Posté à 7h37.  Mis à jour à 9h50.
                Benoît FINCK Agence France-Presse             

“Les discussions d’aujourd’hui nous permettront d’achever notre évaluation” pour savoir si l’Ukraine doit recevoir le statut de candidat à l’UE “d’ici la fin de la semaine prochaine”, a déclaré Ursula von der Leyen après avoir rencontré le président Volodymyr Zelensky. L’Ukraine réclame un “engagement juridique” spécifique qui lui permettra d’obtenir le statut de candidat officiel à l’UE dans les plus brefs délais, mais les Vingt-Sept sont très divisés sur la question. Et même si l’Ukraine obtient un « poste de candidat », elle entamera un processus de négociations et d’éventuelles réformes qui pourrait prendre des années, voire des décennies, avant d’être sur le point d’adhérer à l’UE. “Nous voulons soutenir l’Ukraine dans son parcours européen”, a déclaré samedi von der Leyen. “Nous voulons regarder vers l’avenir. Vous avez beaucoup fait, mais il reste encore beaucoup à faire, pour lutter contre la corruption par exemple. » Photo du compte Twitter d’Ursula von der Leyen La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est en visite à Kyiv samedi. La visite du dirigeant européen intervient dans un contexte d’escalade du conflit à l’Est. Signe de la détermination de Moscou à s’emparer de ce que le Kremlin considère comme des terres russes, la Russie a remis samedi ses premiers passeports à 23 habitants de Kherson, une grande ville du sud de l’Ukraine détenue et administrée par les autorités. agence officielle russe TASS. “Tous nos résidents à Hersonissos veulent obtenir un passeport et la citoyenneté [russe] dans les plus brefs délais”, profitant d’une procédure simplifiée instaurée fin mai par décret du président russe Vladimir Poutine, écrit TASS, citant Vladimir Saldo, le chef de ce gouvernement.

“Je détruis toutes les villes”

Vendredi, M. Zelensky a accusé la Russie de vouloir “détruire toutes les villes du Donbass, chacune, sans exagération”. “L’armée ukrainienne fait tout son possible pour arrêter les attaques des occupants, autant que possible avec des armes lourdes et de l’artillerie moderne”, a déclaré l’Ukraine. pour la ville principale de Sievierodonetsk et le duo Lyssytchansk semble être de plus en plus violent. Au front, une bataille d’artillerie a éclaté samedi entre les deux camps, selon un photographe de l’AFP présent à Lyssytchansk. La prise de Sievierodonetsk ouvrirait la voie à une autre grande ville, Kramatorsk, à Moscou, une étape importante dans la conquête de tout le bassin du Donbass, une zone majoritairement russophone contrôlée en partie par des séparatistes pro-russes depuis 2014. Photo par ARIS MESSINIS, Agence France-Presse Des soldats ukrainiens se mettent à l’abri lors de batailles contre les forces russes à Lysychansk. A Lysytchansk, des habitants ont expliqué à l’Agence France-Presse le choix difficile auquel ils sont confrontés : rester malgré les bombardements ou partir et quitter leur domicile.
Yevhen Jyryada, 39 ans, affirme que le seul accès à l’eau passe désormais par un centre de distribution dans la ville. “Nous devons y aller sous les bombardements et les tirs”, a-t-il dit, “pour survivre. » A Prague, le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavsky, a confirmé la mort d’un ressortissant tchèque dans l’est de l’Ukraine. Selon un journaliste tchèque, elle est une combattante volontaire. Photo par ARIS MESSINIS, Agence France-Presse Une femme blessée est évacuée par des soldats ukrainiens alors que des combats éclatent à Lysychansk. De son côté, le chef de l’administration présidentielle ukrainienne Andriï Yermak a annoncé la mort d’un journaliste militaire, Oleksiy Chubashev, sans donner de détails sur les circonstances de la mort de l’homme qui était responsable d’un programme de recrutement et de la télévision militaire ukrainienne. Depuis plusieurs jours, les combats sont également intenses dans la région de Mykolaïv, qui borde le port d’Odessa dans le sud de l’Ukraine.

“Munitions finies”

“Les Russes nous visent avec de l’artillerie lourde, soit dans la ville, soit dans les villages”, a déclaré à l’AFP Vitaly Kim, le gouverneur de la région. “L’armée russe est plus forte, elle a beaucoup d’artillerie et de munitions. “Pour le moment, c’est une guerre d’artillerie… et nous sommes à court de munitions”, a-t-il ajouté. “L’aide de l’Europe et des États-Unis est très, très importante car nous avons besoin de munitions pour défendre notre pays.” Les Ukrainiens continuent d’exiger de leurs alliés occidentaux de nouvelles armes plus puissantes. Photo de GENYA SAVILOV, Agence France-Presse Un bâtiment gouvernemental à Mykolaïv a été détruit vendredi par une roquette russe. La livraison de plusieurs systèmes de lancement de missiles, dont les Himars d’une portée d’environ 80 km, légèrement supérieure aux systèmes russes, a été annoncée par Washington et Londres.

“Chaos politique”

La France, pour sa part, s’est déclarée prête à contribuer à la levée du blocus du port d’Odessa afin de faire sortir des céréales d’Ukraine, dont le blocus provoque une crise alimentaire mondiale. L’annonce a été faite par un conseiller du président français Emmanuel Macron, qui a reçu vendredi le président sénégalais Maki Sal, également président de l’Union africaine. M. Sal avait appelé jeudi au déminage du port d’Odessa et dit avoir reçu des assurances du président Vladimir Poutine que les Russes ne l’utiliseraient pas pour attaquer, comme le craignent les Ukrainiens. “La navigation a été suspendue en mer Noire et les navires ennemis retiennent la quasi-totalité de l’Ukraine sous la menace de tirs de missiles”, a déclaré vendredi soir le commandement opérationnel sud ukrainien. L’invasion russe, qui a débuté le 24 février, a paralysé les exportations de céréales de l’Ukraine – un acteur majeur du secteur – et fait grimper les prix des céréales et des engrais, menaçant une crise alimentaire dans de nombreux pays, notamment en Afrique et au Moyen-Orient. S’exprimant par vidéo lors du Dialogue Shangri-La, un forum sur la sécurité en Asie-Pacifique, M. Zelensky a une fois de plus appelé la communauté internationale à exhorter la Russie à mettre fin à son blocus des ports ukrainiens sur la mer Noire, faute de quoi : “Les pénuries alimentaires entraîneront inévitablement chaos politique, qui menace de renverser de nombreux gouvernements ».