L’annonce a été un nouveau coup de foudre qui a frappé les évêques, déjà ébranlés par l’affaire Michel Santier, évêque émérite de Créteil. Bien que la Conférence épiscopale de France (CEF) s’emploie à gérer les « affaires » qui touchent l’Église, les confessions du cardinal Ricard s’ajoutent aux récentes révélations touchant déjà Mgr Santier. “Aujourd’hui, alors que l’Eglise a voulu écouter les victimes et agir avec vérité, j’ai décidé de ne plus garder le silence sur ma situation et de me mettre à la disposition de la justice tant au niveau de la société qu’au niveau de “l’Eglise” , avoue Jean . -Pierre Ricard dans une courte lettre publiée par M. Éric de Moulins-Beaufort, président du CEF, le lundi 7 novembre. Dans cette lettre, l’archevêque émérite de Bordeaux, qui a quitté ses fonctions en octobre 2019 à l’âge de 75 ans, poursuit en reconnaissant une agression : « J’ai eu un comportement répréhensible avec une jeune fille de 14 ans. Mon comportement a nécessairement causé des conséquences graves et durables pour cette personne. »

Les débats épiscopaux ont été bouleversés

Dans cette mission, le cardinal Ricard précise avoir eu un contact avec la victime : « Je lui ai expliqué et demandé pardon, je renouvelle ici ma demande de pardon ainsi qu’à toute la famille. Il semble que la victime n’ait pas porté plainte à ce jour, bien qu’elle ait pu être récemment signalée au procureur par l’Église, ainsi que la Direction de la Doctrine de la Foi. Un rapide calcul montre que les faits risquent d’être reconnus comme prescrits par la justice française, étant donné que le délai de trente ans émane de la majorité de la victime. Mais ils remontent à un peu plus de trente et un ans. Cela n’entravera ni l’enquête ni la procédure normale, qui n’est pas soumise aux mêmes dispositions. Anticipant toute mesure de précaution, le cardinal Ricard précise qu’”en raison de ces actions, j’ai décidé de prendre un temps de retrait et de prière”. Ces révélations faites aux évêques de France le dimanche 6 novembre ont été solennellement présentées lors d’une conférence de presse extraordinaire le lundi 7 novembre. Si les évêques réfléchissaient aux modalités de communication lors des crises que peut connaître l’Église, c’est très vite que Mgr Éric de Moulins-Beaufort a voulu réagir par voie de presse : « Je dois vous faire part de ce que nous avons reçu hier, de manière inattendue. La démarche qui sera désormais partagée avec vous à la demande de celui qui la fait est inédite. » C’est peu dire que les confessions du cardinal Ricard ont bouleversé les débats épiscopaux. Devant les journalistes, le président du CEF a d’abord analysé l’affaire Santier, en pointant la chronologie et en soulignant les dysfonctionnements qui ont retardé la divulgation de la sanction romaine pour « abus spirituel à des fins sexuelles », selon les termes de la proposition. Lors de son allocution de clôture du mardi 8 novembre, Mgr de Moulins-Beaufort devrait présenter les dispositions adoptées par les évêques de France. Un dispositif d’autant plus important que, aussi douloureux soit-il, le président du SEF a soulevé d’autres “cas” qui ont frappé l’Eglise.

Onze évêques concernés

“Il y a aujourd’hui six dossiers d’évêques mis en cause devant la justice de notre pays ou devant la justice normale, auxquels s’ajoutent désormais Mgr Santier et Mgr Ricard. Deux autres, qui ne sont plus en fonction, font l’objet d’enquêtes de la part de la justice de notre pays suite à des plaintes de l’évêque et à la procédure normale. Visiblement touché par ce dénombrement, Mgr de Moulins-Beaufort a ajouté « un troisième (qui) fait l’objet d’un rapport au procureur auquel aucune réponse n’a été donnée et a reçu du Saint-Siège des mesures limitant son ministère. Ces chiffres, liés à des accusations qui n’ont pas forcément abouti à des condamnations, portent sur “une grande variété de situations, d’événements commis ou allégués”, a poursuivi le président du CEF sans plus de précisions. Sur les onze évêques impliqués, huit sont impliqués dans des affaires d’abus, dont trois ont été publiquement dénoncées (Jean-Michel Di Falco, Emmanuel Lafont et Hervé Gaschignard). Deux ont été poursuivis pour ne pas avoir signalé d’agression sexuelle : si M. André Fort a été condamné en 2018 à huit mois de prison, le cardinal Philippe Barbarin a été libéré en 2020. En 2000, Mgr Pierre Pican, décédé en 2018. Au niveau de l’Église œcuménique, le cardinal Ricard serait le quatrième du Sacré Collège à être mis en cause pour des faits de pédophilie après l’Autrichien Hermann Groer (Vienne), le Britannique Keith O’Brien (Baltimore) et l’Américain Theodore McCarrick (Washington ). .

