Touchant, car on ne peut rester indifférent au courage extraordinaire de ces femmes qui résistent à l’un des régimes les plus brutaux et régressifs de la planète avec des armes, des chansons et des slogans uniques. Et si l’armée commençait à tirer sur la foule ? Que deviendront ces femmes et ces hommes ? Combien de temps peuvent-ils encore durer ? Mais ces images dérangent aussi, car comme un miroir, elles renvoient un reflet peu flatteur de l’Occident. PROBLÈMES DE RICHESSE Alors que les Iraniennes luttent pour ne pas porter le voile, nos institutions et les grandes entreprises de mode en font la promotion. Alors que les femmes iraniennes luttent pour défendre leurs droits fondamentaux, nous nous demandons si nous devrions adopter l’écriture inclusive, bannir les costumes sexy d’infirmières, autoriser les drag queens à lire des contes de fées dans les bibliothèques publiques, empêcher les hommes d’écarter leurs pieds dans le métro ou autoriser les hommes biologiques qui « s’identifient » comme des femmes pour concourir dans des sports féminins. Alors que les femmes iraniennes risquent leur vie pour pouvoir enfin s’exprimer librement, brûlons les bandes dessinées, annulons les conférences, censurons les artistes, empêchons les intellectuels de prononcer des discours, organisons des campagnes de boycott contre les représentations théâtrales, poussons les enseignants compétents à la retraite anticipée et chantons les louanges et vertus de la censure !!! Bref, alors que les Iraniennes rêvent de vivre dans un pays comme le nôtre, celles qui se présentent comme les “gardiennes éveillées de la morale” en Occident envient les méthodes des pays les moins démocratiques de la planète !!! Considérez ceci : alors que les Iraniennes combattent bec et ongles l’islamisme, les éditeurs québécois hésitent à publier le dernier livre de Djemila Benhabib, et certaines librairies refusent même de le vendre !!! Plus déviant, tu meurs… Nous mourons aussi culturellement, c’est pourquoi Jemila, le cœur gros, a quitté le Québec pour l’Europe… LA RÉVOLUTION URBAINE Puisque tout me ramène toujours au cinéma, laissez-moi faire une parenthèse, il est temps de vous raconter une anecdote qui s’est passée au Festival de Cannes. Nous sommes au printemps 1968. Alors que Paris brûle et saigne, à 907 kilomètres de là, Jean-Luc Godard et François Truffaut réclament l’arrêt du Festival de Cannes “pour soutenir leurs camarades qui luttent pour la révolution maoïste”. Le réalisateur tchèque Milos Forman et le réalisateur polonais Roman Polanski, tous deux présents au Festival, regardent ces fils à papa jouer les bolcheviks de salon en se grattant la tête. “Quoi ? Vous voulez entrer dans le monde communiste ? Mais savez-vous ce qui vous attend les idiots ? C’est l’enfer là-bas, on rêve d’en sortir !!!” Eh bien, ça y est. Tout est ici. 3⁄4 de la planète rêve de vivre ici. Et nous rêvons de la Chine de Mao. Allez comprendre…