Jugé à Paris pour des exactions commises pendant la guerre civile libérienne, l’ancien chef rebelle Ulimo Kunti Kamara a été reconnu coupable de crimes contre l’humanité mercredi 2 novembre et condamné à la prison à vie.                

Après trois semaines plongées dans la guerre civile au Libéria et ses atrocités, le tribunal correctionnel de Paris a rendu mercredi son verdict contre l’ancien commandant rebelle Kudi Kamara, le condamnant à la prison à vie. Après plus de dix heures de délibération, Kunti Kamara a été reconnu coupable de toutes les charges retenues contre lui : crimes contre l’humanité, complicité de crimes contre l’humanité, torture et cruauté simples et aggravées. L’ancien rebelle libérien a écouté, est resté silencieux, le visage fermé, n’a pas eu de réelle réaction, rapporte notre envoyé spécial au tribunal de Paris, Sébastien Németh. C’est évidemment une satisfaction pour les parties civiles et plusieurs dizaines de victimes venues du Liberia témoigner à la barre durant ces trois semaines d’un procès historique. C’était en effet la première fois que la justice française se saisissait d’une affaire liée à la guerre civile au Libéria. Pour autant, l’affaire n’est pas forcément close, car les avocats de Kudi Kamara ont dix jours pour faire appel, ouvrant la possibilité d’un éventuel nouveau procès devant la cour d’appel de Paris.

L’ancien rebelle conteste les faits

Tout au long de ce procès sans précédent, des plaignants et des témoins du Libéria ont secoué la cour avec les horreurs d’un conflit aux racines complexes qui a décimé le petit pays d’Afrique de l’Ouest et a ouvert une énième plaie béante 30 ans plus tard. “Les crimes commis sont trop horribles pour être décrits”, a déclaré le journaliste et militant libérien John Stewart. Pour ses derniers mots devant le tribunal, l’accusé, au crâne chauve et à l’épaisse moustache, a de nouveau contesté les faits mercredi matin. “Je suis innocent aujourd’hui, je suis innocent demain, je n’étais qu’un soldat, c’est tout”, a déclaré Kudi Kamara, avant que le tribunal ne se retire pour délibérer et répondre aux 19 questions qui lui étaient posées. Au cours de la première des deux guerres civiles du Libéria (1989-1997), Kunti Kamara faisait partie du Mouvement uni de libération pour la démocratie (Ulimo), qui s’était emparé du nord-ouest du pays pour contenir la milice rivale du redoutable Charles Taylor. Dans ce quartier du Lofa, le “CO Kundi” – pour “commandant” – aurait participé à des exactions contre des civils qui ont conduit à son procès à Paris depuis le 10 octobre, au nom de la compétence universelle de la France sur les crimes les plus graves. .