Christiane Amanpour, journaliste vedette de CNN, devait interviewer le président iranien Raisi à New York. Mais lorsque l’entourage du président a demandé à Amanpour de porter le voile, le hijab, elle a refusé. L’entretien a été annulé. L’image de Christiane Amanpour, les cheveux lâchés, assise devant une chaise vide, est un doigt d’honneur géant pour le régime patriarcal iranien. Amusement ! C’est tellement agréable de voir une femme occidentale tenir tête aux chefs religieux. NOUS SOMMES MACHSA Depuis que la police des mœurs a arrêté une jeune fille de 22 ans, Mahsa Amini, en Iran pour ne pas porter correctement son voile, et depuis qu’Amini est morte en prison, l’Iran est en hausse. Partout dans le pays, des femmes courageuses retirent leurs voiles, les brûlent et défient les autorités. Une image plus que toute autre symbolise cette rébellion. On y voit une femme tenant d’une main son voile brûlant et de l’autre une pierre qu’elle s’apprête à lancer sur ses oppresseurs. Quel courage ! Pour moi, cette image est aussi puissante, aussi symbolique que celle du jeune chinois face aux chars de la place Tiananmen en 1989. Une personne, seule face à l’oppresseur, debout avec sa détermination et son courage comme seule défense. Savez-vous ce qu’Amanpour a répondu à l’associée du président iranien qui lui a demandé de porter le voile ? “Nous sommes à New York, où il n’y a ni loi ni tradition sur le port du foulard. J’ai souligné qu’aucun président iranien précédent n’avait exigé cela lorsque je l’ai interviewé en dehors de l’Iran. » A Rome, on fait comme les Romains. Les femmes journalistes portent le voile lorsqu’elles couvrent l’actualité dans les pays où le port du hijab (ou burqa) est obligatoire. Mais rien ne les oblige à le faire lorsqu’ils sont dans un pays libre. Si Amanpour avait accepté de porter un voile, imaginez-vous le message que cela enverrait aux femmes courageuses qui combattent actuellement en Iran ? Si vous êtes à Téhéran et que vous risquez votre vie en brûlant votre voile, comment accepteriez-vous qu’une femme le porte… devant le chef d’un régime qui a tué Mahsa Amini ? Amanpour elle-même est d’origine britannique et iranienne. Il est certain et certain que les autorités seraient plus qu’heureuses d’afficher l’image d’une femme voilée sur tous les écrans iraniens. Il est certain et certain que le message envoyé aux femmes iraniennes serait : « Pourquoi refusez-vous le voile ici, alors que cette belle journaliste, à des kilomètres d’ici, a gracieusement accepté de le porter ? S’il le fait, vous aussi. » Amanpour a tracé une ligne claire devant un chef religieux. « Vous ne pouvez pas nous commander, les femmes libres de l’Occident. » Le geste d’Amanpour n’est pas simplement un réflexe d’indépendance journalistique. C’est un signe concret de solidarité avec les femmes iraniennes.
Nous n’en attendons pas moins des féministes québécoises.