ACTIVISME – Les militants du climat se sont donné la parole. A la veille de l’ouverture de Cop 27, ce samedi 5 novembre s’annonce comme une journée record d’actes de choc. Comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article, des militants ont multiplié leurs actions en France et dans d’autres pays européens pour marquer les esprits et sensibiliser aux différents enjeux liés au climat.
Ainsi, une dizaine de militants de Dernière Rénovation ont bloqué la circulation aux abords du ministère français de l’Économie, pour dénoncer le choix du gouvernement de ne pas retenir un amendement en faveur de la rénovation thermique des bâtiments dans son projet de budget pour 2023. Le même jour, des militants ont également bloqué un aéroport d’Amsterdam, faisant atterrir onze jets privés.
Au même moment, des militants interrompent un match de rugby Toulouse-Stade Français en s’accrochant aux poteaux. Toujours à Toulouse, des militants ont occupé le Golfe de Garonne pour “dénoncer l’étalage de luxe et la surconsommation d’énergie d’une infime partie de la population”.
En Espagne, deux militants écologistes ont également collé leurs mains sur le cadre des peintures de Goya au musée du Prado à Madrid. Les deux militants, qui n’ont pas détruit les toiles, ont écrit “+1,5°C” sur le mur entre les deux tableaux, en référence à l’objectif de réchauffement fixé par la communauté internationale.
#SPAM | Deux militants écologistes s’accrochent aux cadres des peintures “Las Majas” de Goya au Museo del…
— Europa Press (@europapress)
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Dans l’après-midi, des militants d’Extinction Rebellion Youth Bristol ont bloqué un bus à Bristol, dans le Somerset. Enfin, dans un autre registre, une centaine de militants de L214 ont pris d’assaut ce matin un Burger King à Paris déguisés en poulets pour protester contre les conditions d’élevage.
Les écologistes étaient divisés
Cette nouvelle série d’actions s’ajoute à celles de ces derniers mois qui ont mis le débat sur l’inaction climatique à la une. Plusieurs de ces collectifs militants (Just Stop Oil au Royaume-Uni, Ultima Generazione en Italie ou Last Renovation en France) sont membres du réseau A22, présent dans onze pays occidentaux et financé par le Climate Emergency Fund. Contrairement à l’activisme typique, les objectifs des militants pour le climat n’ont pas nécessairement un lien direct avec le message. Là où L214 attaque les abattoirs pour défendre les animaux et là où Greenpeace bloque les convois de déchets nucléaires, ces jeunes collectifs changent de terrain avec une volonté de bousculer et de défier « l’urgence ». Mais en réalité ces actions ne font pas toujours l’unanimité, y compris du côté écologiste. “Le climat mérite mieux que cette caricature stupide”, a rétorqué l’ancien candidat vert à la présidentielle Yannick Jadot après une attaque gonflée contre les Tournesols de Van Gogh. “On est dans le buzz, pas dans l’action”, s’inquiétait fin octobre le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu. « Il y a tellement de gens qui essaient de discréditer la lutte contre le changement climatique, pourquoi voulez-vous leur donner des munitions supplémentaires ? s’interroge également le politologue belge François Gemenne. L’universitaire, qui contribue aux rapports scientifiques de l’ONU (GIEC), appelle à démêler les agissements, qualifiant de “désastreux” de s’en prendre à l’art, tout en approuvant la “symbolique” de la misogynie du drapeau français au Panthéon. le lundi par Dernier Rénovation. “Aux détracteurs, je dirais ceci : si vous n’aimez pas ce qu’ils font, alors arrêtez de parler et faites quelque chose que vous pensez être meilleur, plus positif et plus efficace”, déclare Rupert Read, professeur à l’université. d’East Anglia et ancien représentant de l’Extinction Rebellion, un autre collectif écologiste expérimenté dans la désobéissance civile.
“Les actions peuvent aussi se retourner contre nous”
“A court terme, cela a un coût d’image élevé”, reconnaît l’universitaire, “mais en même temps, ces jeunes pourraient ainsi vouloir se radicaliser et faire passer les radicaux d’hier pour des gens respectables à qui on peut parler”. “. “Il existe de nombreux exemples de cet effet dans l’histoire”, reconnaît Rupert Read. « Mais vous devez être prudent : parce que les actions peuvent aussi se retourner contre vous », dit-il, avertissant les militants : « Essayez toujours de vous assurer que toute action que vous entreprenez a du sens pour les gens ordinaires. Et si possible, que ce soit beau.” “Je ne pense pas que ces actions entraînent un changement de comportement” dans la population, note le sociologue québécois Stéphane La Branche, mais elles contribuent à la “diversification” des moyens d’alerte face à l’urgence climatique. Face au danger et à l’urgence d’agir, où s’arrêtera la désobéissance civile ? Stéphane La Branche craint “qu’elle ne soit comprise par les black blocs, qui mènent des actions violentes en marge des actions non violentes”, au risque de discréditer ces collectifs. Voir aussi sur Le HuffPost : Vous ne pouvez pas voir ce contenu car vous avez refusé les cookies liés au contenu de tiers. Si vous souhaitez voir ce contenu, vous pouvez modifier vos préférences.