C’est une carence qui touchera près d’un enfant sur cinq en début d’année scolaire. Depuis une dizaine d’années, le secteur des autobus a beaucoup souffert d’un manque de chauffeurs. La crise sanitaire et financière du Covid-19 n’a pas arrangé les choses. A un point où aujourd’hui l’industrie tire la sonnette d’alarme : pour cette année 2022 elle a besoin de 15 000 chauffeurs. Rien qu’en septembre, 8 000 chauffeurs sont portés disparus. Au risque de révisions d’itinéraires, voire d’interruption pure et simple des lignes, au détriment des usagers. Découvrez le tweet
Quelques contrats et horaires dégressifs
Comment, alors, dire que ce secteur attire si peu ? Premier obstacle : le nombre de contrats à temps partiel en raison des horaires de travail. En particulier, les chauffeurs de bus ne travaillent parfois que quelques heures par jour, au moment de leur expédition.
Transfert scolaire en 4 formes
Sur les 66 000 véhicules de tourisme, plus de 60 % sont des autobus scolaires (40 000). Ils sont reliés par des lignes régulières, représentant 80% du parc d’autocars.- Les services scolaires et les lignes régulières desservent plus de 15 000 communes grâce à près de 120 000 correspondances.- Les autocars transportent chaque jour près de deux millions d’élèves.- 40% de certains contrats liés à transfert scolaire. “Les chauffeurs travaillent le matin pour amener les enfants à l’école. Puis, en fin d’après-midi, de ramener les enfants à la maison”, explique auprès d’actu.fr Ingrid Mareschal, déléguée générale de la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV). En dehors de ces créneaux, le pilote reste indifférent pour le reste de la journée. Sauf s’il cumule d’autres activités. “Ce n’est pas toujours facile, entre ces horaires ce n’est pas toujours compatible avec d’autres missions, mais aussi l’équilibre avec sa vie privée”, souligne dans actu.fr Rémy, 35 ans.
Cumulez les contrats
Pour ce chauffeur de car isérois, une journée type de chauffeur de car scolaire commence à 6h45. et se termine à 18h. Il y a quelque temps, il débarquait à Marseille (Bouches-du-Rhône) : “J’ai conduit, j’ai dormi là-bas, le lendemain, je suis parti. Il ajoute : « Dans mon travail, nous parlons pendant des heures, pas des jours. » Vidéo : actuellement sur Actu On n’a pas forcément envie d’encaisser 10 contrats et de s’épuiser pour un salaire décent. C’est un métier complexe qui demande un grand sentiment de sécurité : nous transportons des personnes, donc les déplacements en chaîne ne sont pas la solution. Surtout avec notre programme. Chauffeur RémyBus Cependant, la situation reste disparate sur le territoire. “En Île-de-France, vu la densité, c’est moins compliqué car les chauffeurs sont occupés à autre chose. Ce n’est pas si simple, en revanche, pour ceux qui sont dans des zones plus rurales”, ajoute Ingrid Mareschal.
La question des salaires
Ces contrats de sous-traitance posent logiquement la question des salaires, jugés faibles. En moyenne, le salaire d’un chauffeur de car se situe entre 600 et 800 euros par mois à temps partiel et entre 1 500 et 2 000 euros à temps plein. Cependant, l’industrie promet de faire un effort. “Chaque année, nous essayons d’augmenter les salaires. Là, en 2022, on a augmenté le minimum social de 5 % et les salaires des guides scolaires de 7,5 %, explique Ingrid Mareschal. Cela dépend aussi du niveau d’ancienneté, des qualifications… Et des primes. Près de deux millions d’enfants prennent le bus scolaire chaque jour. (© L’Éclaireur de Châteaubriant) Vu mon niveau de salaire, clairement, je compte sur les primes ! Sans bonus, pendant le Covid, j’ai touché 1 350 euros net. Là le mois dernier j’étais à 2150 euros. Chauffeur RémyBus Ces fluctuations salariales parfois importantes peuvent en dérouter plus d’un : « Selon les contrats et les entreprises, vous pouvez avoir votre horaire du jour au lendemain, des heures supplémentaires pas toujours payées en fin de mois, car elles sont écartées d’un mètre et réglées à la fin. de l’année. »
Rendre la profession plus accessible aux jeunes
Dernier point, enfin : l’âge auquel les nouveaux conducteurs peuvent entrer sur le marché du travail. “Avant, pour passer le permis D, il fallait avoir 21 ou 23 ans, selon sa formation”, précise Ingrid Mareschal.
