Fin septembre, Grégoire de Fournas quittait quelques jours l’Assemblée nationale pour surveiller les vendanges de son domaine familial dans le Médoc. Ce n’était pas prévu, mais désormais, il peut retourner tailler les vignes : le député du Rassemblement national (RN) a été limogé pendant deux semaines de l’Assemblée nationale, au lendemain de sa sortie xénophobe – « Retournons en Afrique ! – prononcé en hémicycle. La trajectoire politique de ce géant élancé a changé en ces cinq mots. Samedi 5 novembre, en cas d’éventuelle victoire de Jordan Bardella dans la course à la présidence du RN, Grégoire de Fournas s’apprêtait à monter dans le bon wagon. Protégé par Edwige Diaz, étoile montante du parti, que M. Bardella doit nommer vice-présidente, le vigneron de 37 ans aurait dû reprendre, selon Le Point et Valeurs Actuelles, le poste de représentant du RN. . Depuis l’été, il aimait s’arrêter devant des micros tendus. La fête qui cherchait de nouveaux profils à mettre en avant au Palais-Bourbon, ça aurait dû l’être. Lire aussi : L’article est destiné à nos abonnés A l’Assemblée nationale, la sanction infligée au député RN Grégoire de Fournas fragilise la stratégie de normalisation du groupe d’extrême droite
Son sort, à court terme, sera probablement différent. Grégoire de Fournas, qui n’a pas répondu aux sollicitations du Monde, est à oublier, à commencer par son propre parti, où des ténors comme David Rachline et Hélène Laporte, députée du Lot-et-Garonne, ont pris leurs distances avec ses constats. La patronne du parti, Marine Le Pen, a à peine reconnu le “manque de finesse”. Grégoire de Fournas a mis une pierre d’achoppement majeure à une rentrée jusqu’ici très fructueuse de Mme Le Pen, qui aurait dû se terminer en apothéose avec la victoire de Jordan Bardella, son protégé, lors du congrès du RN samedi. Le vigneron perturbe à la fois la conférence et la note de fête.

Les tweets et publications Facebook ont ​​été supprimés

Ses multiples interventions lors de la séance de questions au gouvernement du jeudi 3 novembre, avant celle qui lui est fatale, témoignent à la fois d’une argumentation enjouée et d’une rapidité d’adaptation à l’ambiance de l’Hémicycle. En Gironde, où il a occupé entre 2015 et 2021 un poste de conseiller départemental, puis des fonctions d’opposant municipal à Pauillac, à partir de 2020, l’incident n’a guère surpris du tout. Ni dans la forme ni dans le fond. “Il est connu comme quelqu’un qui offense très facilement, notamment sur les questions humaines, sociales et solidaires”, assure la socialiste Pascale Got, vice-présidente départementale et députée de la circonscription de Grégoire de Fournas entre 2007 et 2017. De manière très forte. L’idée d’aider à l’étranger, qu’il s’agisse de mineurs non accompagnés ou de projets économiques en Europe de l’Est ou en Afrique, lui était incompréhensible. Pendant six ans, nous avons vécu sa colère, ses mots durs, son intolérance à la conversation. » Il vous reste 61,96% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.