Regardez le Rolex Paris Masters en direct et en intégralité sur Eurosport ! Et Gilles Simon alors ? Il n’est jamais vraiment entré dans cette conversation. Pensez-y : gagner 14 titres, battre l’ensemble du Big Four, atteindre la 6e place mondiale, disputer le Masters (2008), atteindre deux finales du Masters 1000 (Madrid 2008, Shanghai 2014) ainsi que deux quarts de finale du Grand Chelem ( Open d’Australie 2009, Wimbledon 2015), toujours pas mal et même inattendu pour un joueur dont le microcosme se demandait s’il n’y arriverait qu’un jour. ATPParis Paul rejette un Carreno Busta très rugueux IL Y A 9 HEURES Cette idée qu’il a maximisé son potentiel, “faisc’est quelque chose qu’on a beaucoup dit sur moi mais qui est complètement faux, a-t-il déclaré à Eurosport plus tôt dans la semaine au Rolex Paris Masters, avant d’y aborder son dernier tournoi, avec le beau parcours que nous connaissons. En même temps, les gens me voyaient toujours plus faible que je ne l’étais. Je n’étais déjà pas celui qu’on imaginait même dans le top 100 mondial, encore moins dans le top 50, 20 ou 10. Forcément, quand je suis monté si haut alors qu’on avait déjà du mal à s’imaginer trois niveaux plus bas, c’est une logique conclusion à dire : “Ceci, a profité de son truc à fond”. J’avais juste une image collée à moi, comme les autres. Moi, j’étais coincé avec l’image du mec qui ne serait jamais fort.” “On t’a surnommé ‘CNN’ parce que tu ne la fermes jamais”: “Tsonga et les autres saluent Simon Gilles Simon, c’est vrai, n’a jamais fait beaucoup d’efforts pour afficher des chiffres impressionnants sur un terrain. Son premier ballon était péniblement à plus de 190 km/h, il a dû frapper trois tranches de revers dans sa carrière et il est souvent monté au filet uniquement pour serrer la main de son adversaire. On connaît des arsenaux mieux équipés. Ses propres pouvoirs étaient sombres, invisibles, basés sur l’exploitation optimale des défauts opposés et de la géométrie du champ, une application didactique de la fameuse théorie des angles chère à Henri Cochet, et aussi, cependant, un sens du timing qui n’était pas mis en avant. suffisant. Mais dans l’ensemble, ce n’était pas un spectacle, encore moins un cirque. C’était scientifique. Et la science, surtout, excite les plus « geeks » des initiés. Dès son plus jeune âge, Gilles Simon, en plus de devoir composer avec un physique très faible, a dû composer avec cette idée latente qu’il lui faudrait se battre pour accrocher une petite place au soleil. Dans la représentation collective, il s’agissait toujours de la quatrième roue du carrosse “Grand Français” évoqué plus haut. Lors de sa formation, pareil : s’il a suivi le cursus fédéral complet, il a été in extremis, il s’est fait prendre plusieurs fois par Kolback grâce à des cadres qui (après tout) ont cru en lui et l’ont défendu bec et ongles contre eux, le plus, qui “ferme les yeux” sur l’absence de résultats et sur ce fameux potentiel. Les premiers exploits de Gilles Simon sur le circuit pro, au milieu des années 2000, s’accompagnent aussi d’un autre refrain souvent sifflé à son sujet : il aurait le “melon”, le “boulard”, une arrogance qui dépasse un peu l’entendement. Et il est vrai qu’il affichait une confiance qui semblait inversement proportionnelle aux moyens qu’on lui attribuait. Au fond, le malentendu a sans doute commencé là : Gilles Simon clame ses atouts, lassé d’être sans cesse sous-estimé. A un moment donné, il s’est senti obligé de baisser le volume et de faire taire ses ambitions, peut-être pour ne pas violer l’obligation d’humilité qui sied à tout athlète français auprès de son public. Cependant, lorsqu’il atteint la 6e place mondiale en 2009, “Dans mon esprit, il n’y avait probablement rien qui m’empêchait d’être n ° 1, confiait-il cette semaine à L’Equipe. Cela semble arrogant mais ma logique est toujours la même : ces gars (le grand 3) ce sont des monstres mais je les ai vaincus. Ils sont plus forts mais pas aussi loin. C’est comme ça que je me suis construit. Je dis des choses qui ont du sens pour moi mais pas pour les autres. Répondre à l’univers médiatique et aux attentes du public était difficile pour moi. Cela a créé une déconnexion.” Un Djokovic, un Murray, au fond, ils n’ont rien de plus que lui. Sauf qu’eux, comme Nadal et Federer, ont travaillé très tôt sur la partie mentale. C’est le moins que l’on puisse dire. Gilles Simon numéro 1 mondial en puissance ? Nous trouverions peu d’observateurs d’accord. Sauf pour