De cette façon, a-t-il dit, les patients peuvent ensuite être mieux redirigés vers les services appropriés si nécessaire. « Une personne sur deux qui se rend aux urgences aurait pu aller ailleurs. » — Citation de Christian Dubé, ministre de la Santé du Québec Selon M. Dubé, environ 350 000 Québécois se retrouvent aux urgences chaque mois. Le ministre de la Santé souhaitait également que davantage de rendez-vous soient offerts aux groupes de médecine de famille, ainsi qu’aux cliniques pédiatriques. Il a ensuite annoncé que Québec envisageait d’ouvrir, d’ici quelques semaines, deux cliniques dirigées par des infirmières spécialisées. ceux-ci seront installés sur le territoire du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, ainsi que dans la région Centre-Sud. Enfin, le gouvernement Legault veut libérer 1 700 lits en CHSLD, en cliniques de réadaptation ou encore en ressources intermédiaires, pour permettre aux nombreux patients en attente de sortir des hôpitaux. Or, selon Christian Dubé, 58 % de ces lits supplémentaires seront installés dans les prochains jours. Entrevue avec le ministre de la Santé, Christian Dubé
Cellule de crise du gouvernement
Le ministre Dubé a annoncé la semaine dernière la création d’un noyau pour surmonter la crise dans les situations d’urgence. Des fonctionnaires du ministère de la Santé et des Services sociaux et des PDG d’établissements du Grand Montréal participent à ce comité, qui s’est réuni pour la première fois jeudi dernier. Parmi les membres de ce groupe figurent le Dr. Mauril Gaudreault, président du Collège des médecins. Dr. Shannon Fraser, directrice médicale du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal. Delphine Alberto, infirmière en chef des urgences à l’hôpital Santa Cabrini. Dr. Pierre Gfeller, président-directeur général du Centre universitaire de santé McGill. et Dr. Lucie Opatrny, sous-secrétaire adjointe au ministère de la Santé. Le Ministre a précisé que la composition et le périmètre de cette cellule évolueront dans les semaines et mois à venir. Appel au réveil des responsables des urgences du Québec ce matin. Selon eux, le “point de rupture” a été atteint. La situation est particulièrement critique dans le Grand Montréal. Un reportage de Davide Gentile.
La mission principale est sacrifiée, selon les responsables
Après un premier appel lancé en juin dernier, les chefs des urgences du Québec sont revenus à la charge plus tôt mardi : il faut mieux répartir les ressources hospitalières pour faire face à la surpopulation des urgences, disent-ils dans une lettre aux PDG des établissements de santé du Québec et, enfin, à ministre Dubé. Faute de quoi, disent ces responsables, les services d’urgence ne pourront plus remplir leur mission première, qui est de traiter rapidement les personnes dont les conditions cliniques sont instables, voire mortelles. Ces chefs d’urgence, réunis au sein du Regroupement des chefs d’urgence du Québec, soutiennent également que l’engorgement actuel des salles d’urgence du Québec cause un manquement à la sécurité de la population, compromet l’accès aux civières d’urgence pour les patients les plus malades, compromet davantage la qualité de soins pour les patients déjà aux urgences. Lors d’une visite à Tout un matin, à ICI Première, Dr. Judy Morris, présidente de l’Association des médecins d’urgence du Québec, a rappelé que le taux d’occupation des urgences demeure supérieur à 100 % et qu’il est élevé depuis le printemps dernier. “Auparavant, nous avions l’habitude de voir des pics, mais maintenant cela s’est maintenu. » — Une citation du Dr. Judy Morris, présidente de l’Association des médecins d’urgence du Québec Selon le Dr Morris, une grande partie de la surpopulation dans les salles d’urgence est attribuée au manque de lits disponibles, dans les différents services de l’hôpital ou du côté des soins de longue durée. Cela entraîne toutes sortes de retards dans les soins et les traitements, a-t-il ajouté. Or, selon la lettre, non seulement la surpopulation hospitalière interfère avec les soins offerts aux patients qui en ont le plus besoin, mais cette situation entraîne des conditions physiques et psychologiques hostiles pour le personnel hospitalier. Les équipes d’urgence finissent par souffrir de douleur morale et d’angoisse, en plus d’un sentiment général d’impuissance. Selon le Dr Morris, la situation est telle que, depuis plusieurs mois, environ 13 ou 14 % des patients hospitalisés n’ont plus besoin de leur lit, mais attendent des soins de longue durée qui ne sont pas immédiatement accessibles. Le constat est le même, que ce soit les auteurs de la mission ou le Dr. Morris : avec les fermetures de lits dans les unités spécialisées et dans les soins de longue durée en raison du manque de ressources, un effet domino se produit, aboutissant à ce que les urgences soient dotées en personnel bien au-delà de leur capacité. Y compris, dans certains cas, non seulement des civières dans les couloirs, mais aussi des patients alités dans la salle d’attente.
Quelles solutions ?
Dans leur lettre, les chefs des urgences soutiennent notamment que les pénuries de personnel ne devraient plus être un motif pour fermer des lits dans les unités de soins infirmiers ou du côté des soins de longue durée. Les signataires demandent également qu’il soit mis fin à la pratique consistant à détourner les ambulances vers les salles d’urgence des hôpitaux moins fréquentés, ce qui, selon eux, entraîne des problèmes de surcapacité dans ces mêmes hôpitaux. Enfin, nous proposons également, entre autres mesures, la mise en place d’un programme d’information du public afin d’informer la population sur la capacité réelle d’urgence d’un territoire et de façonner les attentes des usagers. Ces exigences sont très similaires à celles énoncées en juin dernier, où elle recommandait également l’utilisation d’unités de chirurgie d’un jour, de salles de réveil et de cliniques externes pour héberger les patients débordés ou en attente d’un lit sur les étages des hôpitaux. Ces mêmes solutions proposées ont également l’aval de l’Association des infirmières et infirmiers d’urgence du Québec et de son président Guillaume Fontaine. Ce dernier rappelle que la gestion des risques et des problèmes se concentre généralement sur les situations d’urgence. C’est un peu gênant, dit-il. M. Fontaine, quant à lui, a déploré la perte d’expertise avec le départ des infirmières et des secouristes. Il faut trois ans pour former un infirmier aussi compétent, se souvient-il, depuis son arrivée aux urgences.