Posté à 8h00
Jean Siag La Presse
Non, Guy Nantel ne s’attendait pas à terminer sa course à la direction du Parti québécois (PQ) avec un score de seulement 20 %. Mais cette expérience politique – qu’il ne regrette pas – il en a fait la matière première de son 6e one man show. Une occasion en or de régler des comptes avec presque tous ceux qui ne l’ont pas soutenu ou voté pendant sa campagne. À commencer par les journalistes (il se moque de son ancienne collègue Nathalie Petrowski dans l’émission Pénélope), mais aussi des membres du PQ et des « instances » du parti. « Je suis sûr qu’il y a plus de gens qui travaillent pour le PQ que de personnes qui ont voté pour le PQ », dit-il. En fait, il s’en prend à tous ceux qui ont haussé les sourcils en le voyant faire le saut en politique : « Allez, ça fait 30 ans que je m’entraîne à dire des bêtises ! « Et il leur donne leur changement de chambre. Le segment sur sa participation à un débat à Louisville est particulièrement réussi, Guy Nadel se vante de dire toujours la vérité. Il ne leur a rien promis, contrairement à ses adversaires, mais a plutôt fait une blague. C’est pour ça qu’on ne l’a pas élu, pense-t-il… L’humoriste égratignera aussi parfois André Boisclair (condamné à deux ans de prison pour agression sexuelle). S’il avait été élu, il aurait placé sa « bande » (d’artistes) à des postes clés. “J’aurais nommé Philippe Bond sur les affaires féminines, Mike Ward sur la jeunesse et les personnes handicapées, Anne Casabonne sur le COVID…” Pendant près de deux heures de cette émission, Guy Nantel s’en prendra aussi aux personnes âgées, aux complotistes, aux écologistes, aux végétaliens, aux baby-boomers… et à qui d’autre? Ah oui, dans les veillées (de Montcalm à Trudeau, Nantel en a plein la tête…). Il est vrai qu’il nous avait prévenus dès le début de son émission : « Je serai inclusif, égal et juste, je mépriserai tout le monde. »
Maladie et rire
Mais l’humoriste-guerrier est malin, il a besoin d’être reconnu, et ce n’est pas toujours facile de savoir s’il pense vraiment ce qu’il dit ou s’il cherche juste à créer un malaise. Ce qui arrive souvent, notamment dans la rubrique environnement quand il détaille son plan pour éliminer les inutiles (vu le problème de la surpopulation)… PHOTO ALEXIS AUBIN, COLLABORATION SPÉCIALE Guy Nadel Lorsqu’il dit que “l’énergie durable s’appelle l’avortement”, qu’il fait référence à la “petite fille autiste avec des couettes” qui a mené la marche écologiste à Montréal (Greta Thunberg), ou qu’il détaille même le processus polluant de recyclage d’un pot de beurre de cacahuète, on suppose qu’il est ironique la plupart du temps (peut-être pas à propos du pot de beurre de cacahuète), mais les rires dans la salle sont déroutants, et c’est sans doute l’effet recherché. Une brève histoire politique du Québec, d’hier à aujourd’hui, se termine. Si nous l’avions choisi… Mais l’humoriste n’a peut-être pas dit son dernier mot. Il se promène en parlant de ce qu’il ferait pour nous, bonnes gens. Hey, un retour à la politique ? Nous sommes loin d’être en contradiction. On dirait que vous dites… Continuez. Si j’ai bien compris, tu veux dire… En tournée partout au Québec (et en Floride) 7/10