Posté à 6h47
                Henri Ouellette-Vézina La Presse             

“Nous n’en sommes plus au stade de la réflexion sur la faisabilité de faire les choses. Nous devons déménager maintenant. Il y a urgence à agir », déclare le chef du groupe de transport métropolitain de la CMM, Michel Auclair, en entrevue avec La Presse. Il faisait donc référence aux augmentations de congestion attendues dans le Grand Montréal, en lien avec la fermeture majeure prévue dans le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. Son équipe rappelle que 43 % des gaz à effet de serre (GES) émis au Québec proviennent du transport, principalement le transport de passagers. Il est absolument nécessaire de promouvoir les transports en commun, mais pour cela, nous avons besoin de services et de financements adéquats, donc de nouveaux financements. La taxe kilométrique est l’un des outils pour y parvenir. Michel Auclair, responsable du groupe transport métropolitain de la CMM « Avec l’augmentation de l’électrification du parc automobile, les municipalités doivent se préparer à une baisse des revenus de la taxe sur l’essence au cours des prochaines années », a fait valoir la mairesse Valérie Plante, également présidente de la Communauté métropolitaine. Depuis 2017, les recettes de la taxe sur l’essence diminuent d’environ 0,6 % par an.

Appel d’offres dans les deux semaines

A partir du 4 novembre, la CMM lancera un appel d’offres pour trouver un “consultant” chargé de réaliser une étude de faisabilité pour la mise en place d’un système de taxe kilométrique. L’étude débutera alors en janvier, pour s’achever en août 2023, avec une proposition de modèle technologique, une structure de gestion, mais aussi un calcul des impacts économiques. « Ce que nous voulons, c’est avoir un système que nous pourrions mettre en place en deux semaines, même si nous savons très bien que nous ne pourrons pas le mettre en place demain matin. La balle sera surtout dans le camp du gouvernement pour l’avenir. Cette étude favorisera, espérons-le, l’émergence d’un consensus”, précise encore le directeur. À la mi-octobre, le Journal de Montréal révélait que le ministère des Transports du Québec (MTQ) étudiait également divers scénarios de nouvelles taxes qui cibleraient les automobilistes. L’idée d’une taxe kilométrique a également été évoquée au gouvernement, mais en est encore à un stade très préliminaire. Le ministre des Transports sortant, François Bonnardel, a promis que ces taxes ne verraient pas le jour pendant son mandat. Au cabinet de M. Bonnardel, nous restons très prudents quant à savoir si une taxe kilométrique pourrait être dans les plans. “Le ministre a été clair la semaine dernière : il n’est pas question d’augmenter le fardeau fiscal des Québécois”, répond simplement son attachée de presse, Claudia Loupret.

Laissez-vous inspirer par Bruxelles

Le mandat qui sera mandaté par CMM s’inspire notamment de SmartMove, une application intelligente qui calcule le temps et la durée du trajet de chaque conducteur à Bruxelles, en Belgique, puis le note. L’organisation, fondée ces derniers mois, espère “résoudre les problèmes de congestion du trafic à Bruxelles” et favoriser l’utilisation des transports publics. Concrètement, l’utilisateur lance l’application en démarrant un trajet en voiture. On lui propose immédiatement d’utiliser d’autres moyens de transport, mais s’il souhaite toujours conduire un véhicule, alors le compteur démarre. Un système de caméra permet aux autorités d’effectuer des vérifications aléatoires des plaques d’immatriculation pour voir si un utilisateur a activé l’application. Les amendes peuvent s’appliquer différemment. Vous pouvez apprendre beaucoup de Bruxelles. Il y a dix ans, quand on a commencé à parler de taxe kilométrique, la technologie n’était pas à jour. Le coût de la technologie était élevé. Il n’est plus valide. Richard Bérubé, consultant en développement social CMM Ce dernier soutient que “la grande question aujourd’hui n’est pas tant la technologie que l’acceptation sociale”. « Mais pour discuter de l’acceptation, il faut analyser le problème de comportement. Les gens ne savent pas vraiment combien cela coûte à la société de se déplacer en voiture, par opposition aux transports en commun », soutient M. Bérubé. “Si on avait la même visibilité pour le réseau routier que les transports en commun en coût, bref si on savait combien les automobilistes sont subventionnés pour effectuer leur trajet, peut-être que la raison changerait”, interpelle également Michel Clair en ce sens. A ce jour, la CMM refuse de dire combien coûtera la future taxe kilométrique à chaque conducteur, mais Michel Auclair assure que le but n’est pas “d’étrangler les automobilistes”, seulement de les inciter à changer leurs habitudes. Cependant, deux scénarios géographiques sont retenus : le premier inclurait tout son territoire, à l’exception de Saint-Jérôme, et le second appliquerait également la taxe aux municipalités « périmétropolitaines », situées à proximité du Grand Montréal.