C’est notre responsabilité et en même temps notre privilège d’être sur le terrain où ces enjeux se jouent, ce qui nous permet de rencontrer les citoyens et d’apporter un éclairage tout à fait unique. De plus, les dernières années ont été extrêmement difficiles à bien des égards. Une pandémie dont les répercussions se font encore sentir, des sociétés en profonde mutation, des régimes totalitaires en plein essor, des bouleversements climatiques, de nouvelles guerres et plus encore, presque des années. De Hong Kong à Kaboul, de Stockholm à Mumbai, du désert du Nevada à Rio, de Nairobi à Kyiv, nous sommes là pour faire le meilleur journalisme. Ainsi, depuis janvier dernier, nous avons déployé nos équipes dans 36 pays, toujours dans le but d’expliquer et de contextualiser. Nous avons consacré des ressources importantes à la couverture de la guerre en Ukraine depuis ses débuts, envoyant 15 équipes dans les deux sens à travers ce pays et dans toute la région. Et nous continuerons à le faire.
Paris et Washington
Nos bureaux à l’étranger sont une pierre angulaire de la richesse de notre offre. Établis à des endroits stratégiques pour les auditoires canadiens, ils assurent un ancrage quotidien dans des sphères d’influence qu’il faut parcourir jour après jour. En Europe, Radio-Canada a un bureau à Paris, tandis que CBC est basée à Londres. Ces derniers mois, nos journalistes ont suivi des dossiers importants tels que les conséquences de la guerre en Ukraine et sa crise énergétique, la mort de la Reine et l’instabilité à la tête du Royaume-Uni ou encore l’avènement de l’extrême droite à la tête de le gouvernement italien. À Washington, notre bureau de CBC/Radio-Canada travaille d’arrache-pied pour couvrir à la fois la politique américaine, avec les élections de mi-mandat en novembre, et les changements sociaux et environnementaux de ce pays. Le départ d’acteurs majeurs comme la Russie et la Chine nous oblige à repenser notre façon de couvrir la scène internationale.
Moscou
Le 18 mai 2022, nous avons été profondément choqués par la décision des autorités russes de fermer notre bureau et de révoquer les accréditations et les visas de notre équipe de journalistes, nous expulsant ainsi du territoire. Radio-Canada et CBC sont là depuis 44 ans par l’intermédiaire de nos correspondants et du personnel local. Les autorités russes ont cité des représailles en réponse aux actions du Canada, ignorant ainsi la distinction entre l’action du gouvernement canadien et l’agence de presse indépendante qu’est Radio-Canada. À notre connaissance, c’est la première fois qu’un de nos bureaux est expulsé d’un pays de cette manière. Et le seul à ce jour à avoir subi un tel shutdown de la part de tous les médias étrangers présents à Moscou. Depuis la fermeture imposée par Moscou, notre correspondante Tamara Alteresco tente de couvrir la Russie de loin et des pays voisins. Face à cette situation, nous étudions différentes possibilités de rester à la périphérie de la Russie, notamment l’ouverture d’un bureau temporaire dans un pays voisin afin de couvrir les problématiques régionales et sa sphère d’influence.
Pékin et Taïwan
Un autre axe majeur de notre couverture est la Chine, que nous couvrons également à travers les yeux de nos correspondants de Radio-Canada et de CBC depuis 40 ans. Malheureusement, depuis la nomination de notre nouveau correspondant en Asie, Philippe Leblanc, et sa demande de visa en octobre 2020, tous nos efforts pour l’y installer sont restés vains. Les rencontres avec le consul de Montréal et les démarches subséquentes se sont terminées sans succès. Seule notre présence aux Jeux Olympiques l’hiver dernier à Pékin nous l’a permis. Et ce, dans un cadre très strict. En avril, les chefs de l’information de CBC et Radio-Canada, Brodie Fenlon et Luce Julien, ont écrit à l’ambassadeur de Chine au Canada, Cong Peiwu, pour demander à nouveau un visa pour Philippe Leblanc à Pékin. Nous lui avons exprimé toute l’importance historique de nos pays respectifs et l’impossibilité de continuer à maintenir un tel bureau si nous ne pouvons pas être là. Nous avons depuis reçu un simple reçu. C’est à contrecœur que nous avons finalement pris la décision de fermer notre bureau. Malheureusement, Radio-Canada n’est pas la seule à éprouver des difficultés majeures dans sa mission journalistique en Chine. Les relations entre les médias étrangers et le gouvernement chinois ont toujours été compliquées. Ils sont devenus particulièrement tendus ces dernières années. Comme beaucoup d’autres médias, nous continuerons à couvrir l’actualité de cette vaste région, mais désormais nous le ferons depuis Taïwan. Philippe Leblanc y sera basé pour les deux prochaines années. D’une extrême importance géostratégique, cette île de 24 millions d’habitants située au cœur de cette région du monde sera aussi l’un des points de tension avec la Chine dans les années à venir. Comme nos collègues de Radio-Canada, nous espérons qu’un jour la Chine s’ouvrira à nouveau à nos journalistes, tout comme nous espérons une ouverture des autorités russes pour nous relocaliser à Moscou. Ainsi, avec cette nouvelle configuration de notre couverture internationale, nous continuerons à couvrir au plus près, sur le terrain, l’évolution d’un monde en constante évolution. Le journalisme est un obstacle permanent. Notre priorité reste à tout moment de respecter notre mission auprès de vous, qui est de vous apporter l’information internationale au plus près de vous. Luce Julien est directrice générale de l’information à Radio-Canada Ginette Viens est directrice principale, programmation, information, actualité et déploiement à Radio-Canada