C’est une énorme “affaire froide” qui ne pourra jamais être conclue. Mais en une seule arrestation, les enquêteurs ont peut-être mis fin à 56 affaires différentes, vieilles d’environ 30 ans. Arrêté en février 2018, Dino Scala, surnommé “le violeur de Sambre” – après avoir opéré dans la vallée du même nom – comparaîtra ce vendredi devant le tribunal civil de Dwayne. Aujourd’hui âgé de 61 ans et accusé d’avoir écrit 56 viols, tentatives de viols et agressions sexuelles depuis 1988, il risque jusqu’à 20 ans de prison.

Endroit calme et agressivité par derrière, la “Scala touch”

De la Fontenelle dans le nord de la France à Namur en Belgique, la Sambre s’étend sur 190 km. Mais l’étude d’une portion de 30 kilomètres suffit à se réapproprier le parcours criminel de Dino Scala. La première plainte remonte à 1988. Une jeune femme aurait été agressée tôt le matin sur la Maubeuge, où son agresseur a réussi à l’immobiliser en lui tenant un chiffon sur la bouche. Ensuite, des plaintes similaires apparaissent presque chaque année jusqu’en 2018. Le mode opératoire est à chaque fois le même : discret, l’individu semble repérer sa proie très tôt, entre 17h et 17h. et 8 heures du matin, dans des zones plutôt isolées. Sous la menace d’un couteau et à l’aide d’un cordon ou d’un foulard, il intervient par derrière et oblige ainsi sa victime à exécuter ses ordres. “Scala touch”, souffle un avocat.

Plaintes du Scorpion

Problème : si les plaintes se multiplient au fil des années, elles sont déposées dans divers commissariats locaux, donnant lieu à des enquêtes éparses. “Il y a vingt ans, nous avons mis les moyens à disposition. A cette époque, rien n’avait été numérisé. Donc, aucun accord n’a été trouvé entre les services de police où les plaintes ont été déposées”, a déclaré à BFMTV.com Me Sandrine Billard, représentant trois victimes présumées. . Comme les médias locaux, la police ne communique pas vraiment avec ces événements épars. “Les autorités n’ont peut-être pas voulu provoquer une vague de panique”, a déclaré l’avocat. Le “violeur de Sambre” n’existe pas encore, la police ne croit pas que tous les crimes aient pu être commis par une seule et même personne.

Une information judiciaire a été ouverte en 1998

C’est à la fin des années 1990 que les enquêteurs font état d’un premier lien entre de nombreuses plaintes, notamment entre 1996 et 1998. Le processus, encore une fois, est toujours le même. L’ADN est également obtenu à partir de nombreuses scènes de crime. Première grande avancée : les différents échantillons s’imbriquent, il s’agit en fait de la même personne. En juillet 1998, la police judiciaire de Lille a finalement confisqué des informations judiciaires, dans lesquelles quinze cas ont été recueillis. Mais là encore, les investigations s’éclipsent et le coupable, toujours libre, continue de détruire. Trois portraits de robots sont réalisés à partir des témoignages de certaines victimes, mais ce ne sont pas les mêmes, l’agresseur agit de dos et, souvent, son visage est caché.

Des centaines d’hommes ont écouté, en vain

Des cas similaires se produisent le long de la Sambre, de l’autre côté de la frontière. Après avoir opéré dans la région de Maubeuge, l’homme semble avoir été redirigé vers la Belgique depuis 2004. Les entreprises locales des villes où se sont déroulés les événements font l’objet d’enquêtes. Une expertise ADN est réalisée pour tenter de la restituer au suspect. En vain. En tout, plusieurs centaines d’hommes sont entendus par la police au cours de cette vaste enquête. Toutes ces audiences se soldent par un échec. “Il y a vingt ans, ce genre de dossier n’était pas prioritaire. Il y a une sorte d’indifférence. Aujourd’hui ce ne serait pas comme ça, les mentalités ont changé”, a déclaré Me Hervé Banbanaste, l’avocat d’une autre victime, contacté par BFMTV. com. « Mais c’est la question qui sera au cœur du procès : pourquoi a-t-il fallu si longtemps pour que ces crimes soient résolus ?

Tournant décisif en 2018

Trente ans après les premiers événements, l’enquête prend un tournant décisif. Le 5 février 2018, une jeune fille de 17 ans a été agressée sexuellement. Un homme essaie de toucher sa poitrine, près d’Erquelinnes, en Belgique. Mais la police, cette fois, a un avantage : des images de vidéosurveillance montrent un homme garant sa voiture près du lieu de l’attentat, au moment des faits, non loin de Jeumont Electric. Le rapport belge revient aux enquêteurs français le 14 février, qui à leur tour peuvent revenir vers le suspect. Douze jours plus tard, le 26 février 2018, Dino Scala est interpellé alors qu’il sortait de son domicile de Pont-sur-Sambre au petit matin. Cordons, couteaux, foulards… Dans sa maison comme dans sa voiture, les enquêteurs ont saisi entre leurs mains toutes les informations évoquées dans les témoignages des victimes. Plus encore, l’ADN le confirme : le suspect est bien l’homme que nous recherchons depuis des années.

