Il a fallu trente ans aux enquêteurs pour identifier le violeur de Sambre. Arrêté en 2018, Dino Scala comparaît avant ce vendredi et jusqu’au 1er juillet devant la cour d’assises de Douai, dans le Nord, accusé d’avoir écrit 56 viols, tentatives de viols et agressions sexuelles dans la vallée de la Sambre. “Il y a eu une succession de quatre chefs d’équipe d’enquête, ils se sont tous cassés les dents”, a expliqué Romuald Muller, chef de la police judiciaire de Lille (PJ). Le Figaro Ce vendredi. Alors que les premiers événements remontent à 1988, il faudra dix ans pour saisir l’enquête de la PJ lilloise. Auparavant, après que les plaintes avaient été déposées dans plusieurs commissariats, les enquêtes n’étaient pas concentrées, ce qui rendait impossible l’identification d’un seul auteur.
Difficultés à identifier l’auteur
A cela s’ajoute le fait que certaines victimes ne semblent pas en mesure de fournir des informations sur l’apparence de leur agresseur. Et pour cause : Dino Scala les a attaqués par derrière, cachant parfois leurs yeux avec un foulard. “Certains n’avaient aucun rapport, ni sur la taille, ni sur le physique, soit parce que l’agression s’était déroulée trop rapidement, soit parce que la victime était en état de choc et n’était pas en mesure de se décrire”, a expliqué Romuald. Muller avec nos collègues. Par ailleurs, si des échantillons d’ADN sont prélevés sur de nombreuses scènes du crime du “violeur de Sambre”, ils ne correspondent d’abord à aucune personne déjà inscrite au dossier des enquêteurs, Dino Scala n’a pas de casier judiciaire. “C’est l’un des éléments qui a ralenti son interpellation”, confirme le patron de la PJ lilloise.
Trouvé grâce à des images de vidéosurveillance
Dans ses colonnes Figaro, ce dernier revient exactement ce mois-ci en février 2018, lorsque Dino Scala a été repéré. Le 5 février, des enquêteurs belges rapportaient qu’une jeune femme avait été agressée à Erquelinnes, en Belgique, selon l’opération du “violeur de Sambre”. Grâce à des images de vidéosurveillance montrant un homme garant son véhicule à proximité du lieu de l’attentat et au moment de l’incident, l’enquête avance à grands pas. “Une vingtaine de fonctionnaires ont traversé le secteur d’Erquelinnes comme un escargot […]. “Ce travail minutieux nous a permis de retrouver le véhicule, d’identifier le lieu de travail de l’usager puis de l’interpeller lors de son départ de chez lui le 26 février”, poursuit Romuald Muller.
Des défauts dans la recherche ?
Alors que plusieurs avocats se plaignent de ce retard de 30 ans, qui a donné l’impression que certaines victimes ont été délaissées, le patron de la PJ de Lille défend ce vendredi le travail des enquêteurs. “Pour parler d’échec, encore faudrait-il pouvoir trouver une faille, une vérification qu’on ne ferait pas, une personne qui n’aurait pas auditionné”, a-t-il dit. Pendant sa garde à vue, Dino Scala a reconnu avoir commis une quarantaine de viols et d’agressions sexuelles. Sinon, il nie en être l’auteur ou s’en souvenir. Un élément sur lequel jouera sa défense lors de son procès.