A 61 ans, il a comparu pour 17 viols, 12 tentatives de viol et 27 agressions ou tentatives d’agressions sexuelles commises sur 56 victimes entre 1988 et 2018. “Vous vous sentiez fort ?” Un avocat demande : « Oui, fort, j’ai pris le relais », répond-il. Au président du tribunal qui rappelle que selon la recherche de personnalité “il n’est pas particulièrement porté sur le sexe”, il lance : “oui, c’est étrange”. “A part ça (…) de ce que j’aurais pu faire comme délits, j’ai toujours eu une vie normale”, ajoute l’ancien ouvrier et entraîneur de football local, père de cinq enfants issus de deux mariages. Une rencontre en prison “psychiatre, psychologue”, “m’a permis de sortir tout ce que j’avais, comme la colère et la frustration”, développe-t-il, devant une salle où s’entassent plusieurs dizaines de victimes ou de proches. Elle réveille une adolescence, caractérisée par des “violences” domestiques, mais aussi “des soupçons, (…) d’actes que mon père ferait à mes sœurs”. “Dans la famille je n’étais bon à rien”, à l’école “c’était médiocre”, “c’était très compliqué”, et dans la vie privée et professionnelle”, raconte-t-il. Toutefois, Maître Sandrine Billard, qui représente deux victimes, n’a exprimé aucun regret, a-t-il souligné à l’issue de l’audience. “J’aurais dû être là, le voir, m’occuper de lui (…) mais il ne laisse rien voir”, raconte Valérie, agressée en 1997. Une autre victime, Mélanie, agressée à l’âge de 14 ans. La même année , elle n’espère pas la “vérité”, mais compte sur le procès pour “se reconstruire après”. La vaste enquête a débuté fin 1996 avec l’allégation de viol, le long d’une autoroute à Maubeuge, d’une femme de 28 ans. D’autres attaques suivent, presque toujours à l’aube, en hiver, généralement sur la voie publique. De la même manière : l’homme attrape ses victimes par derrière, les étrangle avec sa fourchette ou un anneau, les menace, souvent avec un couteau. Beaucoup diront qu’”ils ont vu la mort”. Le coupable reste non élucidé, jusqu’à l’agression d’un adolescent en février 2018 à Erquelinnes (Belgique). Cette fois, CCTV enregistre une Peugeot 206. Son chauffeur, Dino Scala, est interpellé quelques semaines plus tard à Pont-sur-Sambre, à la surprise de son entourage.