Réduction du temps de travail, retraite à 60, salaire minimum à 1.500 euros nets par mois… Mardi, les Noupes ont dévoilé leur programme financier qui sera mis en place par le syndicat de gauche en cas de victoire aux élections législatives. Des mesures immédiatement critiquées par ses opposants, notamment par la majorité présidentielle et le gouvernement. Dans une tribune publiée par le JDD, plusieurs dizaines d’économistes, dont Thomas Piketty, Julia Cage ou Bernard Friot, défendent plutôt le contenu du programme économique. Voici leur texte :
“Nous soutenons le programme économique de Noupes aux législatives”
“Pour la première fois au XXIe siècle, la gauche en France s’est mobilisée pour mettre en œuvre une rupture avec le néolibéralisme. Tournant le dos aux politiques qui accroissent les inégalités, fragilisent les services publics et détériorent les écosystèmes, Nupes porte aux élections législatives un projet de transformation sociale et écologique. Son objectif est de créer une société plus égalitaire et solidaire au cours du prochain mandat, en respectant les exigences écologiques. En tant qu’économistes, nous savons que ce programme est ambitieux. Maintenir le pouvoir d’achat, garantir l’accès aux soins de santé et à un système éducatif de qualité, investir massivement dans la transition écologique ou maintenir la boussole du progrès social avec la retraite dans les années 60 sont à contre-courant du courant sur lequel notre société est entraînée. Le statu quo n’est pas une option. Face à la précarité endémique, à la guerre et à la transition écologique, l’affirmation qu’il n’y a pas d’alternative aux politiques économiques actuelles est trompeuse et dangereuse.
Une force qui flotte dans les yeux
Poussé par les événements, le pouvoir de Macron s’en va. Il y a certes un renouveau de l’intervention, à l’image du « à tout prix » et, dans le débat, avec la reprise du terme de conception écologique. Mais la doctrine reste la politique de l’offre : le marché est le seul organe qui organise les échanges, ce qui donne aux entreprises et aux capitalistes tout le pouvoir de déterminer comment nous grandissons. Le résultat est un désastre écologique, une hausse des revenus des riches due à d’énormes baisses d’impôts en leur faveur et une économie privée aspirant à de plus en plus de subventions publiques : elles ont doublé depuis la crise. de 2008 à nouveau pour deux après la pandémie. Inefficace et injuste, cette stratégie conduit in fine à la détérioration de la situation du pays, tant en termes d’indicateurs sociaux et écologiques qu’en termes de développement économique. Les sous-performances de notre pays en matière de mortalité infantile, de niveau de mathématiques des élèves, d’inactivité climatique ou encore de déficit extérieur sont ici systémiques. Il s’agit d’une crise gouvernementale générale qui nécessite la division.
Elle est régie par les besoins
Abordant les questions financières en termes de satisfaction des besoins, le programme Nupes propose une autre voie. Son principe fondamental est de lier l’immédiateté de l’urgence sociale au développement à long terme d’un mode de développement désirable et respectueux des exigences écologiques. Apporter une réponse immédiate à la crise sociale est donc un préalable. L’inflation érode le pouvoir d’achat et la morosité de l’activité aggravera une situation déjà préoccupante. Si la majorité des Macron sont reconduits, les mois à venir seront très difficiles pour la majeure partie de la population. Au contraire, une victoire du Nupes apporterait des progrès immédiats : blocage des prix des produits de première nécessité, relèvement du Smic à 1 500 euros net, négociation salariale de branche, aménagement des retraites et des minima sociaux, atténueront les difficultés les plus urgentes et restaureront la confiance. à l’avenir pour le plus grand nombre. Cependant, la politique des revenus ne peut être l’alpha et l’oméga de la reconstruction socio-économique. Cela passe par le rétablissement de la puissance publique et la construction d’un projet productif de long terme, compatible avec le respect de la biosphère. Cela passe par des efforts de financement d’équipements et d’amélioration des conditions de travail, notamment dans les domaines de l’éducation, des soins et de la recherche où les retards accumulés découragent le moral du personnel. Les relations sociales dans l’entreprise doivent être largement démocratisées, ce qui passe notamment par une meilleure représentation des salariés dans les instances décisionnelles de l’entreprise, le renforcement du rôle des syndicats et la réduction des écarts salariaux. La réorganisation des services de base (éducation, transport, santé, poste, justice) permettra la revitalisation économique des zones sacrifiées sur l’autel de la réduction des coûts. La proposition d’écoconception démocratique et contraignante vise une vision à long terme de nos sociétés compatible avec la réduction des pollutions et l’utilisation des ressources naturelles.
Notre programme est possible
Les investissements liés à la reconstruction des services publics et à la transition écologique nécessitent des financements. Le choix choisi est avant tout celui de la justice sociale au service de l’efficacité. Une fiscalité plus progressive des revenus et du patrimoine, le rétablissement de l’ISF et la suppression de l’impôt unique ainsi que la lutte contre la fraude permettront de dégager d’importantes ressources supplémentaires et de réduire le recours à l’endettement. Si l’effort prévu est conséquent pour les plus privilégiés, notamment pour les héritiers fortunés, les impôts seront fixes ou dégressifs pour 90% de la population. En ce qui concerne la dette publique, la situation est extrêmement favorable car la hausse de l’épargne et la croissance des produits financiers s’accompagnent d’une demande accrue d’actifs sûrs. Pourtant, sans offenser les cassandres conservatrices, la dette française bénéficie de ce régime très privilégié : d’une part, nos conditions de prêt sont parmi les meilleures au monde, d’autre part, l’essentiel de la dette française s’est rétréci à des taux d’intérêt très bas. des taux et des taux d’intérêt élevés. . Un niveau d’inflation modéré est favorable aux finances publiques, une telle dynamique est donc souhaitable à condition de protéger les revenus du travail et les transferts sociaux. Enfin, nous envisageons un recours accru au secteur bancaire public afin d’orienter la création monétaire et l’épargne des Français vers les besoins collectifs et de se prémunir contre les effets déstabilisateurs des marchés financiers. Alors que les marges de certains groupes français atteignent des records, les hausses de salaires seront financées en équilibrant la répartition de la valeur entre salaires et bénéfices. Parallèlement, le dynamisme de la demande populaire, la transition écologique et l’accompagnement des relocalisations et de l’innovation stimuleront l’investissement. Ces élections sont l’occasion de redécouvrir les vertus économiques de l’ambition collective et de la solidarité. Fruit du travail collectif d’experts et de citoyens, le programme défendu par Noupes est à la base d’un rassemblement inédit. La victoire de cette aventure sociale, écologique et démocratique les 12 et 19 juin permettra enfin de mobiliser l’économie pour prendre soin de la planète et de nos conditions de vie. »
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