Après avoir craint dans la soirée de perdre sa majorité, la Première ministre danoise Mette Frederiksen est sortie pour l’heure victorieuse, avec un siège en moins, à l’issue des élections législatives du mardi 1er novembre.
Au terme d’une longue nuit électorale, le bloc de gauche a remporté 87 sièges, auxquels il faut ajouter trois sièges du Groenland et des îles Féroé qui constituent une majorité de 90 sièges sur 179 au parlement danois.
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Au pouvoir depuis quatre ans, les sociaux-démocrates ont remporté à eux seuls 50 sièges, augmentant leur score 2019 de 1,6 point avec 27,5% des suffrages.
“Merci”, a écrit Mme Frederiksen, en publiant une photo d’elle souriante sur Instagram, son média préféré. “Je suis très, très heureuse”, a-t-elle déclaré aux journalistes en arrivant au parlement avec son mari. “Nous avons eu la meilleure élection depuis plus de vingt ans”, a-t-elle félicité ses partisans, échauffés par une victoire âprement disputée.
Répartition des centromères
Le bloc qui réunit la droite et l’extrême droite arrive en deuxième position avec 72 sièges, plus un aux Îles Féroé, et le parti centriste Modéré en récolte 16. C’est un exploit pour cette nouvelle formation centriste, créditée de seulement 2 % des intentions de vote deux mois, mais c’est aussi une déception. Plus tôt dans la soirée, le chef de file des Modérés, l’ancien Premier ministre Lars Loke Rasmussen, avait espéré pouvoir faire office d’arbitres. Il s’est dit prêt à discuter de l’implication du gouvernement.
Le chef du parti centriste Modéré, Lars Lokke Rasmussen, vote aux élections législatives, à Copenhague, le 1er novembre 2022. MARTIN SYLVEST / AP A lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le Premier ministre danois contraint de convoquer les urnes le 1er novembre
Le chef libéral Jakob Ellemann-Jensen, qui a raté sa candidature au poste de Premier ministre, s’est également dit prêt à parler de coopération, mais a exprimé son scepticisme. Une phase de longues négociations s’annonce : Mme Frederiksen a annoncé qu’elle remettrait mercredi sa démission à la Reine, qui devra lui demander de former un nouveau gouvernement.
L’élection anticipée a été provoquée par la “crise des visons”: un parti soutenant le gouvernement avait menacé de le renverser s’il ne convoquait pas d’élections pour s’assurer la confiance des électeurs après la décision, déclarée illégale par la suite, d’éliminer l’immense troupeau de visons pour combattre le coronavirus.
L’inflation à son plus haut niveau en quarante ans, les prix élevés de l’énergie et le système de santé dominaient le sondage.
Recomposition à l’extrême droite
Dans un pays qui a défendu les restrictions en matière d’immigration pendant plus de deux décennies, y compris au sein du parti social-démocrate de Mme Frederiksen, l’élection a également été marquée par un bouleversement des formations populistes anti-immigration de droite, scindées en trois partis rivaux.
Le Parti du peuple danois (DF) de longue date, qui dépassait les 20 % il y a quelques années à peine, est tombé à 2,5-2,9 %, son pire résultat depuis son entrée au Parlement en 1998. C’est un nouveau parti fondé par l’ancien ministre de l’immigration Inger Stojberg, les démocrates danois l’emporteraient avec 9,4% et 17 députés. Depuis la fin des années 1990, l’extrême droite a eu une influence significative sur la politique danoise.
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Le monde avec l’AFP