“J’avais l’esprit d’un chasseur”

Après avoir gardé le silence lors de la première audience, Dino Scala finira par avouer une quarantaine des faits qui lui sont reprochés. Il revient lentement à son mode d’action. “C’est toujours le même scénario. C’est toujours la même période, ça commence toujours vers la mi-septembre à avril-mai. C’est toujours presque les mêmes heures, les mêmes endroits, les mêmes heures, c’est cyclique”, a-t-il expliqué. interrogatoires qu’il subit. Dino Skala localise d’abord ses victimes, les observe dans leur mouvement matinal pendant quelques jours, avant de passer à l’action. “J’étais accroupi et j’attendais une opportunité. Vous savez, j’avais l’esprit d’un chasseur. D’une manière ou d’une autre, un chasseur rencontre un chasseur et est prêt à tirer.”

Une tribu très “secrète” de Skala

Qu’est-ce qui, dans la vie de Dino Scala, aurait pu faire de lui un tel prédateur sexuel ? Dans la famille, on évoque souvent la rumeur selon laquelle le père de Dino Scala serait lui-même l’auteur de l’abus sexuel. “Certains décrivent une relation violente entre un parent et un patriarche autoritaire qui fait respecter sa loi, tandis que d’autres parlent d’une famille soudée, ‘merveilleuse’ et aimante.” Une tribu Skala « gardée secrète », résume un témoin. Quoi qu’il en soit, devant les enquêteurs, Dino Scala affirme qu’il est en colère contre les femmes. Ceux qui sont sur son chemin les matins d’hiver sont donc victimes de ses pulsions sexuelles. Du côté belge, cette façon d’agir ne lui vaudra que le surnom de “le violeur des premiers matins d’hiver” quand les journées sont courtes. Ce dernier est catégorique : il n’était pas lui-même lors de ces viols et agressions, et il regrette de ne pas avoir été soigné. Mais les rapports des psychiatres impliqués dans l’affaire sont clairs : aucune élimination de discrimination ou de trouble de la personnalité n’est reconnue à Dino Scala lors de sa prestation. Il présente cependant une forme informelle de “trouble du sadisme sexuel”. “Le fait que je passe à l’action me satisfait, mais on ne peut pas dire que je ressens du plaisir”, a-t-il déclaré lors d’un de ses interrogatoires. “En plus, je suis normal.”

« Restez avec la population »

La plupart de ceux qui l’ont connu à propos de Dino Scala diraient “normal”. Père de cinq enfants issu de deux mariages différents, bon employé chez Jeumont Electric, il a investi dans sa vie natale, entraîneur et président de l’équipe de foot locale, un casier judiciaire vierge… Avant d’être étiqueté “le violeur de la Sambre”, Dino Scala c’est plutôt un “tout être humain” populaire, dont l’existence ne fait pas de vagues. “Rien ne le surpassait, il se mêlait à la population. C’était un homme sans histoires qui bénéficiait de l’indifférence judiciaire”, décrit Me Hervé Banbanaste. Cela explique pourquoi, pendant des années, son entourage proche ne s’est douté de rien. “Si c’est le cas, il cachait bien son jouet”, a déclaré un membre de la famille aux enquêteurs. Respecté, serviable, courageux… Des mots qui reviennent dans la bouche de ceux qui l’ont connu, alors qu’il a agi à l’insu de tous.

La recette en question

Parfois, plusieurs décennies après l’incident, l’appel de la police pour annoncer l’arrestation d’un suspect a entraîné des décharges électriques chez certaines victimes. “Ils avaient appris à vivre avec ce qui leur était arrivé, à le mettre sous le tapis. Cette capture a réveillé le monstre endormi”, a déclaré Me Emmanuel Riglaire à BFMTV.com. Alors que certains faits sont prévus – le délai de prescription pour viol est fixé à 20 ans en France et 10 ans en Belgique – cette question devrait être examinée à l’ouverture du procès ce vendredi. Pourtant, cela ne devrait pas poser de problème, espère Me Sandrine Billard. “On a la capacité de prolonger la prescription en cas de délits en série, quand on a le même mode opératoire, le même profil de victime et qu’il y a eu des incidents réguliers”, explique-t-il. Pour les 54 victimes encore en vie, l’audience leur ouvre alors la porte pour tourner la page et entamer enfin un processus de reconstruction. “Mes clients ont peur d’être à nouveau confrontés à leurs agresseurs”, poursuit l’avocat. “Vont-ils le voir? Je ne sais pas. Le test est déjà …