Fait inhabituel dans la dernière ligne droite, l’intérêt des Français pour le scrutin a chuté de 7 points en une semaine à 44% dans le baromètre OpinionWay-Kéa Partners pour “Les Echos” et Radio Classique.
. A ce stade, la participation est estimée à 45%, laissant planer la menace d’un nouveau creux après 48,7% en 2017. Dans ce contexte trouble, l’exécutif est contraint de se battre pour obtenir une majorité absolue à l’Assemblée qui lui permettra d’avoir un carte blanche pour mettre en œuvre sa politique. Ce n’est pas complètement acquis.
“Un peu moins évident” La barre est de 289 sur 577. Or, selon les prévisions d’OpinionWay, à prendre au sérieux avant le premier tour, En Marche et ses alliés auraient désormais entre 290 et 330 sièges. Mais plus de six sondés sur dix (61%) souhaitent “qu’Emanuel Macron n’ait pas la majorité”. Et ils ne sont que 46% à croire qu’ils l’auront, soit 5 points de moins en une semaine. “Cela semblait être un peu moins évident pour les Français”, estime Frédéric Micheau, directeur général adjoint de l’institut de sondage. Conscient du danger, le chef de l’Etat est revenu ces derniers jours au stade – Saint-Denis mercredi, Tarn jeudi – pour demander aux Français de lui accorder “une majorité forte et nette”. Signe de fièvre, lui et ses ministres martèlent désormais Jean-Luc Mélenchon et la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) bâtie autour des élections législatives autour d’Insoumis, accusée de mener “un plan d’interdictions et de taxation” (Emmanuel Macron ) « Nuisible à notre pays » (Elisabeth Borne).
Les intentions de vote en faveur des candidats soutenus par le président atteignent 28% au niveau national. Une augmentation de 1 unité en une semaine et de 2 unités en quinze jours qui leur permet d’atteindre un plus haut dès la première vague de ce baromètre, publié le 11 mai. Bruno Jeanbart, vice-président d’OpinionWay, pointe toutefois le “manque d’élan” de la majorité présidentielle, en deçà des premières estimations (données il y a un mois par 310 à 350 élus) et de ses espoirs initiaux. “Le parti du chef de l’Etat améliore généralement de 4 à 5 points, aux législatives, le score de la présidentielle”, rappelle-t-il. Au contraire, malgré une baisse de 1 point en une semaine, qui est associée à la faible participation estimée, l’alliance de gauche semble, selon lui, “fonctionner relativement bien avec l’électorat”. Il doit 25 % des suffrages (contre 30 % au total répartis entre quatre candidats à la présidentielle) et, qui plus est, de 160 à 190 députés. Il y a un mois, il était de 23 %, avec une fourchette de 135 à 165 élus.
RN est très difficile Dès le début de la campagne, les Nupes et la majorité mènent incontestablement la danse, les premiers surfant avec la promesse de rafler le Matignon – incroyable mais savamment forgé par Jean-Luc Mélenchon – et les seconds profitant d’une base électorale solide et utile place au second tour. Leur duel complique le travail de LR et de l’extrême droite, qui peinent à se faire entendre. Malgré leur défaite à la présidentielle, Les Républicains peuvent espérer réduire la casse grâce à leur forte implantation locale : ils recueilleraient aujourd’hui 11 % des suffrages et entre 50 et 70 sièges (contre 100 titulaires). La Coalition nationale continue de perdre du terrain, accablée par sa difficulté à mobiliser ses électeurs. Il perd 5 points dans les intentions de vote, à un taux de 18%, et il semble qu’il ne puisse prendre, à ce stade, que 13 à 33 sièges. « Marin Lepen a eu du mal à rentrer dans la campagne et RN est aussi un peu gêné par les candidats de la Reconquête », à 6 % en moyenne, estime Frédéric Micheau. Pour se maintenir au second tour des législatives, il faut vraiment récolter plus de 12,5% des suffrages, non pas des électeurs, mais des inscrits. Si l’abstention est forte, la barre est trop haute. “La formation la plus fréquente au second tour sera entre la majorité et la gauche. “En 2017, c’était entre En Marche et la droite”, se souvient Bruno Jeanbart, considérant déjà cela comme un premier “succès” pour l’alliance de la gauche.
Sondage réalisé du 5 au 8 juin auprès d’un échantillon de 3 001 électeurs inscrits, selon la méthode des quotas. A noter Seuls 53% des électeurs d’Emanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle se disent intéressés par la campagne des législatives. Contre 62 % de ceux de Jean-Luc Mélenchon.