L’équipe de Marine Le Pen a fait durer le suspense toute la journée avant d’opter pour une telle démarche. “La conjonction des crises sociale, économique et énergétique exige un changement urgent de notre politique sociale pour plus de justice”, proclame son texte transmis à la presse. Les 89 élus d’extrême droite expriment également leur regret que « le gouvernement ne[ait] qu’il ne souhaite pas trouver de compromis avec l’opposition » et qu’il « refuse de laisser débattre un grand nombre de questions ». A gauche, l’équipe LFI a été déterminée ce jeudi matin. “Nous le ferons, du moins du côté des ‘Insoumis’, car il ne faut pas négliger le 49.3”, a expliqué Eric Coquerel. Par la suite, la cheffe de file des députés « révolutionnaires », Mathilde Pano, a confirmé cette déclaration « face à un gouvernement irresponsable et minoritaire qui ne connaît que le laissez-passer valable ». Faute de majorité absolue, le locataire de Matignon a activé mercredi soir, pour la troisième fois en une semaine, l’arme constitutionnelle du 49.3 qui permet le vote d’un texte de loi sans vote, sauf pour l’approbation d’une motion de censure . En réponse aux deux premières, concernant les perceptions du budget de l’Etat et de la Sécu, l’alliance Nupes avait déposé deux propositions. Lire aussi : « Activé au bon moment, le 49.3 contribue à maintenir l’efficacité de notre démocratie »
Le vote clé ?
Mais avant même le vote, et avec un budget marathon qui pourrait atteindre un total de dix 49,3 mi-décembre, leurs divergences de stratégie se sont fait entendre : la LFI est favorable aux dépôts systématiques, le reste des Nupes (socialistes, communistes, écologistes) beaucoup moins.
“Nous continuons à être gênés par la pratique du 49.3 et tout le travail fiscal [de l’exécutif] ils mériteront de nouveaux coups. Cependant, nous pensons que ce n’est pas le bon choix de banaliser les motions de censure”, a déclaré à l’AFP le communiste Pierre Dharréville. Son groupe “préférerait aboutir à une stratégie commune” à gauche, mais “respecte” la décision de LFI et se dit “disposé à voter en faveur de la proposition”. Les socialistes n’ont pas encore pris position. Et les écologistes n’en ont pas encore discuté.
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“Il faut redire qu’on n’est pas d’accord, quand le message est passé, ce n’est pas forcément évident”, selon le député PS Arthur Delaporte lors du dépôt de la motion. “Il y a des divergences d’opinion au sein des Nupes, mais pas de drame”, insiste l’un des acteurs de gauche.
RN et LFI assurent qu’ils ne feront pas alliance
Le ralliement surprise lundi des voix du RN dans l’un des coups de Nupes – “un coup de poing dans le ventre”, pour le patron du député PS Boris Vallaud – a suscité l’inquiétude dans les rangs et une avalanche d’attaques du camp présidentiel. Emmanuel Macron a fustigé mercredi soir le “cynisme” et le “désordre” de l’opposition, accusant la gauche de se mettre “main dans la main” avec le Rassemblement national.
“Il n’y a pas d’alliance, il n’y en aura pas”, a répondu jeudi soir Jean-Luc Mélenchon de France 2, après que le député RN Jean-Philippe Tanguy ait déjà mis en cause toute “négociation, ni formelle, ni informelle avec la gauche”, lors d’une conférence de presse. .
Pour qu’une motion passe, “il faut que le RN et les LR votent pour”, rappelle un député LFI. “Mais si on le fait à chaque fois et qu’on est les seuls [à gauche] voter pour lui est un problème. Nous ne voulons pas alimenter un récit qui divise. “La prochaine fois, la leçon, c’est qu’on fera une motion de censure qui sera nécessaire de la part du RN”, a déclaré jeudi le député écologiste Yannick Jadot.
Le texte de LFI transmis à l’AFP cite le communiste Ambroise Croizat, l’un des fondateurs de la Sécurité sociale, comme dénonçant “une nouvelle cure d’austérité” avec ce budget.
Les propositions devraient être discutées lundi. Cependant, ils n’ont presque aucune chance de renverser le gouvernement. Le projet de budget de la Sécurité sociale 2023 sera considéré comme adopté en première lecture et ira au Sénat.
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