C’est le dernier endroit où Justine Vayrac a été vue vivante avant d’être enlevée, kidnappée, violée, assassinée et enterrée, et dont le corps a été retrouvé le 27 octobre. Le principal suspect, qui a avoué les événements, était son ami. Ils se sont rencontrés à l’extérieur de l’établissement. “Cette histoire a choqué beaucoup de monde”, confie Ludivine, 22 ans, à 20 Minutes, en sirotant un cocktail à la terrasse du Sweet, l’un des trois bars de la rue. Avant de se rendre dans ce club qui ouvre à 23h, les jeunes du quartier commencent la fête dans l’un des trois bars du centre de #brive, nous raconte un chauffeur de taxi pic.twitter.com/tcIx4iSBz9 — Cécile de Sèze (@CecileDSZ) 4 novembre 2022 L’accès à ce contenu a été bloqué pour respecter votre choix de consentement En cliquant sur ” J’ACCEPTE “, vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et ainsi vous aurez accès aux contenus de nos partenaires J’ACCEPTE
Et pour récompenser au mieux les 20 minutes, n’hésitez pas à accepter tous les cookies, même pour une seule journée, via le bouton “J’accepte pour aujourd’hui” dans le bandeau ci-dessous. Plus d’informations sur la page Politique de gestion des cookies. Et la discothèque a choisi de rester fermée “par respect et solidarité avec les célébrations organisées pour rendre hommage à Justine”, ont expliqué les locataires dans un post Facebook. Ce vendredi, la jeune femme a en effet été enterrée dans son village de Tauriac dans le Lot. Il y a toujours le Cardinal, ou “Cardi” comme tout le monde l’appelle, c’est la deuxième boîte de nuit, réservée à une clientèle plus large, notamment les trentenaires, selon plusieurs témoignages.

La fête continue, avec prudence

Mais ce week-end à Brive, c’est la 40e édition du Salon du livre, et pour l’occasion, la discothèque est “presque privatisée” pour les écrivains et tout le gratin, explique le barman du Café de Paris à 20 Minutes, Alex. . Il travaille également chez Charrette et “Cardi”, les trois magasins appartenant au même propriétaire. Et ce vendredi soir, “pour beaucoup d’entre eux, il n’y aura pas de clubbing”, dit-il derrière son bar en regardant ses jeunes clients. On se dit que ça n’arrive qu’aux autres” Mais Brive reste une fête. Vers 22h, les traditionnelles lumières blanches de la brasserie s’éteignent et les néons roses s’allument au Café de Paris. Que la fête commence. La musique est plus forte, deux DJ sont installés dans un coin du bar et font monter progressivement la température de la salle. Dehors, la pluie de l’après-midi a cessé pour laisser place à une nuit fraîche et humide. Les doudounes sont de sortie. Mais cela ne les empêche pas de se préparer. Ongles peints, cils recourbés et coiffés, Ambre, Jeanne, Kenza, 21 ans, bien décidées à passer une bonne nuit, se sont mises à boire en terrasse. Kenza, Ambre et Jeanne buvant des cocktails au Café de Paris, rue de Paris à Brive-la-Gailarde – 20 minutes Ce soir ils essaieront de rentrer dans “Cardi”, mais il leur arrive, surtout le jeudi, d’aller à la Charrette. Et si l’histoire de Justine les a choqués, cela ne les a pas empêchés de baisser les bras. Ils confirment qu’avant même le drame, ils étaient déjà prudents : “Ça n’a jamais été notre délire de partir chacun de notre côté, on rentre tous ensemble, mais quand il y a quelqu’un qui part il envoie un message et on se repère”, raconte Kenza. En revanche, “on ne fait pas attention aux lunettes, avoue Ambre. On n’y pense pas, on se dit que ça n’arrive qu’aux autres et c’est une petite ville donc tout le monde se connaît, on se dit que ça ne va pas nous arriver. »

“On devrait être à La Charrette”

