Ils sont verts, rouges, noirs, bleus… Tous abandonnés. A Zelenodolsk, une petite ville ukrainienne proche du front sud encore bombardée jeudi par l’armée russe, des centaines de vélos racontent l’histoire du survivant-qui-peut-affronter-l’ennemi. Certaines machines étaient soignées : un pull protège une selle, un petit sac est attaché à un cadre. D’autres ressemblent plus à des outils de travail, rouillés, à peine abîmés. Les porte-bagages sont parfois équipés d’un siège enfant, parfois d’une cage. Il y a aussi un scooter de mobilité lourde, quelques poussettes, fauteuils roulants, poussettes et un petit vélo à roues marron. Plus de 600 cycles attendent dans et autour d’un petit entrepôt à Zelenodolsk. “Nous les gardons pour leurs propriétaires”, afin qu’ils puissent les récupérer à la fin de la guerre, confirme Vitaliï Rekhlitskiï, qui travaille pour la municipalité. Beaucoup d’entre eux sont arrivés début mars alors que l’armée russe prenait progressivement le contrôle d’une partie de la région voisine de Kherson. A cette époque, l’agresseur avait déjà volé la plupart des voitures dans les villages environnants, raconte Vitaliï Rekhlitskiï. Pour partir, il n’y avait que le vélo.