En 2021, 12 millions de Français en France métropolitaine recevaient de l’eau du robinet “qui ne répondait pas aux critères de qualité, régulièrement ou occasionnellement”, selon les données compilées par Le Monde et France 2. En l’occurrence, des niveaux de pesticides au-dessus des seuils d’alerte dans certaines communes , surtout les plus ruraux. L’Occitanie, comme toutes les régions, est préoccupante, même si elle fait partie des bons élèves avec seulement 5,1 % de « non-conformité ». Le 10 juin dans la commune de Lauroux, près de Lodève, des résidus d’Anthraquinone – un dérivé chimique des hydrocarbures utilisé comme substance active dans de nombreux produits phytosanitaires – ont été découverts dans l’eau du robinet à raison de 0,57 µg/L. A une centaine de kilomètres de là, à Meynes dans le Gard, se trouve le Déséthyl-Terbumeton, un herbicide utilisé en viticulture, qui a dépassé trois fois la limite de conformité en juillet.
Quel impact sur la santé des Français ?
Doit-on s’inquiéter de ces dérives ? Les limites fixées par les autorités sanitaires et rapportées par nos confrères sont liées à la qualité de l’eau. Mais une mention de « non-conformité aux exigences de qualité » ne signifie pas systématiquement un risque pour le consommateur. Le seuil critique est défini par la “valeur sanitaire maximale” et son dépassement entraîne une alerte aux consommateurs des communes concernées. Les autorités sanitaires ne disposent pas d’études et de données pour fixer des limites d’alarme Julie Mendret, docteure en génie des procédés environnementaux à l’Université de Montpellier. Docteur Le problème, c’est que certaines molécules n’ont pas de “valeur santé maximale”, explique Julie Mendret, docteure en génie des procédés environnementaux à l’université de Montpellier. “Les autorités sanitaires ne disposent pas d’études et de données pour fixer des seuils d’alerte pour certains métabolites issus des pesticides. Dans ce cas, c’est l’ARS qui doit décider, au cas par cas, de boire ou non l’eau du robinet si le seuil de non-conformité ». L’impact sanitaire de ces résidus de pesticides est encore mal connu. “Les effets à long terme d’une exposition à de faibles doses sont difficiles à évaluer”, indique le ministère de la Santé sur sa page consacrée à la qualité de l’eau potable en France. Mais le chercheur concerné : “La concentration de ces résidus dans l’eau du robinet est disproportionnée par rapport aux niveaux trouvés directement dans les aliments non bio.”
Des solutions, mais à un prix
Comment éviter que ces résidus de pesticides se retrouvent dans l’eau du robinet, sachant que des analyses ont révélé la présence de substances phytosanitaires interdites depuis plusieurs années ? Pour Julie Mendret, qui travaille dans les systèmes de filtration, il faut avant tout agir sur la cause du problème. “Plus on réduira les apports au sol, moins il y aura de résidus de pesticides à traiter en bout de chaîne”, rappelle le chercheur.
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“Nous devrons alors adapter nos unités de traitement en ajoutant un système de filtration à membrane ou à charbon actif qui pourra éliminer ces résidus.” Mais ces systèmes nécessitent beaucoup de travail sur l’infrastructure existante et sont parfois très énergivores. Que proposent-ils, s’ils sont mis en œuvre, pour augmenter le prix de l’eau potable.