes sur la Colline sont un genre spécial. Toutes les parties ont des spin-doctorants [manipulateurs de l’information] qui les accroche dans le couloir pour leur donner les nouvelles du jour ou les nouvelles qu’ils aimeraient voir sortir, dit-il. Claire Samson allume une autre cigarette. Le photographe Ivanoh Demers propose également de faire un portrait d’elle alors qu’elle fume. Ça devait faire au moins 20 ans que je n’avais pas pris en photo un fumeur, lui dit-il. Agrandir l’image (Nouvelle fenêtre). Claire Samson accepte d’être immortalisée alors qu’elle fume une cigarette. Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers Certes, personne n’ose s’immortaliser avec une cigarette au bec, mais Claire Samson, 67 ans, assume – en fait, elle assume tout et le dit avec une sincérité qui surprend, voire étincelle, notre paysage politique. Avec Claire, il n’y a pas de zone grise. Il est noir ou blanc. Ça ne craint pas, résume Natasha Barnes-Crépeau, qui a été sa suiveuse politique pendant plus de trois ans, quand Samson était encore membre de la CAQ. Un personnage haut en couleur, donc, qui a fait couler beaucoup d’encre. Au printemps 2021, la femme de 67 ans sait déjà que son séjour en politique touche à sa fin. Il vient de subir une troisième opération cérébrale pour prévenir un cancer de l’hypophyse. J’avais déjà décidé de quitter la politique. Je veux vivre juste avant de feuilleter la barre. La chirurgie cérébrale n’est pas, disons, comme se faire insérer un ongle. Adrien Pouliot, l’ancien propriétaire du réseau de télévision TQS (maintenant Noovo) avec qui il travaillait lorsqu’il était le grand patron de la station au milieu des années 1990, l’a contactée. L’homme a dirigé le Parti conservateur du Québec de 2013 à 2021 avant de céder sa place à Éric Duhaime l’an dernier. Comme tout le monde, Claire Samson connaît de nom cette vedette de la radio québécoise, qui aimerait bien rencontrer Samson, explique Pouliot à Samson. Eric était très transparent, il voulait recruter un député qui lui donnerait accès à l’Assemblée nationale. Claire Samson parle de trois plutôt belles rencontres, dont une où le chien d’Éric Duhaime est présent. Mia est un pitbull très sympathique et mon chat Coucoune l’aime beaucoup, note le député qui aime les animaux. Claire Samson possède également deux chevaux et enseigne l’équitation aux enfants malentendants tous les samedis. Mais ce n’est pas seulement leur amour commun pour les animaux qui a persuadé Samson de changer d’écurie… La suite de l’histoire est connue. À la mi-juin 2021, Claire Samson est expulsée du groupe parlementaire CAQ pour avoir fait un don au Parti conservateur d’Éric Duhaime. Le lendemain, il rejoint officiellement le parti, permettant à Duhaime d’accéder à l’Assemblée nationale. De cette astuce, Claire Samson caricature souvent les humoristes, notamment l’acteur Marc Labrèche qui l’imite elle et son patron dans d’incroyables sessions Facebook live où Samson non seulement fume, mais boit un verre de vin. Celui qui a fait carrière dans le monde de la télévision le prend très bien. « Si vous ne méritez pas de rire, vous ne méritez rien. » – Un extrait de Claire Samson La seule chose qui la dérange : Marc Labrèche laisse entendre dans son imitation qu’elle est ivre lorsqu’elle participe à ces discussions. Je bois un peu le soir à la maison, mais je ne suis jamais bourré, dit-il. Son départ de la CAQ et son appui à Éric Duhaime en ont surpris plus d’un dans les rangs du parti de François Legault. “Je n’aurais jamais pensé que ça irait aussi loin”, a déclaré Natasha Barnes-Crépeau. Ce n’est un secret pour personne que Claire Samson était très déçue de ne pas avoir été nommée, en 2016, ministre de la Culture dans le cabinet Legault, alors qu’elle agissait comme porte-parole en la matière lorsque la CAQ était dans l’opposition. . Il n’hésite pas à exprimer une opinion ferme sur le dossier de la CAQ dans ce domaine. La position que CAQ a donnée à la culture n’est pas vraiment forte, conclut Samson. Mais, en plus de sa frustration, Samson explique son départ de la CAQ par un profond souci de l’exercice du pouvoir. Pendant la pandémie, nous avons assisté à l’affaiblissement de l’opposition, ce qui est malsain pour la démocratie. Je me suis dit : « La CAQ ne peut pas être couronnée sans conteste aux prochaines élections. Il faut donner aux Québécois des options, des contrôles et des équilibres. Au lendemain de son départ choc de la fête, François Lego avait déclaré, dans un sourire, qu’il souhaitait bonne chance à Eric Dohaime, sous-entendant que Sampson n’était pas facile à vivre. J’ai toujours eu une tête de cochon. Je n’ai pas fait la carrière que j’ai faite en tant que yes-man. Sampson rit. Agrandir l’image (Nouvelle fenêtre). Claire Samson en 1988, alors qu’elle était responsable des relations de presse à la Société Radio-Canada. Photo : Radio-Canada / Archives

Le syndrome de Claire Samson, d’une femme de carrière à une députée d’arrière-ban frustrée

En 1976, l’anglophone Claire Samson quitte Montréal pour s’installer à New York. Là, il a étudié le droit et a commencé un cours de troisième cycle en administration des affaires (MBA) à la célèbre NYU Stern School of Business. Cependant, Samson est issu d’une famille modeste. Ma mère était dans sa troisième année parce que ma grand-mère, qui vivait dans la misère au centre de Montréal avec ses neuf enfants, a dû l’envoyer travailler dans une fabrique de saucisses du quartier chinois, explique-t-elle. Le père de Claire Samson était un Beauceron qui réparait des téléviseurs et des radios au RCA Victor et encourageait grandement ses enfants à apprendre. De retour au Québec au début des années 1980 avec son diplôme en poche, elle travaille pour la radio CKAC, désaffectée, où elle aspire à décrocher un poste de vendeuse. Un de mes patrons m’a dit : « Non. Il n’y a pas de vendeuses. J’ai démissionné sur-le-champ. “Ce n’était pas vrai qu’un homme allait me dire ce qu’une femme pouvait ou ne pouvait pas faire”, se souvient Samson en allumant une nouvelle cigarette. Quelques jours après avoir quitté CKAC, Samson est embauchée par Radio Canada, où elle gravit les échelons pour devenir directrice des communications pour les services de télévision francophones. En 1989, les journaux annoncent son départ pour ce qui s’appelle alors Télé-Métropole. La famille Chagnon voulait changer l’image de la chaîne, dont ils se moquaient en la qualifiant de télémétro-pauvre, se souvient Samson, qui devient vice-président aux communications. Michel Chamberland, alors vice-président à la programmation de TVA, se souvient d’une femme dynamique et déterminée. Nous sommes allés la chercher à Radio Canada parce qu’elle était travailleuse, positive, capable, raconte Chamberland, 30 ans plus tard. Agrandir l’image (Nouvelle fenêtre). Portrait de Claire Samson dans “…