Il a fallu trois jours pour reconstituer, pièce par pièce, avec une méticulosité furieuse, le « puzzle » des attentats du 13 novembre 2015. Un réquisitoire de titane. Immergeant à nouveau le tribunal dans l’annulation de cette vaste enquête en 470 volumes, les procureurs généraux ont demandé au tribunal spécial de condamner tous les hommes qui ont comparu au procès. Pendant plus de quinze heures, les trois jeunes juges, Nicolas Le Bris, Camille Hennetier et Nicolas Braconnay, ont tenté de démêler les fils – parfois faibles – liant les 20 prévenus aux attentats. Rejetant toute “confusion” entre les “niveaux de responsabilité de chacun”, le parquet a écarté la notion de “seconds couteaux” qui tendent à minimiser le rôle de l’autre. “Avec conviction, complaisance, lâcheté ou cupidité, ils ont nourri la bête, hébergé la bête, transporté la bête, protégé la cachette de la bête, aidé à armer la bête”, a déclaré jeudi Nicolas Braconnay. S’ils ont reconnu l’existence de “zones grises” dans la préparation et l’exécution des attentats du 13 novembre, le procureur général a pointé la responsabilité des accusés. « Toutes les questions qui nous taraudent ont une réponse. Et la réponse est dans la boîte. “La plupart des accusés sont au courant, mais ils se taisent”, a déclaré Camille Hennetier dans un communiqué liminaire.

“Il savait qu’il allait saigner”

Comme prévu, les juges du PNAT ont requis une “peine lourde” contre Salah Abdeslam : la perpétuité inconciliable, la peine maximale infligée aux seuls rescapés des commandos de Paris et Saint-Denis. Critiquant la défense “acrobatique” de l’accusé, Camille Hennetier est revenu longuement jeudi sur ses déplacements à la fin de l’été 2015 pour “rapatrier” des membres de futurs commandos, s’appuyant largement sur l’étude de sa téléphonie. “La position de Salah Abdeslam dans cette cellule terroriste est différente de celle de son complice. Il ne s’est pas contenté d’aider, il a participé”, avait-il affirmé la veille. L’homme qui “cherchait à tout prix à passer pour un terroriste tombé du ciel”, expliquant à l’audience qu’il était entré dans la cellule au dernier moment, devait être jugé selon eux comme coauteur des crimes. a eu lieu cet après-midi, le 13 novembre 2015. “Comme ses complices, il a dans sa conscience le sang de toutes les victimes. “Et en tant que co-scénariste, c’est comme s’il avait ce sang sur les mains”, a insisté Nicolas Le Bris. Effacant la thèse proposée à l’audience par l’accusé pour avoir nié “humain” alors qu’il avait dû faire exploser son gilet explosif dans un café du 18e arrondissement, le juge de garde de ce soir, novembre, a rappelé que le communiqué de Daech faisait état de la mort de 8 les terroristes. Cependant, sept djihadistes ont été tués dans les attaques. Quant à sa ceinture explosive, le juge s’est référé aux déclarations faites par Salah Abdeslam à ses amis venus la récupérer à Paris dans la nuit du 13 au 14 novembre, évoquant un “défaut” dans son activation. Cette demande de sanction rarissime, qui rend quasiment impossible toute demande d’aménagement de peine, a été formulée au vu de la “gravité des faits commis”.

Embouts “interchangeables”

