Le pompier de Montréal Serge Fournier, qui compte également sept déploiements en Haïti, était accompagné de Jocelyn Richer, chef des opérations de soutien technique du Service d’incendie de Blainville. « Il n’a pas hésité quand je lui ai demandé s’il voulait m’accompagner et il a investi beaucoup de temps pour pouvoir venir », révèle M. Fournier. Photos courtoisie de Serge Fournier
Ce dernier a remplacé des collègues depuis six mois pour échanger suffisamment de temps de travail pour libérer trois semaines. Les deux Québécois se sont portés volontaires pour aider la fondation écossaise Siobahn’s Trust du 3 au 23 octobre. Avec le slogan “Faites de la pizza, pas la guerre”, il livre des repas chauds aux Ukrainiens à partir de food trucks. Photos courtoisie de Serge Fournier
“Harry (Scrymgeour) est un marchand d’art qui a quitté son emploi pour se consacrer à cette entreprise humanitaire. La fondation dispose de six camions en plus de deux camions frigorifiques », précise Serge Fournier. Il s’est fait un nom ! Son implication est tellement valorisée par la fondation que son dernier camion a été baptisé « The Surge », une référence à consonance anglophone au prénom du Québécois. « Nous distribuons environ 4 000 à 5 000 pizzas par jour, explique M. Fournier. Nous ne donnons pas seulement de la pizza, mais de l’espoir et de la joie à des endroits sans eau ni électricité, là où aucune organisation internationale n’est allée auparavant. Photos courtoisie de Serge Fournier
“Le visage de la guerre a changé depuis avril”, a noté M. Richer, alors qu’il n’y a plus de réfugiés faisant la queue à la frontière polonaise pour quitter l’Ukraine. Leur premier arrêt était à Lviv, une ville relativement épargnée du nord-ouest du pays. “Les gens y vivent normalement. Ils apprennent à vivre avec (les bombardements), explique-t-il. Des risques Les deux pompiers se sont rapidement dirigés vers l’est de l’Ukraine, où la bataille a été acharnée. Un voyage de 15 heures qui les verra livrer des pizzas dans 17 villes. “Les routes sont assez dangereuses. Nous roulions de nuit. Les points de contrôle sont nombreux et non éclairés. Il y a des tas de sacs de sable ou de blocs de béton sur le bord de la route, il faut faire très attention », se souvient-il. Photos courtoisie de Serge Fournier
« Nous sommes allés dans des villes récemment libérées comme Kharkiv et Izio. Les destructions sont grandes à Kharkiv (à moins de 30 km de la frontière russe) qui n’a ni eau ni électricité. Nous avons vu des gens dans la file d’attente qui avaient les mains sales », a-t-il déclaré. Ils voient rapidement l’enfer qu’ont vécu les Ukrainiens. Les bâtiments sont en ruines, des véhicules militaires et civils accidentés jonchent le paysage, tout comme les éclats de bombes. Explosion Mais le contact le plus direct des Québécois avec la guerre a probablement eu lieu à Zaporijia. La ville de 800 000 habitants est toujours sous contrôle ukrainien. Mais la ligne de front n’est qu’à une vingtaine de kilomètres. La région (région) est également appelée Zaporizhja, dont une grande partie est sous contrôle russe. Dans ce territoire contrôlé par l’envahisseur se trouve la centrale nucléaire de Zaporijja – la plus grande d’Europe – à une cinquantaine de kilomètres de la ville du même nom. De manière insensée et irresponsable, elle a été la cible de nombreux bombardements russes. Photos courtoisie de Serge Fournier
« Nous sommes arrivés à Zaporijja dans le noir. Nous ne savions pas ce qui nous attendait. La ville recevait des roquettes le matin et on pouvait encore les entendre la nuit. Plusieurs vitres ont été brisées dans les immeubles et il y a eu des impacts de balles dans les vitrines des commerces », se souvient Serge Fournier. Dans l’hôtel où ils logeaient, il y avait aussi un groupe de combattants étrangers qui revenaient au front chaque matin. En temps de guerre ou volontaires M. Fournier garde également de bons souvenirs de sa rencontre avec les pompiers de Smoline. « C’est une ville de 12 000 habitants qui exploite une mine d’uranium. Leurs pompiers sont partis en guerre, sauf quatre qui sont restés volontairement car la ville ne peut plus les payer. J’avais un grand amour pour les gens de Smoline. Photos courtoisie de Serge Fournier
A leur arrivée dans les zones nouvellement libérées, les humanitaires ont d’abord fait preuve d’une grande prudence lors de la distribution des pizzas, alors qu’ailleurs ils n’ont pas hésité à jouer de la musique et à créer une ambiance festive. “Nous pensions que nous serions plus sobres dans ces domaines, mais les gens voulaient penser à autre chose qu’à la guerre, alors ils nous ont surpris en voulant danser.” Des contacts précieux Pour sa mission, l’équipe a pu bénéficier de l’aide de nombreux Ukrainiens. « Nina, une mannequin, était notre contact policier qui nous a donné accès à la zone de guerre. Anna et Valery nous ont accompagnés tout au long du voyage. Lors des distributions, plusieurs Ukrainiens sont venus nous aider », souligne M. Fournier. Photos courtoisie de Serge Fournier
Ces liens avec les Ukrainiens lui ont fait prendre conscience de la source du problème, la frustration russe de ne jamais pouvoir apprivoiser les Ukrainiens. « Les Ukrainiens estiment qu’environ 80 % des Russes sont d’accord avec cette guerre. Leur haine des Ukrainiens remonte depuis longtemps à leur refus de rejoindre le communisme sous Staline et à leur attachement à leur terre et à tout ce qui leur appartient. Ils ont déjà subi d’autres génocides dans le passé, comme l’holocauste de 1933-34, au cours duquel quatre millions d’Ukrainiens sont morts de faim (ordonné par Staline). Photos courtoisie de Serge Fournier
“Je crois sincèrement que l’Ukraine gagnera cette guerre. J’en suis convaincu après ce voyage de trois semaines. Leur désir et leur amour pour leur pays les feront triompher, mais nous devons continuer à les soutenir”, conclut le courageux pompier. CLIMAX Les personnes intéressées à rejoindre la caravane humanitaire en Ukraine peuvent contacter Serge Fournier à [email protected] Avez-vous des informations à partager avec nous sur cette histoire ? Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs ? Écrivez-nous ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.