“Ici, il y a autant d’histoires que d’animaux, des cas souvent complexes”, insiste Jean-Marie Mulon, nouveau directeur du Refuge de l’Arche. Dans une démarche de “sensibilisation”, la fondation n’hésite pas à parler de ces “parcours informels” à ses 85 000 visiteurs annuels. Comme celui du lion blanc Safran, saisi par un particulier près de Niort, l’ours Martha, malheureux dans l’enceinte bétonnée d’un zoo, ces babouins et macaques crabiers, rescapés de laboratoires expérimentaux, ce bébé python devenu très grand pour l’appartement où il vivait, ou encore ces 12 buffles et quatre chameaux détenus illégalement par un éleveur… Derniers arrivés : trois cigognes blanches confiées au sanctuaire après la fermeture du zoo de l’Orangerie de Strasbourg.

“Il y a des modes”

« Nous récupérons des animaux blessés, victimes de maltraitance ou contraints de quitter leur environnement pendant la nuit. Il faut donc s’adapter, leur laisser le temps de reprendre confiance”, explique Armelle Lagarde, directrice adjointe. “Chez nous, si l’animal veut s’isoler à l’abri des regards, il peut le faire”, ajoute Jean-Marie Mulon. Des enclos et des abris sont spécialement conçus pour cela. C’est frustrant pour nos clients, mais nous leur expliquons et ils comprennent. Malgré des soins attentifs, les conséquences demeurent parfois. « Nous avons un ours, Bony, qui est arrivé chez nous mutilé par un dresseur d’ours, raconte Eric Moeglen, médiateur culturel. L’autre jour, un groupe d’étudiants s’est approché en faisant du bruit. Cela lui a fait réagir. Il est allé se cacher dans un coin, terrifié, refusant de manger. Les animaux ont évidemment des sentiments, tout comme les humains. » Le parc animalier Le Refuge de l’Arche collectionne également des oiseaux, comme ce perroquet. – L. Hobe /Refuge de l’Arche Aujourd’hui “presque complet” sur ses 23 hectares, le Refuge de l’Arche, qui dispose également d’un centre de secours pour la faune locale, qui soigne les animaux retrouvés blessés dans la nature, s’est rempli des rythmes d’une société de consommation. ne traite pas toujours du bien-être animal. “Il y a des modes, comme l’importation illégale de singes asticots, ou celle de nouveaux animaux de compagnie (NAC)”, observe Jean-Marie Mulon. “Ils s’achètent en animalerie ou en ligne”, poursuit Armelle Lagarde. Les propriétaires ne se rendent pas compte des responsabilités que cela peut avoir ou, au bout d’un moment, ne peuvent plus s’en occuper. Les perroquets peuvent vivre jusqu’à 80 ans, par exemple. “En juillet dernier, deux impressionnants pythons royaux ont été retrouvés dans une forêt mayennaise, ‘probablement relâchés par un propriétaire désemparé’.

L’accueil des animaux du cirque, le prochain défi

“Nous n’avons pas l’espace ni les installations spécifiques pour répondre à tous les besoins. C’est aussi pour cela qu’il n’y a pas de lecture sur le site [les arrivants sont systématiquement stérilisés]. Mais nous cherchons toujours une solution. On travaille avec tous les clubs”, précise Jean-Marie Mulon. Le réalisateur s’inquiète des effets de l’inflation. “Si les gens n’ont plus de quoi nourrir leurs animaux, il y a un risque de pic d’abandon”, craint-il. Il prévoit également l’interdiction de garder des animaux sauvages dans les cirques d’ici 2028. « Cela concerne plus de 500 animaux, principalement des félins. Des structures d’accueil devront être trouvées dans toute la France. Nous nous y préparons déjà. » On nourrit un ouistiti au parc animalier Le Refuge de l’Arche en Mayenne. – L. Hob Dans ce contexte, le Refuge de l’Arche, qui emploie 32 personnes, cherche constamment à développer ses ressources. Ses revenus proviennent principalement des tickets d’entrée (48%) et des subventions publiques (26%). “On a développé une offre de restauration pour le public, on a des produits dérivés, l’entrée va aussi bientôt passer de 12 à 13 euros. Mais on ne veut pas aller beaucoup plus loin dans le développement commercial, ce n’est pas dans notre ADN », confie Jean-Marie Mulon. Il n’hésite donc pas à communiquer l’importance des dons. Une nouvelle campagne va démarrer dans les prochains jours. “Les dons sont l’un des leviers qui nous permettent de renforcer nos actions”, insiste le directeur. Ce lodge est une merveilleuse aventure. Tout a commencé il y a près de cinquante ans, à une époque où l’environnement ou le bien-être animal n’étaient pas abordés dans les médias. Cela devrait certainement continuer. »