À l’appui de ses affirmations, M. Migicovsky a cité un journal ELP montrant que les organisateurs du cortège étaient bouleversés par la nouvelle et que Mme Lich pleurait. Toutes les personnes présentes à la réunion ont compris le message, indique le document. Interrogée sur la rencontre, Mme Lich a déclaré que même si elle se souvenait d’avoir fondu en larmes, elle ne se souvenait pas que la police lui avait dit que les manifestants devaient quitter les lieux. C’était plutôt une suggestion, a-t-il dit, qui a conduit M. Migikowski à dire que le témoin avait une mémoire sélective – une déclaration immédiatement contestée par l’avocat des organisateurs du défilé, M. Brendan Miller. Agrandir l’image (Nouvelle fenêtre). Tamara Lich fait face à de multiples accusations criminelles en lien avec les événements de l’hiver dernier. Photo : La Presse canadienne/Sean Kilpatrick Le procureur Paul Champ, de la Coalition des résidents et des entreprises d’Ottawa, s’est livré à un exercice similaire vendredi, demandant à Mme Lich d’expliquer comment elle a pu ignorer les nombreux signes indiquant que le rassemblement avait détraqué. Les coups de klaxon, l’état d’urgence local, l’état d’urgence provincial, les fonds promis par GoFundMe sous prétexte qu’ils pourraient être utilisés pour financer des activités illégales… N’y avait-il aucun signal indiquant qu’il était peut-être temps de partir ? , m’a demandé Champ. Nous avions aussi un message à faire passer, a répondu l’intervenant clé. Mme Lich n’est pas la seule organisatrice de la marche à affirmer que les dirigeants du mouvement n’ont jamais été informés par les autorités que le rassemblement était devenu illégal au regard de la loi. D’autres témoins ont dit la même chose ces derniers jours. La semaine dernière, l’ancien chef du SPO, Peter Slowley, a également admis que les manifestants n’avaient pas été informés directement, mais auraient dû savoir grâce à la couverture médiatique que leur action était contraire aux lois et règlements en vigueur. Le gouvernement Trudeau a invoqué la Loi d’urgence le 14 février 2022 pour mettre fin à un rassemblement de camionneurs et d’autres manifestants opposés aux mesures sanitaires liées à la COVID-19 qui ont paralysé le centre-ville d’Ottawa du samedi 29 janvier au dimanche 20 février. Cette loi – votée en 1988 pour succéder à la Loi sur les mesures de guerre – prévoit notamment qu’une enquête publique doit principalement examiner les circonstances qui ont conduit les autorités à prendre une telle décision. Arrêtés par la police après avoir occupé le centre-ville d’Ottawa, Chris Deering et Maggie Hope Braun ont également déclaré vendredi à la Commission qu’ils n’avaient pas été informés au moment de leur arrestation que la manifestation à laquelle ils participaient était illégale et qu’ils n’avaient pas le droit d’y participer. Les deux témoins ont affirmé avoir été maltraités par la police, tout en admettant n’avoir pas porté plainte auprès des autorités déontologiques compétentes. Ces témoignages seront suivis vendredi du vétéran Jeremy MacKenzie, qui comparaîtra en direct d’une prison de la Saskatchewan, et de l’ancien policier Daniel Bulford, qui ont tous deux aidé à organiser le rassemblement qui a paralysé le centre-ville d’Ottawa l’hiver dernier. Agrandir l’image (Nouvelle fenêtre). L’ancien constable Daniel Bulford, qui faisait partie de la sécurité du premier ministre et qui a démissionné après avoir refusé de se faire vacciner, témoignera également vendredi. Photo : La Presse canadienne/Sean Kilpatrick Depuis mardi, une dizaine de meneurs du cortège dit de la liberté ont défilé devant le juge Paul Rouleau, décrivant notamment les crises internes survenues au plus fort des événements, un peu à l’image de celles qui divisaient les différents organes de la police sur les méthodes de être embauché pour mettre fin à la possession. L’avocat principal des organisateurs du rassemblement, Keith Wilson, a également révélé mercredi que ses clients avaient bénéficié de fuites policières, ce qui a conduit le SPO à lancer une enquête cette semaine. Un ancien agent de sécurité de Justin Trudeau a également divulgué aux manifestants des informations sur l’horaire du premier ministre, a-t-on appris vendredi matin. Et son profil serait similaire à celui de Daniel Bulford, selon CBC, le réseau anglais de Radio-Canada. À ce jour, la Commission a entendu 31 des 70 témoins cités à comparaître, dont l’ancien maire d’Ottawa, Jim Watson. Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a également reçu une assignation à comparaître, ce qu’il conteste. Ses avocats et ceux de la Commission ont présenté mardi leurs arguments devant le tribunal fédéral. Un juge a pris l’affaire en délibéré.