Publié il y a 1 heure, Mis à jour il y a 1 heure Emmanuel Macron et Olaf Scholz le 3 octobre à Berlin. JOHN MACDOUGALL / AFP Un conseil des ministres franco-allemand initialement prévu mercredi a été reporté, la France et l’Allemagne s’affrontant notamment sur les questions d’énergie et de défense. Le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz vont tenter ce mercredi de relancer la querelle franco-allemande, plombée par une série de désaccords allant de l’énergie à la défense sur fond de guerre en Ukraine. Lors d’un déjeuner sur l’Elysées, les deux dirigeants visent à “renforcer la coopération franco-allemande” et à répondre aux défis communs de manière “solidaire et solidaire”, a résumé mardi la présidence française. Une ambition qui ne masque guère les divergences parfois béantes entre les deux premières puissances européennes et qui a conduit au report de plusieurs semaines d’un conseil des ministres franco-allemand, le premier d’Olaf Scholz, prévu le même jour près de Paris. L’arrivée de la chancelière à 12h00 et le déjeuner à 12h35 n’entraîneront aucune déclaration, ni avant ni après, selon l’émission diffusée mardi soir depuis l’Elysées.
“Un mariage de nécessité”
Sur la stratégie à adopter face à la hausse des prix de l’énergie, du nucléaire, des équipements européens, rien ne semble aller pour le mieux entre Paris et Berlin. De quoi inquiéter l’Europe, où le moteur franco-allemand reste le principal moteur. “Le couple franco-allemand est en train de diverger, donc il est paralysé”, s’inquiète l’ancien Premier ministre français et ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin. “Nous ne pouvons pas nous permettre, à ce moment de l’histoire, de ne pas avoir une Europe unie et forte. Ça commence par un dialogue franco-allemand fructueux”, a-t-il prévenu vendredi sur la radio France Inter. Les désaccords, notamment sur plusieurs projets industriels communs, des avions de chasse au char du futur, se sont aggravés depuis le début de l’offensive russe en Ukraine. L’Allemagne, parmi les plus touchées par sa dépendance au gaz russe, a engagé “un changement de paradigme dont le caractère déstabilisateur ne doit pas être sous-estimé”, a analysé Emmanuel Macron. A lire aussiEconomie, énergie, espace… des désaccords sur toute la ligne entre la France et l’Allemagne Le chancelier Scholz a annoncé un plan d’aide de 200 milliards aux particuliers et aux entreprises face à la flambée des prix, notamment du gaz naturel suite aux coupures d’approvisionnement imposées par la Russie. Ce plan, mis en œuvre sans concertation avec ses partenaires européens, a suscité bien des incompréhensions et des craintes de distorsion de concurrence en Europe. Après des décennies de sous-investissement, l’Allemagne a également effectué un virage à 180 degrés en matière de défense pour faire de son armée “la force la mieux équipée d’Europe”. Et là, sans forcément œuvrer au renforcement de l’autonomie stratégique européenne prônée par Paris et encore moins celle de la coopération militaro-industrielle franco-allemande. Berlin promeut ainsi un projet de bouclier antimissile européen, à composante israélienne notamment, qui rivalise avec celui de Paris et de Rome.
“Coordination des efforts”
Pour de nombreux observateurs, cette rupture est inhérente à toute relation où s’entremêlent ambitions européennes et intérêts nationaux, mais elle n’est pas forcément rédhibitoire. “La réalité, c’est que c’est un mariage de nécessité, souligne une source diplomatique française. “Ce n’est pas une crise fondamentale, c’est un point bas dans la relation”, ajoute-t-il. “Macron Merkel, ils s’échangeaient des SMS tous les jours, et là, je ne pense pas qu’ils se parlent tous les jours”, note-t-il encore. À VOIR AUSSI – Bouclier antimissile, gaz russe… d’où vient la querelle franco-allemande ? Sur l’Europe, les deux dirigeants ont “beaucoup de convergences”, même si la chancelière a peu parlé de la France dans son discours de Prague sur l’Union européenne fin août, a précisé Paris. Olaf Solz s’est alors engagé à soutenir l’élargissement à l’Est de l’Union européenne et une UE à « 30 ou 36 membres », une approche bien plus volontariste que celle de la France. Mais elle a aussi appelé, comme Paris, à passer à la majorité qualifiée pour un certain nombre de décisions européennes, de la politique étrangère à la fiscalité. Lire aussi L’Allemagne multiplie les insultes à la France pour des projets d’armement A Berlin on préfère relativiser. “La France est notre alliée la plus proche. Ces derniers jours, il y a eu beaucoup de spéculations, mais je pense que beaucoup de choses ont été faites à partir de zéro”, a déclaré un porte-parole du gouvernement allemand. Et à Bruxelles, on a envie d’y croire aussi. “J’ai confiance dans la détermination tant du président français que de la chancelière allemande” à “coopérer”, assure le président du Conseil européen, Charles Michel.