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Mais à partir de mai 2021 et du décret no. 2021-542, l’âge a été ramené à 18 ans, selon la norme de la réglementation européenne. “Si nous sommes avant tout un métier de reconversion, nous espérons qu’il attirera davantage de jeunes conducteurs”, précise-t-il encore.
Car aujourd’hui, l’âge moyen pour nous est de 51 ans. Dans quelques années, nous aurons des départs à la retraite et non des successions.
Ingrid Mareschal Représentante Générale de la FNTV
“Ce manque est un cercle vicieux”
Depuis 10 ans qu’il travaille comme chauffeur, Rémy avoue avoir toujours constaté une pénurie dans le domaine. “D’année en année, ça ne s’améliore pas”, dit-il. Car plus que les contrats, les salaires, les reconversions que les métiers, le problème est plus profond. Ce manque est un cercle vicieux. Les invitations aux concours, publics, sont faites par les élus, qui cherchent souvent à faire des économies. Les grands géants de l’industrie (Keolis, Transdev, RATP, etc.) sont ceux qui ont le plus de potentiel, donc ils baissent les prix pour conquérir les marchés. Chauffeur RémyBus Le guide de l’Isère pointe également le recours à certaines zones de sous-traitance pour les transferts scolaires : « Les entreprises ne postulent que pour ces missions et négligent d’autres déplacements complémentaires potentiels, comme les activités périscolaires. » Alors que cela pourrait être une solution : combiner le marché scolaire et les sorties à la journée (emmener les enfants à la montagne, proposer des sorties piscine, etc.). Pour rendre la minuterie plus intéressante. Chauffeur RémyBus
Vérifiez les rangées et réappairez
A trois mois de la rentrée, la FNTV ne cache pas son inquiétude tant la situation devient urgente. “Même si nous avons un pic de candidatures actuellement, nous avons déjà dépassé le délai”, a déclaré Ingrid Mareschal.
La formation pour devenir chauffeur prend plusieurs mois, les entreprises préviennent désormais qu’elles n’auront pas de chauffeurs pour toutes leurs pistes à la rentrée. Ingrid MareschalDéléguée Générale sur FNTV Pour combler cette lacune, l’industrie réfléchit à la suspension de certaines lignes et à la mise en place de lignes prioritaires pour la réaffectation des chauffeurs. “C’est pour déshabiller Paul pour habiller Jacques”, soupire Rémy, qui avoue sa peur d’un métier “excitant mais mourant”. » Cependant, il ne manque pas d’avantages. “Il est difficile d’obtenir une image si vous ne connaissez pas l’environnement, mais il y a beaucoup de points positifs ! s’exclame Ingrid Marshall. “Il y a une telle liberté, une relation humaine, je n’ai pas l’impression de travailler quand je roule, je marche”, ajoute Rémy, qui en a toujours été passionné depuis 10 ans. Il faut qu’on nous donne plus de voix, parce qu’on est sur le terrain. C’est un excellent travail et nous, les pilotes, sommes prêts à le défendre pour améliorer les choses. Et nous avons de la place ! Chauffeur RémyBus L’industrie continue de recruter activement des conducteurs dans toute la France. Une campagne de communication FNTV sera lancée prochainement. Est-ce que cet article vous a aidé? Notez que vous pouvez suivre Actu dans Mon Actu. En un clic, après inscription, vous retrouverez toute l’actualité de vos villes et noms favoris.