L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a dénoncé jeudi 9 juin la décision de l’Iran de retirer 27 caméras de surveillance de ses activités nucléaires, craignant que cette décision ne porte un “coup fatal” aux pourparlers sur le nucléaire iranien. L’Iran a informé mercredi l’AIEA de sa décision en réponse à l’adoption d’une résolution critiquant Téhéran. “Cette mesure” pose naturellement un sérieux défi à notre capacité à continuer à travailler là-bas”, a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Rafael Grossi, lors d’une conférence de presse à Vienne. L’AIEA vérifie et surveille la mise en œuvre des engagements pris par l’Iran dans le cadre de l’accord nucléaire conclu à Vienne en 2015 avec les grandes puissances. Lire aussi Comprendre l’accord nucléaire iranien en 7 questions
Des pourparlers ont débuté il y a un an dans la capitale autrichienne pour tenter de réintégrer les États-Unis dans ce pacte dénoncé par l’ancien président américain Donald Trump en 2018 et de remettre l’Iran dans le plein respect de ses engagements nucléaires internationaux. Berlin, Londres et Paris ont appelé jeudi soir l’Iran à “mettre fin à l’escalade nucléaire” et à “accepter d’urgence l’accord sur la table” à partir de mars, selon un communiqué commun. “Nous condamnons” la décision de Téhéran, ont déclaré les trois pays dans un document transmis par le ministère allemand des Affaires étrangères. “Cela aggrave la situation et complique nos efforts pour un rétablissement complet” de l’accord de 2015.

“Défis”

Washington s’est également dit préoccupé par les “défis” de Téhéran, le secrétaire d’État américain Antony Blinken mettant en garde contre une “aggravation de la crise nucléaire” et “un isolement économique et politique accru de l’Iran”. Téhéran a annoncé mercredi avoir débranché certaines caméras, sans en préciser le nombre, peu avant que le conseil d’administration de l’AIEA ne vote une résolution appelant formellement l’Iran à ordonner un manque de coopération. En l’occurrence, l’absence de réponses “techniquement crédibles” de l’Iran à des traces d’uranium enrichi précédemment découvertes sur trois sites dont Téhéran n’avait pas dit qu’ils hébergeaient des activités nucléaires. Condamnant ce texte présenté par les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, l’Iran a déploré un geste “politique” et “non constructif”. Lire aussi Article pour nos abonnés L’accord nucléaire avec l’Iran à sauver
L’adoption de ce texte “ne fera qu’affaiblir le processus de coopération” avec l’AIEA, a averti le ministère iranien des Affaires étrangères. Le porte-parole de la diplomatie Saeed Khatibzadeh a défendu le “programme nucléaire pacifique” de son pays, le “plus transparent au monde”. Outre la désactivation des caméras, l’Iran a informé l’AIEA de l’installation de deux nouvelles cascades centrifuges avancées à Natanz (au centre du pays), augmentant ainsi considérablement la capacité d’enrichissement d’uranium. L’AIEA peut poursuivre les inspections et dispose de 40 autres caméras dans ses locaux, mais cette mesure de Téhéran entraîne “moins de transparence, plus de doutes”, a expliqué Grossi. Il a appelé l’Iran à reprendre le dialogue dès que “l’émotion se sera apaisée”.

“Nous n’y retournerons pas”

Jusqu’à présent, l’Iran a tenté d’éviter la confrontation avec l’AIEA, mais cette fois le président ultra-conservateur, Ebrahim Raisi, a montré sa stabilité. “Nous ne reculerons pas”, a-t-il déclaré, selon l’agence de presse officielle IRNA. Si le blocus se poursuit, “dans trois ou quatre semaines”, l’AIEA ne sera plus en mesure de fournir les informations dont elle a besoin pour surveiller le programme nucléaire iranien, a déclaré Grossi. Selon lui, cela “porterait un coup fatal” à l’accord de 2015, qui prévoit la réduction des activités nucléaires de l’Iran en échange d’un assouplissement des sanctions internationales, qui se préparaient après le retrait des États-Unis en 2018, qui re- imposé des mesures sanctions à Téhéran. Un an plus tard, l’Iran a commencé à revenir sur ses engagements, prenant des mesures sans précédent au fil des mois, tout en niant vouloir acquérir la bombe atomique. Lire aussi : Article pour nos abonnés Nucléaire : l’Iran sommé d’honorer ses obligations
Le monde avec l’AFP