Procès des attentats du 13 novembre : suivez en direct l’actualité après les mandats d’arrêt contre les vingt accusés Sans surprise, une peine plus lourde est requise contre Salah Abdeslam, le principal accusé, “au vu de l’énorme gravité des faits qui lui sont reprochés”. Le seul membre survivant de l’escadron du 13 novembre est le seul qui comparaît pour “meurtres, enlèvements et tentatives de meurtre en bande organisée en relation avec une opération terroriste” et non pour complicité. La peine était la même, mais les procureurs généraux ont insisté pour le séparer de son coaccusé en lui imposant une peine à perpétuité irrévocable. Cette sanction, rare, rend très difficile l’obtention d’un aménagement de peine et donc d’une sortie de prison. Pendant trois jours, les trois représentants du Pnat se sont succédé devant le bureau transparent. Ils ont tenté, avec une grande minutie, de “reconstituer” pièce par pièce “le puzzle” des pires attentats terroristes qui se sont déroulés sur le sol français. Mercredi, le procureur général Camille Hennetier, le premier, a appelé le tribunal correctionnel spécial de Paris à “examiner l’ensemble des preuves et à les mettre en perspective”. Elle tourne d’abord son regard du côté des parties civiles. “Que retiendrons-nous de cette audience ? Quelles images ? Quels mots resteront-ils ? Votre verdict, bien sûr.” Camille Hennetier, Directrice Juridique lors de l’acte d’accusation Aux yeux du juge, ce qui restera aussi avant tout de ce procès historique, ce sont « les noms des disparus qui ont été racontés en septembre dernier », « les récits des victimes », « l’horreur des événements bruts et des scènes de crimes », « la présence de sang et de poudre à canon », « la cruauté des terroristes qui se terminent par des coups » et « l’enfer de la danse du Bataklan ». Pourtant, comme le souligne Camille Hennetier, ce procès n’a pas permis « de comprendre la barbarie, seulement parfois de s’en approcher un peu ». “Ce n’est pas toujours la vérité qui ressort d’un procès, mais une vérité : la vérité judiciaire”, prévient-il. Et d’admettre : “Il y a encore des zones d’ombre. Pour les accusés eux-mêmes. Et pour les faits.” Pour le procureur général “toutes ces questions qui nous tourmentent ont une réponse et cette réponse est dans la boîte”. Il insiste sur le fait que “la plupart des accusés savent mais ne répondront pas. Ils savent presque tout. Mais ils se taisent. Et ils se tairont jusqu’à la mort”. Car les dialogues de plusieurs mois, depuis septembre dernier, arrivent à leur terme sans que tout l’intérieur et l’extérieur des attentats ne soient dévoilés. Le parquet a dû s’en occuper. “L’enveloppe garde ses mystères, mais nous allons vous proposer une clé de lecture”, a déclaré Camille Hennetier au début de ce réquisitoire du fleuve. “Notre besoin de comprendre est à la mesure de ce que nous avons subi”, a déclaré Nicolas Bracone, le numéro deux conseillant le Pnat. Lui et les deux autres représentants du parquet veulent articuler leur manifestation dans l’ordre chronologique, afin qu’ils n’oublient rien : “Enfin, les séquelles du 13 novembre et la reconstitution d’un noyau à Bruxelles.” Pour ce faire, Nicolas Braconnay commence par repenser la structure du noyau djihadiste au début des attentats. “Le visage d’Oussama Atar est le seul qui fasse le lien entre les différents groupes de 33 membres de la cellule terroriste”, a déclaré le procureur général. Considéré comme mort dans la zone Irak-Syrie, il fait partie des cinq responsables de l’Etat islamique jugés par contumace. Les poursuites ont commencé contre eux avec l’annonce des peines requises vendredi après-midi. Il a demandé la réclusion à perpétuité, y compris la période de sécurité sans compromis pour Oussama Atar. Ahmed Dahmani, le sixième absent à être jugé par contumace par un tribunal d’exception à Paris parce qu’il était incarcéré en Turquie, a été condamné par le parquet antiterroriste à 30 ans de prison, assorti d’une habilitation de sécurité des deux tiers. L’enjeu pour les procureurs généraux était de capturer la cellule terroriste dans son « ensemble », mais d’exiger dans le respect du principe d’individualisation des peines. Ainsi, Camille Hennetier décrit, jeudi, des “djihadistes aguerris”, de “jeunes recrues” devenues “des machines de guerre, des machines à tuer” : “Tout le monde avait le même potentiel de mort, la même éducation”. Les membres des commandos sont “interchangeables”, poursuit son collègue Nicolas Bracone. Pour autant, assure-t-il, le Pnat ne fait “aucune