Malgré sa brièveté, le trajet ne sera pas typique. Vendredi 4 novembre, Olaf Scholz ne restera à Pékin que onze heures, mais avant même, cette première visite en Chine de la chancelière allemande s’annonce plus dangereuse que toutes – douze au total – qu’Angela Merkel a effectuées . dans ce pays durant ses seize années au pouvoir (2005-2021). Sur le Rhin, les critiques sont nombreuses contre ce voyage rapide et volontiers jugé intempestif. Selon le chef de file de la droite allemande, Friedrich Merz (Union chrétienne-démocrate), Olaf Scholz “n’aurait pas pu choisir un pire moment” pour se rendre à Pékin, moins de deux semaines après le 20e Congrès du Parti communiste chinois, “au cours duquel des menaces ont été violemment proférées contre Taïwan et où le prédécesseur du président Xi Jinping, Hu Jintao, a été traîné hors de la salle devant le monde entier. » Au sein même du gouvernement allemand, la date de cette visite officielle, la première d’un dirigeant européen en Chine depuis le début de la pandémie de Covid-19, suscite de vives inquiétudes. “C’est la chancelière qui a décidé de faire ce déplacement à ce moment-là”, a commenté mardi 1er novembre depuis Tachkent la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock (Verts). Douze jours après la reconduction de M. Xi pour un troisième mandat à la tête du Parti communiste, le voyage de retour de M. Scholtz à Pékin intervient également une semaine après que la chancelière a donné son feu vert au rachat de la participation du groupe d’État chinois Cosco en un terminal à conteneurs au port de Hambourg. Même s’il a été enregistré que Cosco ne pouvait acquérir que 25% des actions, et non les 35% qu’il souhaitait, cette décision a provoqué une forte résistance au sein du gouvernement allemand, au moins six ministres s’étaient prononcés contre une entreprise qui pourrait ouvrir la voie dans la reprise d’infrastructures stratégiques par un groupe étranger. Lire aussi : L’article est destiné à nos abonnés Derrière les différences entre Paris et Berlin, l’isolement de l’Allemagne de Scholz
Le fait que M. Soltz ait dirigé Hambourg de 2011 à 2018 n’a pas arrangé les choses. “Un maire de Hambourg peut faire de la politique étrangère comme un marchand. Mais se comporter ainsi quand on est chancelier allemand revient à violer les intérêts de l’Allemagne et de l’Europe”, écrit Thorsten Benner, directeur du groupe de réflexion berlinois Global Public Policy Institute, dans un article publié lundi 31 octobre dans le magazine américain Foreign Policy. . .

“Pas de stratégie claire”

A une semaine de la visite de M. Scholz à Pékin, le feu vert donné à Cosco est perçu comme un signal très inquiétant par ceux qui estiment que l’Allemagne doit être beaucoup plus ferme sur la Chine qu’elle ne l’était sous Mme Merkel. « Soltz court après une Chine qui n’existe plus. Alors que la Chine a profondément changé, Scholz fait “Merkel comme d’habitude”, déplore l’eurodéputé allemand Reinhard Bütikofer (Verts), président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec la Chine. De la part de cet ancien président des Verts allemands (2002-2008), parti-membre de la coalition du social-démocrate Olaf Scholz, la charge est lourde. « Le contrat de coalition que nous avons signé fin 2021 indique clairement que l’Allemagne doit être beaucoup plus exigeante que la Chine. Il faut croire que la Chancelière ne se sent pas liée par cet engagement”, regrette M. Bütikofer. Il vous reste 55,83% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.