« J’ai l’Alsace dans le cœur », confie Pierre Trapet, vigneron à Riquewihr (Haut-Rhin) pendant quatre ans. Le trentenaire a grandi sur le domaine familial de Gevrey-Chambertin, en Bourgogne. Le nom Trapet est synonyme d’excellence et résonne fortement dans le cœur des amateurs de vins, notamment de la Côte-de-Nuits. En revanche, on est moins habitué à le voir sur les étiquettes des flûtes alsaciennes. C’est pourtant une aventure familiale qui se déroule à 300 kilomètres, de la Bourgogne à l’Alsace. Et cela ne doit rien au hasard. Pierre Trapet vit aujourd’hui avec sa grand-mère, Hélène Grayer, dans le village voisin de sa cave, Beblenheim (Haut-Rhin), où la branche maternelle a toujours habité. “Nous avons passé nos vacances ici. C’est toute mon enfance. Je me sens plus alsacien que bourguignon », avoue le jeune vigneron qui parle désormais bien mieux l’alsacien que sa mère, Andrée. Lorsque cette dernière épouse Jean-Louis Trapet en 1999, elle le rejoint sur le domaine bourguignon. « J’aidais Jean-Louis à Gevrey, raconte Andrée Trapet, mais je revenais régulièrement pour aider mes parents, qui avaient un hectare et demi de vignes à Beblenheim. Il a fait du vin côté Alsace jusqu’en 2018, date à laquelle la génération suivante a pris le relais. Désormais, les fils des époux Trapet se partagent les domaines : à Pierre celui de Riquewihr, qui atteint désormais 16 hectares. à Louis celui de Gevrey, avec le même territoire. Mais chez les Trapets, malgré la distance et la division théorique, la famille reste unie et travaille ensemble. “Nous avons planté comme les anciens. Juste un morceau de bâton dans le sol, pas de racines, pas de racine. » Pierre Trapet, vigneron à Riquewihr (Haut-Rhin) Pour preuve, ce lundi de Pâques 2020 : alors que la France est en confinement total, parents et leurs deux fils plantent des vignes en pied, à quelques mètres du Château de Kaysersberg. C’est un terrain de 17 ares au coeur du grand cru schlossberg qu’ils viennent d’acquérir. “On plantait comme les anciens”, explique Pierre. Juste un morceau de bâton dans le sol, pas de racines, pas de racine. Un vrai risque face au danger du phylloxéra, rendu possible “grâce au sol granitique sablonneux”. Juste à côté, les Trapet ont une autre parcelle, qu’ils retravailleront en échalas (professeurs), une autre épreuve, comme la famille l’aime. « Jean-Louis et moi étions au fond de la parcelle en train de préparer le bois et les garçons plantaient avec des pioches et des bêches. Ça nous a pris deux jours », raconte Andrée. Il vous reste 49,38% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.