Au ministère du Logement, on compte aussi sur ce niveau et “le ministre a envoyé un courrier aux préfets leur demandant de limiter les expulsions de loyers sans solutions” à la fin de la trêve, explique l’environnement d’Olivier Klein, porte-parole de la Ministre du Logement. Si la tendance à la hausse des expulsions depuis fin mars se confirme, elle contrastera avec les chiffres de 2020 (8 156) et 2021 (12 500). Et cela grâce à l’action du gouvernement pour les réduire, en instruisant les préfets de les réduire au maximum, en prolongeant la trêve hivernale pendant deux années consécutives, en augmentant les financements pour le logement solidaire et l’indemnisation des donateurs et en augmentant l’aide d’Action Lodging. Des mesures qui n’ont pas été reconduites cette année. « Quoi qu’il en coûte, c’est fini », observe Marie Rothhahn.

Expulsions sans logement alternatif

De plus, à partir de 2020, des équipes mobiles de prévention des expulsions se rendent au domicile des personnes en difficulté pour tenter de trouver avec elles des solutions. Un dispositif testé dans 26 départements : “3.000 foyers ont été rencontrés et un diagnostic a été posé”, rapporte le milieu d’Olivier Klein. “Cet accompagnement juridique et social est très bon. Mais malheureusement, ces équipes mobiles ne sont déployées que dans un quart des départements, alors qu’elles devraient l’être dans toute la France », précise Marie Rothhahn. Les clubs craignent également qu’une grande partie des personnes expulsées dans les mois à venir ne se voient proposer un relogement. “Nous manquons de logements sociaux, de places en internat, de logements privés à des loyers abordables. Pourtant, il y a 3 millions de logements vacants en France”, souligne Marie Rothhahn.

La possible fermeture des lieux d’hébergement

Par ailleurs, le gouvernement a prévu la fermeture de 14 000 places d’hébergement, 7 000 places en 2022 et 7 000 autres en 2023. Une décision qu’il justifie en soulignant qu’en 2020, le “niveau exceptionnel” de 200 000 places disponibles s’explique par la crise sanitaire. . Mais qui a été dénoncé par des élus. Dans une lettre envoyée jeudi dernier à la Première ministre Elizabeth Bourne, dix maires de grandes villes de France ont ainsi dénoncé cette chute programmée. “Ces débordements purs et simples sont intolérables, et c’est donc aux collectivités, sans financement supplémentaire, de supporter les conséquences de ces choix non coordonnés”, déplorent-ils. Cette perspective est d’autant plus préoccupante que les tensions autour de l’hébergement d’urgence se manifestent déjà sur le terrain. “Chaque jour, actuellement, plus de 6.300 personnes qui appellent le 115 (Samu social) ne reçoivent pas de solution pour se loger. Et plus de 2 000 enfants dorment dans la rue. Ce nombre a doublé depuis le début de l’année », souligne Marie Rothhahn. Ce nombre de 6 000 appels sans solution de retour est également sous-estimé, une grande partie des gens sur la route n’appellent plus le 115 lassé de la guerre.

“Aucun enfant ne dormira mal cet hiver”

Pourtant, Olivier Klein a promis qu’”aucun enfant ne dormira dans la rue cet hiver”. “Une cellule de crise a été créée pour la question. Les préfets seront mobilisés pour identifier ces situations et trouver des solutions pour ces familles”, précise son entourage. Les syndicats entendent continuer à se battre pour que le gouvernement renonce à la suppression des refuges : “On espère toujours l’arbitrage”, insiste Marie Rothhan.