S’il a longtemps été “focalisé sur la colère”, Salah Abdeslam est cependant loin d’être le seul exposé à la réclusion à perpétuité. En tout, onze hommes, dont cinq sont dans la surface avec les Molenbeaks, encourent la peine maximale. C’est le cas de Mohamed Abrini, connu du grand public comme “l’homme au chapeau” après avoir été filmé à l’aéroport de Bruxelles le jour des attentats du 22 mars 2016 dans la capitale belge. Présent à Paris la veille des attentats de Paris et de Saint-Denis, en compagnie d’autres terroristes du Stade de France et des toits, Abrini est finalement rentré en Belgique quelques heures avant les attentats. “Sa démission ne doit pas être considérée comme un départ volontaire, elle n’a aucun effet sur les actions entreprises par la suite et elle ne peut pas l’exonérer de sa responsabilité”, a prévenu jeudi soir Nicolas Le Bris. Le parquet a requis une peine de prison à perpétuité de 22 ans contre lui, regrettant que l’homme “n’ait jamais exprimé le moindre regret” pour les attentats. Au cours de leur longue démonstration, les procureurs généraux ont insisté sur le caractère “interchangeable” des membres du noyau franco-belge. Qualifiés de “machines à tuer” et entraînés en Syrie par Daech, le Suédois Oussama Krayem et le Tunisien Sofien Ayari, qui sont restés silencieux tout au long de l’audience, doivent également être considérés comme des “complices” des attentats de novembre. poursuite.

“Le même potentiel de mort”

Certes, l’enquête n’a pas pu déterminer pourquoi, dans la nuit du 13, ces deux trentenaires se sont rendus à l’aéroport d’Amsterdam avant de regagner la Belgique. Mais l’existence d’un fichier informatique portant le nom de cet aéroport et retrouvé sur un ordinateur utilisé dans une cachette de la cellule ne laisse planer aucun doute : « Ce sont les deux rescapés des commandos hollandais », précise Nicolas Le Broken. Le duo, “pleinement intégré aux commandos terroristes”, a été condamné à la prison à vie avec une habilitation de sécurité de 30 ans. Comme ces deux membres du noyau, le ressortissant pakistanais Muhammad Usman et l’accusé algérien Adel Haddadi auraient dû “faire partie des parachutistes (…) Ils avaient tous le même potentiel de mort, la même formation” a conclu Camille Hennetier il y a quelques minutes depuis le prononciation des phrases. Tous deux ont été arrêtés en Grèce sur le chemin de la Belgique, ils n’ont pas pu rejoindre les “convois de la mort” le matin du 12 novembre. Contre ces deux “hommes d’affaires mécontents” qui encourent jusqu’à vingt ans de prison, le parquet antiterroriste a requis la peine maximale.

Les mains”

Il restait un groupe de “petites mains” sans lesquelles la cellule terroriste n’aurait pas pu s’organiser et survivre dans les semaines qui ont précédé les attentats. Le chef « logistique » voué à l’idéologie jihadiste, Mohamed Bakkali, était, selon le PNAT, le côté « englouti » du groupe, « omniprésent » et « en contact avec tous les terroristes ». Son silence à l’audience, jugé “opportuniste” par les procureurs généraux, lui a permis, selon eux, “d’éviter les questions agaçantes”. Parmi ces “escortes”, il est celui qui arrête les contrôles les plus lourds avec une peine de prison à perpétuité demandée, assortie d’une période de sécurité de 22 ans. Après lui, Ali El Haddad Asufi, Yassine Atar, Mohamed Amri, Farid Kharkhach, Hamza Attou, Abdallah Chouaa et Ali Oulkadi font l’objet de mandats allant de 16 à 5 ans de prison. Condamnations individualisées en fonction de leur degré d’engagement dans le djihadisme et des actions commises avant et après les attentats en faveur du noyau franco-belge. Qualifiés de « galériens affairés », « d’idéologues djihadistes », de « petits patrons », de « grands délinquants » par Nicolas Braconnay jeudi, ils ont, selon le procureur général, un « point commun » : c’est qu’ils « prennent le responsabilité de soutenir cet acte terroriste. Ouvrant son réquisitoire mercredi après-midi, Camille Hennetier avait pourtant mis en garde le tribunal et les partis politiques : à l’issue de ce procès “rempli de symboles, d’espoir, d’attentes”, non “la vérité émerge toujours, mais une vérité judiciaire”. A partir de lundi, c’est au tour des avocats des accusés de défendre les leurs.


