“La réforme soulève trop de questions sans réponse et ses bénéfices ne sont pas établis”, ajoutent les deux organisations, sans toutefois appeler au retrait du projet. Ils appellent le ministre Darmanin à “une décision rapide d’apaisement” afin de “revenir à un vrai terrain d’échange” sur ce dossier. « Si effectivement, le projet est modifiable comme le ministre lui-même l’a affirmé, ce n’est pas le moment de le prouver », écrit de son côté la Cellule SGP Police, disant « renier l’architecture » du projet stream.

“Prendre des mesures d’apaisement sans tarder”

Synergie-Officiers demande également au ministre-directeur général de la police nationale (DGPN) Frédéric Veaux de “prendre sans délai des mesures palliatives”. Le syndicat réclame le choix d’un “niveau zonal” de gestion pour la PJ et “certainement pas départemental” comme actuellement envisagé dans la réforme. Alliance, Synergie et Unsa, réunies depuis quelques semaines dans un même “bloc” syndical en vue des élections professionnelles de fin d’année, réitèrent également leur demande de “moratoire”, déjà demandée début septembre. . Côté politique, les groupes de députés et sénateurs socialistes ont également dénoncé une réforme “dangereuse”, menée dans un souci de “pure rationalisation fiscale” par le ministre de l’Intérieur, dans une tribune publiée dans le Journal du Dimanche.

Le licenciement d’Eric Arella qui ne passe pas

L’Union nationale de la police judiciaire (ANPJ), qui s’est constituée en août contre la réforme, a exprimé samedi son “indignation et sa déception” après le limogeage d’Eric Arella, le chef de la police judiciaire du sud de la France. Il a été démis de ses fonctions vendredi, au lendemain d’une action de ses troupes contre la PJ réformée, à l’occasion de l’arrivée à Marseille de Frédéric Veaux. “Ce grand patron, au parcours et au parcours exemplaires, était unanimement reconnu et apprécié des personnels, magistrats et officiers de police judiciaire”, écrit l’association, dénonçant les “méthodes autoritaires” de la DGPN. L’ANPJ “compte sur les plus hautes autorités de l’Etat pour trouver une solution acceptable à cette crise sans précédent de la police judiciaire”, ajoute-t-il. L’éviction de M. Arella a suscité l’indignation dans les rangs de la célèbre PJ et dans le monde judiciaire. En signe de protestation, des centaines d’enquêteurs se sont rassemblés devant leurs services vendredi après-midi. Ces rassemblements ont eu lieu “dans plus de 40 villes”, selon l’ANPJ. Le plan de réforme prévoit de placer tous les services de police au niveau départemental – renseignement, sécurité publique, police des frontières (PAF) et police judiciaire (PJ) – sous l’autorité d’un seul directeur départemental de la police (DDPN), rattaché au préfet. Les opposants au projet dénoncent le risque de « mettre à plat » la PJ et d’alourdir la charge du préfet dans les investigations.