Rendre plus clair le besoin de communication

Cette conférence de presse ajoutée à la dernière minute en raison de “l’affaire Ricard” a permis au président du CEF de décrire précisément les ratés de l’affaire Santier, quelque peu éclipsée par la déclaration du cardinal. Des quatre jours d’échanges, une réflexion nécessaire sur la communication en temps de crise a émergé : « La réaction des fidèles à cette affaire (Santier) doit nous amener à préciser qu’un évêque, étant une personnalité publique et se réclamant de l’être, les sanctions le concernant doit toujours être publié », conclut Mgr de Moulins-Beaufort. Le président du CEF notait en même temps qu’il fallait expliquer davantage la nécessité de communiquer avec les dirigeants romains : « Le peuple de Dieu en France a la maturité nécessaire pour supporter d’apprendre les fautes commises par l’un de ses pasteurs. Ces moyens de communication seront votés par le synode épiscopal mardi. Nul doute que ce nouveau scandale, impliquant un cardinal, ne manquera de provoquer des débats houleux parmi les fidèles et d’accroître la colère et l’incompréhension. ——–

Cardinal Ricard, figure de l’Église de France

Né en 1944 à Marseille, Jean-Pierre Ricard est ordonné prêtre en 1968 pour son diocèse natal, dont il est nommé vicaire général en 1988. En 1993, le pape Jean-Paul II le nomme évêque auxiliaire de Grenoble, puis co-évêque de Montpellier en 1996 et archevêque de Bordeaux en 2001. Il exerce de nombreuses responsabilités au sein de la Conférence épiscopale de France, dont il a été président de 2001 à 2007. En 2002, il devient membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui juge, entre autres, les affaires de maltraitance d’enfants. . En mars 2006, il est fait cardinal par Benoît XVI. Au cours des années suivantes, il accumule les responsabilités romaines, principalement dans les conseils seigneuriaux. En 2014, le pape François l’a nommé membre du Conseil de l’économie. Le 1er octobre 2019, François a accepté sa démission au motif de 75 ans. Le 7 novembre 2022, il a reconnu dans un communiqué avoir eu des comportements “répréhensibles” avec un mineur de 14 ans il y a trente-cinq ans. Les faits remontent donc à 1987, alors qu’il était curé de la paroisse Sainte-Marguerite à Marseille.


title: “L Eglise De France De Nouveau En Moi " ShowToc: true date: “2022-10-27” author: “Don Payne”


L’annonce a été un nouveau coup de foudre qui a frappé les évêques, déjà ébranlés par l’affaire Michel Santier, évêque émérite de Créteil. Bien que la Conférence épiscopale de France (CEF) s’emploie à gérer les « affaires » qui touchent l’Église, les confessions du cardinal Ricard s’ajoutent aux récentes révélations touchant déjà Mgr Santier. “Aujourd’hui, alors que l’Eglise a voulu écouter les victimes et agir avec vérité, j’ai décidé de ne plus garder le silence sur ma situation et de me mettre à la disposition de la justice tant au niveau de la société qu’au niveau de “l’Eglise” , avoue Jean . -Pierre Ricard dans une courte lettre publiée par M. Éric de Moulins-Beaufort, président du CEF, le lundi 7 novembre. Dans cette lettre, l’archevêque émérite de Bordeaux, qui a quitté ses fonctions en octobre 2019 à l’âge de 75 ans, poursuit en reconnaissant une agression : « J’ai eu un comportement répréhensible avec une jeune fille de 14 ans. Mon comportement a nécessairement causé des conséquences graves et durables pour cette personne. »

Les débats épiscopaux ont été bouleversés

Dans cette mission, le cardinal Ricard précise avoir eu un contact avec la victime : « Je lui ai expliqué et demandé pardon, je renouvelle ici ma demande de pardon ainsi qu’à toute la famille. Il semble que la victime n’ait pas porté plainte à ce jour, bien qu’elle ait pu être récemment signalée au procureur par l’Église, ainsi que la Direction de la Doctrine de la Foi. Un rapide calcul montre que les faits risquent d’être reconnus comme prescrits par la justice française, étant donné que le délai de trente ans émane de la majorité de la victime. Mais ils remontent à un peu plus de trente et un ans. Cela n’entravera ni l’enquête ni la procédure normale, qui n’est pas soumise aux mêmes dispositions. Anticipant toute mesure de précaution, le cardinal Ricard précise qu’”en raison de ces actions, j’ai décidé de prendre un temps de retrait et de prière”. Ces révélations faites aux évêques de France le dimanche 6 novembre ont été solennellement présentées lors d’une conférence de presse extraordinaire le lundi 7 novembre. Si les évêques réfléchissaient aux modalités de communication lors des crises que peut connaître l’Église, c’est très vite que Mgr Éric de Moulins-Beaufort a voulu réagir par voie de presse : « Je dois vous faire part de ce que nous avons reçu hier, de manière inattendue. La démarche qui sera désormais partagée avec vous à la demande de celui qui la fait est inédite. » C’est peu dire que les confessions du cardinal Ricard ont bouleversé les débats épiscopaux. Devant les journalistes, le président du CEF a d’abord analysé l’affaire Santier, en pointant la chronologie et en soulignant les dysfonctionnements qui ont retardé la divulgation de la sanction romaine pour « abus spirituel à des fins sexuelles », selon les termes de la proposition. Lors de son allocution de clôture du mardi 8 novembre, Mgr de Moulins-Beaufort devrait présenter les dispositions adoptées par les évêques de France. Un dispositif d’autant plus important que, aussi douloureux soit-il, le président du SEF a soulevé d’autres “cas” qui ont frappé l’Eglise.