Pour une fois, Ludivine, 22 ans, et Soline, 19 ans, font beaucoup plus attention à leur verre. “Il faut tout le temps le mettre entre les mains”, explique Ludivine sur le toit de Sweet, quand Solin avoue avoir repris son “gaz lacrymogène” après le drame. Ils ont été particulièrement touchés par ce qui s’est passé, car “généralement”, leur soirée “se termine à La Charrette”. “Nous essayons généralement d’y aller quand il ouvre car il y a trop de monde et nous ne pouvons pas entrer”, explique Soline. Mais pour eux, La Charrette était terminée depuis un certain temps, « peut-être plusieurs mois » et « entièrement à cause de ce qui s’est passé ». “On va attendre un peu et c’est bien d’avoir des petites fêtes à la maison de temps en temps. On y retournera tranquillement », précise Ludivine. Ils ne sont pas particulièrement pressés, il faut dire qu’ils sortent généralement une fois par mois, ils peuvent s’en passer un peu plus longtemps. Cela aurait pu nous arriver” Tout comme Romane et Lise assises à la table voisine “chiling à La Charrette”. Mais leur cas est plus particulier. Romane, 21 ans, connaît le suspect qui a été inculpé de meurtre, d’enlèvement et de viol et a été placé en garde à vue. “C’est un ami à moi, nous avons eu un groupe d’amis et nous sommes un peu choqués”, dit-elle. “Je ne l’ai pas vu faire ça, on l’avait vu la semaine d’avant samedi soir [du drame], on s’est dit que ça aurait pu nous arriver sachant que ce soir-là, en gros, on aurait dû être à La Charrette », ajoute-t-il. Et aujourd’hui, encore plus qu’avant, elle accorde plus d’attention à ses “amis”, “parce que je sais à quel point ils peuvent être ivres”. Quant à Lise, elle était en classe d’aide-soignante avec la victime, même si elle ne connaissait pas vraiment Justine. Tous deux ont le même âge, fréquentent la même boîte et les mêmes personnes. Alors forcément, “ça va être différent de retourner à la Charrette, quelque chose va changer”, souffle Romane. Ces Sweet Customers ne resteront pas trop tard. À 23h00, ils ont fini leurs boissons et rentrent chez eux en toute sécurité.

“Ma mère m’a dit de ne plus aller à Charrette”

Mais la fête continue rue de Paris. Moins que d’habitude ce soir-là. “On ne fait pas le plein”, assure Alex, le barman. Il y a du monde, mais on peut quand même se déplacer dans le bar où les corps tremblent au son de grosses basses très fluides, comme celles d’un remix de Temperature de Sean Paul. Enfin, la population est de moins en moins jeune au Café de Paris. La moyenne d’âge a augmenté et on passe même d’Abba. Nos parents sont beaucoup plus inquiets qu’avant” Alex n’explique pas que le bar est moins fréquenté que d’habitude et ne fait surtout pas le lien avec le meurtre de Justine. Il regrette aussi un certain « brassage » qui s’est opéré entre le drame et la boîte de nuit. “C’est arrivé dehors”, se souvient-il. Cependant, les parents ne font aucune différence. Beaucoup plus anxieux, ils ont tous demandé à leurs enfants de les tenir informés de leur soirée, offrant leur service pour ramener la progéniture à la maison. “Ma mère m’a dit de ne plus aller à Charrette”, avoue Romane. « Ma mère ne veut pas que je sorte à la Charrette », « moi non plus », ajoutèrent Ambre et Jeanne. « Je dois faire attention, envoyer des textos tout le temps, ne rentrer chez personne avec personne, abonde Kenza. Et ils en parlent tout le temps. Ils nous l’ont dit avant mais c’est un pas en avant.” “Nos parents sont beaucoup plus inquiets qu’avant. On envoie un message quand on part, quand on revient, si ça se passe bien, on vous fait savoir où on en est », insiste Ludivine. A deux heures du matin la musique tombait dans les trois bars de la rue principale. Les tables et les chaises sur les toits sont de retour et quelques jeunes ivres traînent encore sur le trottoir, s’accrochant à leurs dernières minutes de liberté avant d’entrer. Certains sont sortis en voiture pour tenter leur chance chez “Cardi” malgré le fait que la soirée ait été plus exclusive que d’habitude en raison des écrivains célèbres qui prévoyaient de s’y rendre après leur journée de signature. En tout cas, ce soir, peu de ces jeunes fêtards pourront continuer la soirée, car la Charrette est fermée.