confusion entre les niveaux de responsabilité de chacun”. Le parquet “rejette l’expression, souvent entendue, des “seconds couteaux”. “Il n’y aurait pas d’attaques” sans soutien logistique, a-t-il dit, citant “le transport”, “la nourriture” ou “la recherche d’armes”. « Au fond, le résultat est le même : ils ont nourri la bête », insiste-t-il. Tous ne sont pas des djihadistes convaincus, tous n’agissent pas avec l’intention d’attaquer par procuration. Mais ils ont tous accepté de soutenir un complot terroriste. Nicolas Braconnay, directeur juridique lors de l’acte d’accusation C’est pourquoi les représentants du Pnat réclament une peine de six ans de prison contre Farid Kharkhach, accusé d’avoir fourni de faux documents dans sa cellule du 13 novembre, “convaincu d’avoir agi par lâcheté et cupidité”. Le procureur est plus dur avec Ali El Haddad Asufi, “qui gère les déplacements”, et requiert une peine de 16 ans de prison assortie d’une période de sécurité des deux tiers. Mais il s’oppose encore plus à Mohamed Bakkali, qui est décrit comme un “chien de garde du terrorisme”, un “élément central qui concentre toute l’attention de la cellule”. Le parquet requiert à son encontre une peine de prison à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 22 ans et d’une interdiction définitive d’entrée sur le territoire français. Quant aux « petites mains » Abdellah Chouaa, Hamza Attou et Ali Oulkadi, accusés d’avoir aidé Salah Abdeslam à s’évader, le parquet national antiterroriste a requis une peine de cinq à six ans de prison. Le procureur général souligne la spécificité de ces accusés, qui comparaissent libres, et « leur comportement exemplaire » lors du procès. Cependant, certaines des peines requises à l’encontre de ces trois hommes accusés d’”apaisement” et qu’ils ont accepté “d’entente avec le diable” – en l’occurrence Salah Abdeslam – sont assorties d’un mandat d’arrêt. Camille Hennetier est tout aussi tranchante lorsqu’elle annonce qu’elle requiert la réclusion à perpétuité assortie de trente ans de sécurité contre le Suédois Oussama Krayem et le Tunisien Sofien Ayari. Car, à ses yeux, ils sont « bel et bien » « complices » des attentats de Paris et de Saint-Denis. Tout comme le parquet est “convaincu” qu’ils devaient “mener un attentat dans l’après-midi du 13 novembre” à l’aéroport d’Amsterdam Schiphol. Camille Hennetier les décrit comme “silencieux” au procès. “Leur silence nous met mal à l’aise, car il nous donne l’impression qu’il faut les juger dans le vide”, mais il faut l’interpréter comme “un mépris pour votre tribunal et les victimes”. “Si le silence est juste, cela ne devrait pas leur profiter”, a-t-elle déclaré. “Ils sont donc complices”, avait déclaré la veille son collègue Nicolas Braconnay. Aux yeux du parquet, en revanche, la “position” de Salah Abdeslam au sein du noyau jihadiste “est différente de celle du complice. Il n’a pas seulement aidé à la préparation, il y a participé”, affirme Camille. Hennett dès le début des attentats, rappelant que le principal accusé est débouté en tant que “co-auteur” des attentats. Et pendant ces longues heures de vérifications, le Pnat explique qu’il ne croit pas à la version des faits relatée par Salah Abdeslam lors de son dernier interrogatoire mi-avril. Portant une ceinture à explosifs dans la nuit du 13 novembre 2015, le prévenu de 32 ans a expliqué avoir renoncé “à être humain” pour se faire exploser dans un café du 18e arrondissement de Paris. Pour le procureur ses mensonges “télescopent” et “cette défense ne supporte pas l’examen du dossier”. Le parquet, qui dément l’affaire de “Salah Abdeslam dans l’ombre de son frère”, le décrit comme un accusé qui “cherche tous les sacrifices pour passer pour un terroriste tombé du ciel”. “Malgré ses propos, malgré ses larmes”, Salah Abdeslam était “enfermé” avec une “veste moulante”, il s’est montré “incapable d’exprimer le moindre remords”, a précisé Camille Henetier. Les trois procureurs généraux, qui se succèdent devant le bureau transparent depuis trois jours, sont également stricts avec Mohamed Abrini. L’”homme au chapeau” des attentats de Bruxelles en mars 2016, était aussi “bien planifié” pour le 13 novembre, selon le procureur. Lui-même l’a reconnu pour la première fois lors de l’audience, et le procureur général Nicolas Braconnay a reconnu lors de l’acte d’accusation “un petit pas de Mohamed Abrini vers la vérité”. Cependant, selon lui, il a immédiatement fait “deux pas en arrière”. “Nous sommes convaincus que Salah Abdeslam et Mohamed Abrini n’ont pas…