Environnement : y a-t-il vraiment des éco-terroristes en France, comme le suggère Gérald Darmanin ? Les détracteurs de ces grands « cratères » accusent ces infrastructures de perturber le cycle de l’eau en puisant dans les réserves. Car, assurent-ils, ces réservoirs ne sont pas remplis d’eau de pluie, mais “par des pompes qui amènent une eau de bonne qualité du sol et des nappes phréatiques”, affirme le collectif Bassines non merci sur sur son site internet. Mais disent-ils la vérité ou mentent-ils ? Il est vrai que l’eau stockée dans les bassins de la Sèvre Niortaise est puisée dans le sous-sol. A Mauzé-sur-le-Mignon, un premier “réservoir de substitution”, comme préfèrent l’appeler les agriculteurs, de 5 hectares, est devenu opérationnel en 2022. Le principe est de stocker l’eau en hiver quand elle est abondante, au lieu de la prélever de la nappe phréatique en été, lorsqu’elle se raréfie. Lorsque le beau temps arrive, les agriculteurs peuvent alors puiser directement dans ce réservoir et conserver les eaux souterraines. A Mauzé-sur-le-Mignon, trois points de prélèvement sont donc nécessaires pour constituer la première réserve de remplacement déjà constituée. Sept puits alimenteront le puits Sainte-Soline en construction. La préfecture des Deux-Sèvres explique à franceinfo que le remplissage est autorisé du 1er novembre au 31 mars, “période où la ressource en eau est statistiquement la plus abondante du département, en raison des précipitations et de la faible consommation d’eau du milieu naturel”. Dans le cas de ces réservoirs, l’eau provient donc de réserves souterraines. Or, l’impact de ces remblais est “souvent négligeable”, selon les conclusions d’une simulation réalisée par le Bureau des études géologiques et minérales (BRGM) publiées en juin 2022. La subtilité réside dans les caractéristiques géologiques de ces strates peu profondes. A Sainte-Soline, les puits sont installés dans une “couche superficielle d’épaisseur moyenne, située à une dizaine de mètres de profondeur”, explique le département des Deux-Sèvres à franceinfo. Celui d’où l’eau est puisée à Mauzé-sur-le-Mignon est “mince” et se trouve également à une dizaine de mètres sous terre. La préfecture ajoute que « compte tenu de ces caractéristiques, les précipitations affectent très rapidement les niveaux piézométriques [la mesure de profondeur de la surface de la nappe d’eau souterraine] de cette nappe”. Autrement dit, lorsqu’il pleut en hiver, ces draps se remplissent très vite. “Ce sont les aquifères dits libres, en contact direct avec l’atmosphère et avec les cours d’eau”, explique Alain Dupuy, professeur d’hydrogéologie à l’Institut national polytechnique de Bordeaux. En revanche, pour les aquifères dits « captifs », beaucoup plus profonds, il faut des années, voire des siècles, pour que l’eau de pluie s’infiltre. Ainsi, le prélèvement dans les retenues de surface des Deux-Sèvres est dépendant de la pluviométrie. “S’il n’y a pas de phénomène de crue, l’Etat est là pour contrôler les volumes et approuver ou non le remplissage”, ajoute Alain Dupuy. Des limites, au-delà desquelles le remplissage est interdit, sont en effet imposées par les autorités. “Ils sont définis par le permis d’environnement délivré par les organismes de l’Etat, sur la base d’une analyse des effets du comblement, notamment sur la ressource en eau de surface (cours d’eau et zones humides) et souterraine”, précise la préfecture. De leur côté, les militants qui s’opposent à ces réservoirs d’eau ne font pas confiance aux agences gouvernementales pour établir ces limites. “Le déficit est chronique depuis 30 ans, mais ils perdurent. Ils prélèvent l’eau de la terre en pompant les nappes phréatiques et les rivières”, déplore le collectif Bassines non merci sur son site. Certains experts restent également critiques vis-à-vis de ces structures. Sur Twitter, l’hydroclimatologue Florence Habets note que le bassin de la Sèvre niortaise est classé en “zone de distribution d’eau”, ce qui signifie qu’il y a “trop ​​de prélèvements par rapport à la ressource en eau disponible”. Pour elle, ce projet pourrait donc permettre de maintenir le niveau des nappes phréatiques en été, mais il ne garantirait pas une amélioration permanente de la ressource en eau.