Onze choses que vous ignorez peut-être sur Twitter Le milliardaire libertaire tient particulièrement à desserrer les contraintes de contenus : “L’oiseau est libre”, s’est-il félicité jeudi soir pour fêter le rachat du réseau social. Ce qui inquiète les travailleurs, de nombreux usagers et ONG, qui font plutôt appel aux réseaux sociaux pour mieux lutter contre les abus, le harcèlement et la désinformation. Twitter, qui comptait 238 millions d’utilisateurs quotidiens dits “actifs” à fin juin, attire certes une audience moins importante qu’un géant comme Facebook, mais de nombreux décideurs politiques, entreprises et médias. “Twitter est désormais entre de bonnes mains et ne sera plus dirigé par des fous radicaux de gauche qui détestent vraiment notre pays”, a déclaré l’ancien président américain Donald Trump, dont le compte a été suspendu. L’ancien président russe Dmitri Medvedev a pour sa part souhaité “bonne chance” à Elon Musk pour “vaincre les préjugés politiques et la dictature idéologique”. Cette acquisition est également surveillée de près par l’Union européenne et le réseau social devra se conformer à de nouvelles réglementations sur les grandes plateformes, a déjà prévenu le commissaire européen Thierry Breton. À partir de 2024, le règlement sur les services numériques exigera la suppression rapide de tout contenu illégal (conformément au droit national et européen) dès qu’une plateforme en aura connaissance. Elle obligera les réseaux sociaux à suspendre les utilisateurs qui enfreignent “fréquemment” la loi. Les très grandes plateformes, dont Twitter, devront faire preuve d’une transparence accrue dans les algorithmes qu’elles utilisent et seront auditées une fois par an par des organismes indépendants. Vendredi, Elon Musk a annoncé son intention de doter la plateforme d’un “tableau de modération de contenu aux vues très diverses”. “Aucune décision majeure de contenu ou de réactivation de compte ne sera prise sans l’implication du conseil d’administration.” Elon Musk, propriétaire de Twitter sur Twitter Cela ne suffit pas à rassurer les annonceurs, même si la plateforme peine encore à générer des profits. Le géant américain de l’agroalimentaire General Mills (Cheerios, Häagen-Dazs, etc.) a suspendu ses dépenses publicitaires sur Twitter. “Nous continuerons de surveiller les développements et d’évaluer nos dépenses marketing”, a déclaré la porte-parole Kelsey Roemhildt. Auparavant, le constructeur automobile General Motors avait décidé de cesser temporairement de payer pour les publicités sur Twitter. Et Mondelez International, Pfizer et Audi (Volkswagen) ont pris des décisions similaires. Les annonceurs, qui représentent 90 % des revenus de la plateforme, craignent que l’assouplissement des règles de modération ne la rende peu accueillante. Et ils craignent d’être liés à des contenus non consensuels. Elon Musk a tenté de les rassurer, promettant que Twitter ne deviendrait pas un “enfer où tout peut être dit sans conséquence”. Dimanche dernier, cependant, il a diffusé une théorie du complot sur l’attaque contre le mari de la élue démocrate Nancy Pelosi. Avant de changer d’avis et de supprimer son message. Twitter a “déjà eu un comité de ce type dans le passé, comme d’autres réseaux sociaux. Ça ne mène jamais à grand-chose”, a déclaré à l’AFP Rebecca Tromble, professeur à l’université George Washington. Les entreprises technologiques ont également mis au point des algorithmes sophistiqués pour filtrer les contenus problématiques, “mais dans la pratique, la modération est effectuée manuellement par des dizaines de milliers de personnes bien rémunérées”, ajoute-t-il. Elon Musk compte par ailleurs revoir les règles d’authentification. Les ingénieurs de Twitter ont commencé à travailler au cours du week-end pour réorganiser le système d’abonnement et de vérification des comptes. Le milliardaire a ensuite dévoilé un projet d’abonnement à 8 dollars par mois – un montant qui sera ajusté par pays – pour les utilisateurs désireux d’afficher le “badge bleu” qui authentifie leurs comptes. Ce forfait vous permettra également de publier des vidéos et des messages plus longs et d’être moins exposé aux publicités. Fly moi toute la journée, mais ça coûtera 8 $ – Elon Musk (@elonmusk) 5 novembre 2022 Car pour financer le rachat de Twitter, le tempétueux milliardaire a dû contracter 13 milliards de dollars d’emprunts, que l’entreprise devra rembourser, pas le patron de Tesla. Il a également vendu environ 15,5 milliards de dollars de ses actions dans le constructeur de voitures électriques en deux vagues, en avril et en août, et a garanti 12,5 milliards de dollars de prêts sur ses avoirs Tesla. Dans ce contexte sensible, Twitter a décidé de licencier environ la moitié de ses employés dans le monde, expliquant dans un mail que le but de cette décision était “d’améliorer la santé de l’entreprise”. Le réseau social a également annoncé la fermeture temporaire de ses bureaux afin “d’assurer la sécurité de chaque employé ainsi que celle des systèmes et des données de Twitter”. Elon Musk a déclaré “malheureusement, il n’y a pas d’autre choix lorsque l’entreprise perd plus de 4 millions de dollars par jour” et a promis trois mois d’indemnisation aux employés concernés. Un collectif de près de 50 associations démocrates et anti-désinformation a envoyé une lettre ouverte aux 20 plus grands annonceurs sur Twitter, dont Coca-Cola, Google et Disney, les appelant à menacer Elon Musk d’un arrêt de toute publicité s’il continue. avec son projet. “pour saper la sécurité de la marque et les normes communautaires, notamment en supprimant la modération du contenu.” Cela ne devrait pas empêcher Elon Musk de continuer à changer la culture d’entreprise à un rythme forcé, les développeurs de Tesla étant invités à évaluer le travail des employés de Twitter. “Nous assistons à la destruction en temps réel d’un des systèmes de communication les plus puissants au monde”, a rétorqué Nicole Gill, co-fondatrice d’Accountable Tech, l’une des ONG qui a rédigé la lettre ouverte. “Elon Musk est un milliardaire imprévisible et incohérent, il représente un risque pour cette plateforme qu’il n’est pas qualifié pour diriger.”