Onze évêques concernés

“Il y a aujourd’hui six dossiers d’évêques mis en cause devant la justice de notre pays ou devant la justice normale, auxquels s’ajoutent désormais Mgr Santier et Mgr Ricard. Deux autres, qui ne sont plus en fonction, font l’objet d’enquêtes de la part de la justice de notre pays suite à des plaintes de l’évêque et à la procédure normale. Visiblement touché par ce dénombrement, Mgr de Moulins-Beaufort a ajouté « un troisième (qui) fait l’objet d’un rapport au procureur auquel aucune réponse n’a été donnée et a reçu du Saint-Siège des mesures limitant son ministère. Ces chiffres, liés à des accusations qui n’ont pas forcément abouti à des condamnations, portent sur “une grande variété de situations, d’événements commis ou allégués”, a poursuivi le président du CEF sans plus de précisions. Sur les onze évêques impliqués, huit sont impliqués dans des affaires d’abus, dont trois ont été publiquement dénoncées (Jean-Michel Di Falco, Emmanuel Lafont et Hervé Gaschignard). Deux ont été poursuivis pour ne pas avoir signalé d’agression sexuelle : si M. André Fort a été condamné en 2018 à huit mois de prison, le cardinal Philippe Barbarin a été libéré en 2020. En 2000, Mgr Pierre Pican, décédé en 2018. Au niveau de l’Église œcuménique, le cardinal Ricard serait le quatrième du Sacré Collège à être mis en cause pour des faits de pédophilie après l’Autrichien Hermann Groer (Vienne), le Britannique Keith O’Brien (Baltimore) et l’Américain Theodore McCarrick (Washington ). .

Rendre plus clair le besoin de communication

Cette conférence de presse ajoutée à la dernière minute en raison de “l’affaire Ricard” a permis au président du CEF de décrire précisément les ratés de l’affaire Santier, quelque peu éclipsée par la déclaration du cardinal. Des quatre jours d’échanges, une réflexion nécessaire sur la communication en temps de crise a émergé : « La réaction des fidèles à cette affaire (Santier) doit nous amener à préciser qu’un évêque, étant une personnalité publique et se réclamant de l’être, les sanctions le concernant doit toujours être publié », conclut Mgr de Moulins-Beaufort. Le président du CEF notait en même temps qu’il fallait expliquer davantage la nécessité de communiquer avec les dirigeants romains : « Le peuple de Dieu en France a la maturité nécessaire pour supporter d’apprendre les fautes commises par l’un de ses pasteurs. Ces moyens de communication seront votés par le synode épiscopal mardi. Nul doute que ce nouveau scandale, impliquant un cardinal, ne manquera de provoquer des débats houleux parmi les fidèles et d’accroître la colère et l’incompréhension. ——–

Cardinal Ricard, figure de l’Église de France

Né en 1944 à Marseille, Jean-Pierre Ricard est ordonné prêtre en 1968 pour son diocèse natal, dont il est nommé vicaire général en 1988. En 1993, le pape Jean-Paul II le nomme évêque auxiliaire de Grenoble, puis co-évêque de Montpellier en 1996 et archevêque de Bordeaux en 2001. Il exerce de nombreuses responsabilités au sein de la Conférence épiscopale de France, dont il a été président de 2001 à 2007. En 2002, il devient membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui juge, entre autres, les affaires de maltraitance d’enfants. . En mars 2006, il est fait cardinal par Benoît XVI. Au cours des années suivantes, il accumule les responsabilités romaines, principalement dans les conseils seigneuriaux. En 2014, le pape François l’a nommé membre du Conseil de l’économie. Le 1er octobre 2019, François a accepté sa démission au motif de 75 ans. Le 7 novembre 2022, il a reconnu dans un communiqué avoir eu des comportements “répréhensibles” avec un mineur de 14 ans il y a trente-cinq ans. Les faits remontent donc à 1987, alors qu’il était curé de la paroisse Sainte-Marguerite à Marseille.