ceux qui l’ont connu de près. “Bien sûr, Gilles avait tout pour devenir numéro 1 mondial, c’est ce qu’en pense l’entraîneur psychique Ronan Lafaix, qui a travaillé avec lui en 2017 et 2018. Il avait la fougue, les qualités mentales et la soif de progrès que possèdent les plus grands champions. Un Djokovic, un Murray, au fond, ils n’ont rien de plus que lui. Mais eux, comme Nadal et Federer, ont travaillé très tôt le mental, ce qui leur a permis de développer leur jeu. Pas Gilles. Il n’a pas été assez mis au défi lors de sa formation. Puis il est parti seul pour trouver les solutions, mais il était un peu en retard.” Face à Auger-Aliassime, un Simon combatif jusqu’au bout À de nombreuses reprises lors de son dernier tournoi, le joueur a confié que l’une des choses dont il était le plus fier dans sa carrière était d’avoir réussi ce long cheminement intérieur qui lui a permis de savoir lentement gérer les moments de stress qu’ils surgissent inévitablement à le fond d’une carrière. D’autant qu’il s’est rendu compte qu’il ne fallait pas fuir ses peurs, mais déjà commencer à les accueillir et à leur faire confiance, mieux les prendre et les faire disparaître. Il m’a fallu du temps pour comprendre que mes problèmes ne disparaîtraient pas d’eux-mêmes, et miraculeusement. Mais quand on le fait à 26 ans, c’est trop tard… Après tout, dans une logique de transmission, un livre est sorti en 2020 (“le tennis, ce sport qui rend fou”) s’attardant beaucoup sur cette question d’approche mentale, selon le même tort en France. “Je pense que nous sommes trop pris dans une approche basée sur l’envie, la bagarre, a-t-il déclaré jeudi soir après sa défaite face à Félix Auger-Aliassime, qu’il admire justement pour sa facilité à exprimer ses doutes, malgré les éloges qui lui ont été adressés. C’est un peu différent de Nadal ou Djokovic, qui avaient des parcours plus personnels. Pour moi, cela se résume essentiellement à cela. Il m’a fallu du temps pour comprendre que mes problèmes ne disparaîtraient pas d’eux-mêmes, et miraculeusement. Mais quand on le fait à 26 ans, c’est trop tard…” « Il est plus jeune, plus beau, plus fort, plus tout : Simon – Auger-Aliassime, respect mutuel Pour Ronan Lafaix, Simon n’aurait pas dû en venir à développer ce génie tactique qui a fait de lui sa signature. Parce qu’il aurait d’abord dû développer ses propres armes. Mais qu’il a dérivé vers une politique plus ou moins “à court terme”, plus soucieuse de son désir de gagner immédiatement que d’optimiser ses capacités plus tard. “Gilles, ce qu’il voulait, c’était faire des courses, tout le temps. Et surtout, les gagner. Il a développé un jeu à court terme pour gagner et il l’a très bien fait. Mais là, il aurait fallu l’inciter à réfléchir. Il manquait d’ambition dans son jeu et l’a payé plus tard.” Cela a porté ses fruits lorsque la pression du très haut niveau a finalement rattrapé le simple amour du jeu, au point de l’étouffer. Simon s’en est ensuite remis lui-même “manque de distance” qu’il ne lâchera plus pour la suite de sa carrière, l’obligeant à jouer souvent avec le frein à main mal serré, quitte à laisser beaucoup de gomme dans les premiers tours. Enfin, un peu comme Jo-Wilfried Tsonga et Richard Gasquet, c’est peut-être au début de sa carrière qu’il a joué ses matchs les plus détendus. Ensuite, il courait toujours après cette flamme de l’insouciance. Gilles Simon au Master Paris 2022 Crédit : Getty Images Selon son ancien coach Stéphane Robert et gardien de la formation « Be PRO », cette course était perdue d’avance car le temps perdu au départ ne peut plus être rattrapé, surtout à une époque dominée par une telle Formule 1. « Pour gagner, Gilles a développé cette capacité à rentrer dans la tête des autres et à s’oublier un peu là-dedans, alors qu’il peut faire beaucoup de choses sur le terrain. Il a trop accepté pour gagner. C’est bien, mais pas toi. peut développer suffisamment d’estime de soi en jouant comme ça. Les meilleurs forcent toujours leur jeu. Il aimait ça, parce qu’il gagnait. Jusqu’à ce qu’il en ait assez de gagner dans la douleur. D’une certaine manière, Gilles Simon a ainsi fini par atteindre ses fameuses limites. Même si le potentiel, comme le talent, est un concept trop abstrait et impénétrable pour définir précisément son essence. Reste une vérité qui ne lui sera pas enlevée : cartes en main, Gilles Simon aura tout donné sur le court, jusqu’au dernier point. Optimisant un potentiel ou non, il aura au moins essayé d’en extraire…