Au soir du 3 octobre, si la chef libérale a la moindre chance, grâce au vote anglophone et non anglophone, elle aura tout de même réussi à conserver le statut d’opposition officielle pour son parti. C’est à faire.
Outre sa détermination et son courage, applaudis à juste titre par tous, le fait est que les libéraux souffrent douloureusement.
Combien lui reprocheront de ne pas avoir relancé leur parti ? Pour la désorganisation désordonnée de la campagne ? Pour son incohérence à plusieurs reprises ?
Surtout pour la loi 96 du gouvernement Legault. Mme Anglade aura changé d’avis si souvent que les francophones ont perdu leur latin tandis que sa base anglaise a chuté.
C’est. Toujours est-il qu’au département des “sauveurs” des partis en péril, après la défaite historique du PLQ en 2018 sous Philippe Couillard, personne d’envergure n’avait couru à la porte pour le sauver.
En mai 2020, Dominique Anglade, ancienne présidente de la CAQ passée au PLQ en 2015, s’est ainsi retrouvée chef. Il n’est pas élu par les membres, mais nommé par acclamation. Une couronne déjà fragile.
L’héritage empoisonné de l’ère Couillard
À sa décharge, l’héritage politique empoisonné de Philippe Couillard, premier ministre de 2014 à 2018, avait également pesé lourdement sur le PLQ. Sous son règne, le parti Lesage et Bourassa perd son identité politique.
Il s’est dissous impitoyablement dans une austérité impitoyable, des réformes de santé débilitantes et un antinationalisme primitif. Comment s’étonner de voir 90% de l’électorat francophone lui tourner le dos depuis ?
Le purgatoire du PLQ s’est vite transformé en vide, voire en sable mouvant. L’arrivée de Dominique Anglade n’aura rien changé. Quoi qu’il arrive dans la nuit du 3 octobre, le chef libéral n’aura d’autre choix que de démissionner. Bientôt ou éventuellement.
Non car il n’aura pas pu ressusciter le PLQ avec sa base francophone partie ailleurs. Après la terre brûlée du tandem Couillard-Barrette et avant l’intense popularité de la CAQ et de François Legault, dans les miracles, après tout, personne ne s’engage.
Donnez-lui une chance
Si elle doit partir, ce sera pour donner à son parti une vraie chance de renaître. Aucune garantie, mais il lui devra au moins ça.
Le PLQ est en effet condamné à devoir « se réinventer » sans se dénaturer. D’abord, se donner une vision plus adaptée à la fin de l’axe fédéraliste-dominant dont il jouit depuis la création du PQ en 1968.
Fondé en 1867, le PLQ a néanmoins pu exister et gouverner bien avant l’arrivée du Parti québécois. S’il se reconstruit avec patience, il pourra espérer revivre un jour sans son “fantôme” favori du référendum.
Son prochain chef bénéficierait également d’un avantage non négligeable qui manquait inévitablement à Mme Anglade. Dans leur deuxième mandat, la CAQ et François Legault pourraient entrer dans des temps politiques plus dangereux.
Car s’il est facile cette fois de prédire quel parti remportera l’élection, devinettes très astucieuses pour celle de 2026.