A 61 ans, c’est un homme sans casier judiciaire, habitant Pont-sur-Sambre, près de Maubeuge, qui comparaîtra vendredi devant la cour d’assises nord de Douai. L’homme surnommé “le violeur de Sambre” par la police a été inculpé de viol par arme à feu, d’agression sexuelle et de tentative de meurtre sur 56 victimes civiles. Trois d’entre eux sont morts.
“Ils n’ont jamais été vus ni reconnus” par ses victimes
Il s’agit donc d’un procès extraordinaire qui se tiendra pendant seize jours, jusqu’au 1er juillet. “Il n’y a pas de profil de victime standard”, a déclaré Me Fanny Bruyerre, qui assiste neuf victimes âgées de 13 à 45 ans au moment des faits. En revanche, le mode de fonctionnement semblait assez bien rodé. L’attaque a eu lieu tôt le matin, probablement en automne ou en hiver, profitant de l’obscurité. “L’agresseur venait de dos, saisissant sa victime par le cou parfois à l’aide d’un cordon ou d’un foulard. Dès que l’opération a eu lieu, il s’est enfui après avoir demandé à sa victime de compter avant de pouvoir revenir. “Par conséquent, il n’a jamais été vu ni reconnu”, a déclaré Me Bruyerre. Et le nombre de morts ne cesse d’augmenter depuis trente ans. Comment le suspect a-t-il pu passer si longtemps entre les mailles du filet ? L’avocat expose un dossier. “Des plaintes ont été déposées auprès de plusieurs petits commissariats de l’Avesnois”, a-t-il expliqué. Il a fallu du temps pour que tous les faits se croisent. Ainsi, l’information judiciaire n’a été ouverte qu’en décembre 1996, près de huit ans après la première tentative de viol. Mais le principal enjeu de cette épreuve sera-t-il de comprendre ce qui a poussé ce pacifique technicien de maintenance, qui a investi dans un club de foot local et fait bonne figure, à passer à l’action ?
Traces ADN en France et en Belgique
“Il a reconnu la plupart des faits qui lui sont reprochés”, a déclaré l’avocate de Me, Margaux Mathieu. Il est conscient de la gravité de ses actes et ressent une forte culpabilité. Il a la volonté d’apporter les réponses pour comprendre les motifs inconscients de ces actes et d’expliquer la coexistence des deux aspects opposés de sa personnalité. Selon son avocat, l’accusé « pensait être suivi par un psychologue, mais il ne l’a jamais fait ». Et puis un jour, le 5 février 2018, une jeune fille de 17 ans a été retenue sous le couteau et agressée sexuellement à Erquelinnes, en Belgique. La vidéosurveillance révèle un homme dans un véhicule qui était garé au moment de l’incident, près du lieu de l’attaque. La police belge enquête également sur la même personne qui a laissé des traces ADN dans plusieurs affaires. Il transmet l’information à son homologue français. L’enquête permet l’arrestation d’un suspect trois semaines après l’attentat. Son analyse ADN correspond parfaitement au génotype trouvé dans de nombreux autres cas.
Victimes sans suivi psychologique
Selon l’avocat de Dino Scala, cette arrestation est un “acte perdu”. “Lorsqu’il est arrêté, il remercie la police”, a déclaré Me Mathieu. Six ans après la dernière tentative d’attentat, il récidive en se garant pour la première fois tout près de l’usine où il travaille et où il sait qu’il y a une caméra. Il essaie clairement de tout arrêter. » Le tribunal correctionnel reviendra sur l’analyse de sa personnalité qui s’est construite dans un contexte incestueux. Car depuis trente ans, ces blessures d’enfance de Dino Skala en ont créé d’autres. “Ils ont quand même des conséquences graves”, précise Me Bruyerre. L’impact psychologique existe encore aujourd’hui et, à l’approche du test, tout revient à la surface. Tout le monde ne témoignera pas. » Combien plus, selon elle, “quand ils portaient plainte, alors, les policiers n’étaient pas forcément très affectueux avec eux”, se souvient Me Bruyerre. “L’accueil des victimes n’a pas été le même. “C’était un sujet tabou dans les cercles familiaux et ils ne bénéficiaient d’aucun suivi psychologique.” Le plus jeune, qui a été violé à l’âge de 13 ans, lui a avoué : “Je préférerais mourir”.