Une réponse à la “fin de l’abondance” décrite par le chef de l’Etat. Mercredi 2 novembre, le projet de loi visant à accélérer les énergies renouvelables (ENR) parvient au Sénat, en séance publique. « Nous vivrions pour l’éternité sur une énergie qui n’était pas très chère et que nous contrôlions. Les temps ont changé”, avait plaidé Emmanuel Macron à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) le 22 septembre, en promettant d’aller deux fois plus vite pour développer l’éolien offshore. Il est urgent, a-t-il exhorté, de rattraper le retard important de la France et de sortir de la dépendance au gaz russe, que Vladimir Poutine a utilisé comme arme de guerre. A lire aussi : L’article est destiné à nos abonnés Energies renouvelables : une facture et une circulaire pour aller “au moins deux fois plus vite”
La direction suivra-t-elle ? Dans les coulisses de l’exécutif, la priorité ne semble pas si évidente. Officiellement, le gouvernement négocie durement avec toutes les sensibilités politiques. La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, consulte depuis l’été tous les milieux. “C’est quand même les nominations en marge”, assure le chef des députés écologistes, Cyrille Chatelain. “Il n’a même pas cherché à nous convaincre, mais à nous expliquer comment il fallait penser”, a fustigé le député haut-rhinois Les Républicains (LR) Raphaël Schellenberger. Le gouvernement ne se fait pas d’illusions sur l’implication de la droite, qui tient quatre fers à un mois du congrès du parti LR. “S’ils pensent que les énergies renouvelables vont compenser la désindustrialisation de la filière nucléaire, ils se trompent totalement”, ironise Annie Genevard députée, présidente par intérim de LR. Les réticences de la droite à l’Assemblée se révèlent plus dures que celles du Sénat, alors que la droite sénatoriale s’est déjà offert un avant-goût de débat houleux au Palais du Luxembourg.

Accord avec la gauche ?

Deux amendements déposés en commission ont poussé la gauche à rejeter le texte : le droit de veto des maires, qui permet à tout conseiller proche d’un projet ENR de s’y opposer, et l’interdiction d’installer des éoliennes à moins de 40 km des côtes, excluant de fait les projets au large la Manche et la Méditerranée. “Cela réduirait à zéro toute ambition pour l’éolien offshore en France”, pointe le président de la commission développement durable à l’Assemblée, Jean-Marc Zulesi (Renaissance). Dépouillé de son ambition initiale, le gouvernement tentera de restituer, dans les discussions en séance, l’esprit du plan de « tenir la roue ». Encore faudra-t-il trouver un accord avec la gauche, murmure-t-on à Matignon. Et notamment avec les députés de la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes). “On aurait une majorité qui serait construite à gauche”, espère un conseiller d’Agnès Pannier-Runacher. La majorité relative devra ajouter une trentaine de voix ou d’abstentions des autres groupes. Soit les trois quarts des voix des socialistes et des écologistes… Un défi, alors qu’Emmanuel Macron privilégiait une alliance avec la droite. Vous avez lu 50,57% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.