title: “Le Procureur Antiterroriste Requiert La Perp Tuit Contre Salah Abdeslam " ShowToc: true date: “2022-12-04” author: “Jerry Shiner”


Il a fallu trois jours pour reconstituer, pièce par pièce, avec une méticulosité furieuse, le « puzzle » des attentats du 13 novembre 2015. Un réquisitoire de titane. Immergeant à nouveau le tribunal dans l’annulation de cette vaste enquête en 470 volumes, les procureurs généraux ont demandé au tribunal spécial de condamner tous les hommes qui ont comparu au procès. Pendant plus de quinze heures, les trois jeunes juges, Nicolas Le Bris, Camille Hennetier et Nicolas Braconnay, ont tenté de démêler les fils – parfois faibles – liant les 20 prévenus aux attentats. Rejetant toute “confusion” entre les “niveaux de responsabilité de chacun”, le parquet a écarté la notion de “seconds couteaux” qui tendent à minimiser le rôle de l’autre. “Avec conviction, complaisance, lâcheté ou cupidité, ils ont nourri la bête, hébergé la bête, transporté la bête, protégé la cachette de la bête, aidé à armer la bête”, a déclaré jeudi Nicolas Braconnay. S’ils ont reconnu l’existence de “zones grises” dans la préparation et l’exécution des attentats du 13 novembre, le procureur général a pointé la responsabilité des accusés. « Toutes les questions qui nous taraudent ont une réponse. Et la réponse est dans la boîte. “La plupart des accusés sont au courant, mais ils se taisent”, a déclaré Camille Hennetier dans un communiqué liminaire.

“Il savait qu’il allait saigner”

Comme prévu, les juges du PNAT ont requis une “peine lourde” contre Salah Abdeslam : la perpétuité inconciliable, la peine maximale infligée aux seuls rescapés des commandos de Paris et Saint-Denis. Critiquant la défense “acrobatique” de l’accusé, Camille Hennetier est revenu longuement jeudi sur ses déplacements à la fin de l’été 2015 pour “rapatrier” des membres de futurs commandos, s’appuyant largement sur l’étude de sa téléphonie. “La position de Salah Abdeslam dans cette cellule terroriste est différente de celle de son complice. Il ne s’est pas contenté d’aider, il a participé”, avait-il affirmé la veille. L’homme qui “cherchait à tout prix à passer pour un terroriste tombé du ciel”, expliquant à l’audience qu’il était entré dans la cellule au dernier moment, devait être jugé selon eux comme coauteur des crimes. a eu lieu cet après-midi, le 13 novembre 2015. “Comme ses complices, il a dans sa conscience le sang de toutes les victimes. “Et en tant que co-scénariste, c’est comme s’il avait ce sang sur les mains”, a insisté Nicolas Le Bris. Effacant la thèse proposée à l’audience par l’accusé pour avoir nié “humain” alors qu’il avait dû faire exploser son gilet explosif dans un café du 18e arrondissement, le juge de garde de ce soir, novembre, a rappelé que le communiqué de Daech faisait état de la mort de 8 les terroristes. Cependant, sept djihadistes ont été tués dans les attaques. Quant à sa ceinture explosive, le juge s’est référé aux déclarations faites par Salah Abdeslam à ses amis venus la récupérer à Paris dans la nuit du 13 au 14 novembre, évoquant un “défaut” dans son activation. Cette demande de sanction rarissime, qui rend quasiment impossible toute demande d’aménagement de peine, a été formulée au vu de la “gravité des faits commis”.

