Posté à 5h00
                Philippe Teisceira-Lessard La Presse             

Le 11 avril 2021, le maire proposait à la population de Montréal un plan de 500 jours pour redonner de l’élan à la métropole. Durant cette période, nous devions entre autres « démarrer la construction de la ligne bleue », présenter « le projet de tramway à Lachine » ou « réécrire ensemble le nouveau plan d’urbanisme et de mobilité de Montréal ». Mme Plante avait prononcé son discours lors d’une conférence de Projet Montréal. Depuis le début de l’automne, les 500 jours mentionnés par Mme Plante se sont écoulés.

En avril 2021, Valérie Plante déclarait que dans 500 jours Montréal sera…

PHOTO PAR MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE La mairesse Valérie Plante dévoile les mesures mises en place pour rouvrir Montréal en avril 2021

“Réécrire le nouveau plan d’urbanisme et de mobilité” “lancer la construction de la ligne bleue et du REM de l’Est” ” présenter […] le projet de tramway à Lakhini » “démarrer le plus grand chantier de construction domiciliaire en 50 ans” dans les Blue Bonnets, Lachine-Est et Montréal-Est “Relancer le tourisme” “Commencer à construire un réseau de parcs” “Retour au niveau de croissance du PIB et de l’emploi que nous avions avant la pandémie” “faire revivre notre vie culturelle”

Observateurs et protagonistes du monde municipal estiment désormais que le maire a en partie péché par excès d’optimisme en multipliant les engagements. Ils s’entendent cependant pour dire que dans l’ensemble, le renouveau montréalais se passe plutôt bien. L’administration Plante affirme avoir travaillé sur chacun de ces dossiers au cours de la dernière année et demie. Mais les projets évoqués (ligne bleue, REM Est, logements) sont apparemment plus compliqués à démarrer que ne le laissait entendre le maire. Le plan était “ambitieux”, mais pas trop ambitieux, a assuré la direction.

« Une perspective un peu rose »

Michel Leblanc, grand patron de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), estime que « d’un point de vue général, la relance de la métropole est très réussie ». Mais dans les engagements pris par Valérie Plante sur le plan de relance de 500 jours, “certains éléments ont été retardés, certains éléments n’ont pas encore été élaborés et c’est très important pour pérenniser la reprise”. M. LeBlancs met davantage l’accent sur d’autres engagements : le renouveau culturel est bien amorcé, dit-il, et la construction de la ligne bleue est imminente. “Quand on regarde cette liste, il y a certainement des formulations trop optimistes”, estime Christian Savard, de l’organisme Vivre en ville. Par exemple, “c’était trop optimiste de dire qu’on aurait un plan d’urbanisme en main” après 500 jours. Sa déposition est finalement prévue pour 2024. Selon lui, le milieu communautaire – proche des valeurs de Projet Montréal – a été déçu par les premiers mois du nouveau mandat. “Nous nous attendions à un bon départ qui ne s’est pas concrétisé au premier semestre”, a-t-il déclaré. “Mais là, depuis deux ou trois mois, il a été remplacé”, a-t-il ajouté, citant le développement du réseau cyclable, ainsi que le développement immobilier de l’hippodrome. La professeure de l’UQAM Danielle Pilette et l’ancienne élue municipale Justine McIntyre, deux observatrices aguerries de la scène politique montréalaise, estiment également que le plan de Valérie Plante était trop ambitieux. “Ces engagements reflètent l’optimisme que nous avions au printemps 2021 concernant la COVID-19 et la reprise”, a déclaré Mme Pilette en entrevue téléphonique. Il estime que certains objectifs se perdent complètement (comme le tram à Lacin) alors que “les choses avancent” sur d’autres engagements. Le discours de Mme Plante visait à « présenter une vision un peu rose de l’avenir de Montréal, mais il manquait un peu de réalisme. […] C’est le risque de se projeter dans une période d’instabilité dans le futur.”

“Tout est en cours”

Luc Rabouin, maire du Plateau-Mont-Royal et responsable du développement économique de Valérie Plante, a soutenu que la relance de Montréal « se passe très bien, au-delà de nos espérances ». « Au début de la pandémie, Montréal était l’épicentre de la pandémie et tous les acteurs – dont nous, à la Ville – avaient peur que cela nous colle à la peau », a déclaré l’élu. Les secteurs de la technologie et de l’hôtellerie se portent particulièrement bien, a-t-il déclaré. Le commerce de détail et les restaurants ont encore du chemin à faire pour retrouver leur niveau d’activité d’avant la pandémie. M. Rabouin a défendu point par point le discours du maire, soulignant les progrès réalisés par son administration dans chacun de ces domaines et faisant écho aux propos de Mme Plante. “Réécrire le nouveau plan d’urbanisme et de mobilité” en 500 jours ne signifie pas forcément que le document sera finalisé, a-t-il précisé. « La feuille de route présentée par Mme Plante était ambitieuse, telle quelle. Elle est ambitieuse pour Montréal, dit-elle. Bien sûr, nous n’avons pas tout finalisé, nous avons accompli tout ce que nous avons annoncé, mais c’est un travail en cours. Les choses sont en route. [En avril 2021], il fallait avoir une impulsion, une direction. »