Des acteurs “mal coordonnés”, un système de contrôle “défaillant” et des financements “difficilement lisibles et très faibles”: dans un rapport publié mardi 27 septembre, la Cour des comptes passe au crible les politiques publiques de gestion des ordures ménagères. Un traitement dont le coût pour la collectivité explose depuis vingt ans avec une augmentation annuelle de 4,3 %. En résumé, la France est championne dans la promulgation de lois aux objectifs ambitieux, mais incapable de les concrétiser. Sur tous les indicateurs (quantité de déchets produits, recyclage, élimination, etc.), elle est donc loin derrière ses objectifs et loin des performances des États les plus avancés comme l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas ou les pays scandinaves. La France a pour objectif de réduire sa production de déchets ménagers de 15 % (par rapport à 2010) pour atteindre 500 kg par habitant et par an d’ici 2030. Elle en est actuellement loin. A 583 kg en 2019 (derniers chiffres disponibles), le volume des ordures ménagères stagne à un “niveau élevé” depuis dix ans. Pire, après une phase de baisse, la tendance est à nouveau à la hausse depuis 2015. Dans le même temps, nos voisins les Hollandais (511 kg) et les Belges (490 kg) ont réduit leur production respectivement de 15% et 10% en un an. . décennie et les champions d’Europe suédois ont réussi à limiter leurs déchets à 443 kg par habitant. Qu’est-ce qui ne marche pas en France ? Presque tout. La prévention d’abord. “Priorité officielle”, la réduction de la production de déchets est le “mauvais parent” de la gestion des déchets, notent les juges. Les collectivités locales n’y consacrent que 1 % du coût total du service public de gestion des déchets, et ce ratio a peu évolué depuis 2015. La prévention est également considérée comme « marginale » dans les actions des associations écologistes. Quant aux entreprises, elles « ne peuvent pas se décharger de leur responsabilité en contribuant uniquement financièrement à des organismes écologistes ». La Cour des comptes les appelle à réduire les matériaux disponibles sur le marché, à commencer par les emballages, rappelant que “le meilleur déchet est celui qui n’est pas produit”.

Retard dans la valorisation des déchets biologiques

Une fois ce postulat posé, qu’advient-il de nos déchets ? Contrairement à la majorité des pays européens, la France continue d’incinérer de plus en plus de déchets : environ 35 % des déchets, contre moins de 30 % pour la moyenne européenne. Selon les données de 2018, 44 % sont recyclés. Loin de l’objectif fixé par la loi : 55 % en 2020 et 65 % en 2025. La France s’en sort moins bien que la moyenne de l’Union européenne (47 %) et reste derrière l’Autriche (58 %) ou l’Allemagne (67 %). “Il reste encore un long chemin à parcourir”, commentent les rapporteurs. Le gouffre est encore plus large pour le recyclage des plastiques : la France stagne autour de 26 % quand la moyenne des vingt-sept pays de l’UE est supérieure à 40 % et que les Pays-Bas et l’Autriche flirtent avec les 50 %. L’ambition de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire est de viser 100% de recyclage des emballages plastiques à usage unique d’ici 2025. Vous avez lu 32,78% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.