Au Brésil, le président d’extrême droite Jair Bolsonaro est sorti mardi 1er novembre du silence dans lequel il s’était vautré suite à sa défaite dimanche face à Luiz Inacio Lula da Silva. Dans une brève déclaration au palais présidentiel de Brasilia, M. Bolsonaro n’a pas félicité son adversaire, ni mentionné clairement la victoire de ce dernier. Mais il s’est engagé à « respecter la Constitution », concédant ainsi sa défaite en un mot. Son directeur de cabinet, Ciro Nogueira, a ensuite précisé que M. Bolsonaro avait “autorisé la transition”. Conclusion : Bolsonaro dit qu’il respectera la Constitution. La transition est en marche. Il appelle directement le… https://t.co/eWKqk5UlDj – Brunomeyerfeld (@Bruno Meyerfeld)
Après avoir perdu de justesse face à Lula (50,9 %, contre 49,1 %), l’actuel chef de l’Etat – jusqu’à la passation de pouvoir le 1er janvier – s’est isolé dans la résidence de l’exécutif Alvorada à Brasilia. Il s’est rendu lundi matin au palais du Planalto, siège de la présidence, sans faire la moindre déclaration. Ce lourd silence, dont Lula s’est dit “préoccupé” dimanche après-midi, a rappelé à de nombreux Brésiliens que M. Bolsonaro a menacé à plusieurs reprises de ne pas reconnaître le verdict des urnes s’il perdait. Lire aussi : L’article est pour nos abonnés Pour gouverner le Brésil, Lula devra négocier et nouer des alliances

Les barrages routiers se poursuivent

Mardi, Bolsonaro a également déclaré que les manifestations en sa faveur doivent être “pacifiques”, condamnant les barrages routiers qui “entravent la liberté de mouvement” dans une grande partie du pays. “Ces mouvements populaires sont le fruit d’un sentiment de ressentiment et d’injustice” de ses partisans après sa courte défaite, a-t-il ajouté. Tout au long de la journée, les partisans de M. Bolsonaro ont continué à bloquer les routes. La police fédérale de la circulation a signalé 267 barrages routiers, en tout ou en partie, dans au moins vingt-deux des vingt-sept États du Brésil – lundi soir, seuls douze États étaient touchés. La police a utilisé des gaz lacrymogènes pour enlever certaines barricades, dont Novo Hamburgo, près de Porto Alegre, dans le sud du pays. Santa Catarina (dans le sud), où M. Bolsonaro a obtenu près de 70% des voix, était l’Etat avec le plus grand nombre de routes bloquées mardi. Plusieurs routes de Sao Paulo ont également été touchées, dont celle reliant la capitale financière du Brésil à Rio de Janeiro. Lire aussi : L’article est destiné à nos abonnés Elections au Brésil : le camp Bolsonaro occupe Sao Paulo
Selon le directeur général du trafic fédéral, Anderson Torres, “environ 200 barricades ont déjà été enlevées”. “C’est une opération complexe” avec “plus de 75.000 kilomètres de route qui nécessite un grand nombre de personnel et de logistique”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. “Nous avons demandé le soutien de la police fédérale, de la police nationale et de la police militaire (…) afin de rétablir l’ordre le plus rapidement possible pour assurer le droit d’aller et venir des citoyens”, a-t-il déclaré. La police militaire tire des gaz lacrymogènes pour tenter de disperser des manifestants pro-Bolsonaro bloquant des autoroutes à Novo Hamburgo, au Brésil, le mardi 1er novembre 2022. SILVIO AVILA / AFP
L’ambiance à Brasilia est restée calme. La sécurité avait été renforcée “par précaution” près de la place des Trois-Pouvoirs, qui réunit le palais présidentiel, la Cour suprême et le Parlement, en prévision de l’éventuelle arrivée de manifestants pro-Bolsonaro. L’accès au principal aéroport du pays, Guarulhos, à Sao Paulo, qui avait été bloqué dans la matinée, a été rétabli après l’intervention de la police. Le blocus de l’aéroport a entraîné l’annulation de nombreux vols internationaux, selon le correspondant brésilien du Monde, Bruno Meyerfeld. Lire la conversation avec Bruno Mayerfeld : Brésil : « La courte victoire de Lula sonne comme un avertissement à gauche »
Le monde avec l’AFP