Embouts “interchangeables”

S’il a longtemps été “focalisé sur la colère”, Salah Abdeslam est cependant loin d’être le seul exposé à la réclusion à perpétuité. En tout, onze hommes, dont cinq sont dans la surface avec les Molenbeaks, encourent la peine maximale. C’est le cas de Mohamed Abrini, connu du grand public comme “l’homme au chapeau” après avoir été filmé à l’aéroport de Bruxelles le jour des attentats du 22 mars 2016 dans la capitale belge. Présent à Paris la veille des attentats de Paris et de Saint-Denis, en compagnie d’autres terroristes du Stade de France et des toits, Abrini est finalement rentré en Belgique quelques heures avant les attentats. “Sa démission ne doit pas être considérée comme un départ volontaire, elle n’a aucun effet sur les actions entreprises par la suite et elle ne peut pas l’exonérer de sa responsabilité”, a prévenu jeudi soir Nicolas Le Bris. Le parquet a requis une peine de prison à perpétuité de 22 ans contre lui, regrettant que l’homme “n’ait jamais exprimé le moindre regret” pour les attentats. Au cours de leur longue démonstration, les procureurs généraux ont insisté sur le caractère “interchangeable” des membres du noyau franco-belge. Qualifiés de “machines à tuer” et entraînés en Syrie par Daech, le Suédois Oussama Krayem et le Tunisien Sofien Ayari, qui sont restés silencieux tout au long de l’audience, doivent également être considérés comme des “complices” des attentats de novembre. poursuite.

“Le même potentiel de mort”

Certes, l’enquête n’a pas pu déterminer pourquoi, dans la nuit du 13, ces deux trentenaires se sont rendus à l’aéroport d’Amsterdam avant de regagner la Belgique. Mais l’existence d’un fichier informatique portant le nom de cet aéroport et retrouvé sur un ordinateur utilisé dans une cachette de la cellule ne laisse planer aucun doute : « Ce sont les deux rescapés des commandos hollandais », précise Nicolas Le Broken. Le duo, “pleinement intégré aux commandos terroristes”, a été condamné à la prison à vie avec une habilitation de sécurité de 30 ans. Comme ces deux membres du noyau, le ressortissant pakistanais Muhammad Usman et l’accusé algérien Adel Haddadi auraient dû “faire partie des parachutistes (…) Ils avaient tous le même potentiel de mort, la même formation” a conclu Camille Hennetier il y a quelques minutes depuis le prononciation des phrases. Tous deux ont été arrêtés en Grèce sur le chemin de la Belgique, ils n’ont pas pu rejoindre les “convois de la mort” le matin du 12 novembre. Contre ces deux “hommes d’affaires mécontents” qui encourent jusqu’à vingt ans de prison, le parquet antiterroriste a requis la peine maximale.

Les mains”

Il restait un groupe de “petites mains” sans lesquelles la cellule terroriste n’aurait pas pu s’organiser et survivre dans les semaines qui ont précédé les attentats. Le chef « logistique » voué à l’idéologie jihadiste, Mohamed Bakkali, était, selon le PNAT, le côté « englouti » du groupe, « omniprésent » et « en contact avec tous les terroristes ». Son silence à l’audience, jugé “opportuniste” par les procureurs généraux, lui a permis, selon eux, “d’éviter les questions agaçantes”. Parmi ces “escortes”, il est celui qui arrête les contrôles les plus lourds avec une peine de prison à perpétuité demandée, assortie d’une période de sécurité de 22 ans. Après lui, Ali El Haddad Asufi, Yassine Atar, Mohamed Amri, Farid Kharkhach, Hamza Attou, Abdallah Chouaa et Ali Oulkadi font l’objet de mandats allant de 16 à 5 ans de prison. Condamnations individualisées en fonction de leur degré d’engagement dans le djihadisme et des actions commises avant et après les attentats en faveur du noyau franco-belge. Qualifiés de « galériens affairés », « d’idéologues djihadistes », de « petits patrons », de « grands délinquants » par Nicolas Braconnay jeudi, ils ont, selon le procureur général, un « point commun » : c’est qu’ils « prennent le responsabilité de soutenir cet acte terroriste. Ouvrant son réquisitoire mercredi après-midi, Camille Hennetier avait pourtant mis en garde le tribunal et les partis politiques : à l’issue de ce procès “rempli de symboles, d’espoir, d’attentes”, non “la vérité émerge toujours, mais une vérité judiciaire”. A partir de lundi, c’est au tour des avocats des accusés de défendre les leurs.